PROCES DU PEDOPHILE MARC DUTROUX

DEVELLOPEMENT DES TITRES :

jeudi 10 juin 2004, 15h38

Dutroux se pose une dernière fois en victime d'un réseau

Par Yves Clarisse

ARLON, Belgique (Reuters) - Marc Dutroux a tenté une dernière fois jeudi de convaincre les jurés de la Cour d'assises d'Arlon qu'il était innocent des meurtres dont on l'accuse, commis selon lui par un réseau de pédophilie.

Dans une ultime déclaration lue avant que le jury n'entame sa délibération dans une caserne locale placée sous haute surveillance, le pédophile belge s'est livré à une véritable plaidoirie extrêmement détaillée de plus de trois heures.

Ce monologue truffé de numéros de procès verbaux issus d'un dossier de plus 400.000 pages et basé sur les déclarations de quelques-uns des 569 témoins qui ont défilé à la barre n'a toutefois apporté aucun élément neuf par rapport à son intervention du 3 mars, aux premiers jours du procès.

"Je suis ici en toute logique pour être condamné et mes actes fautifs doivent être condamnés," a-t-il déclaré d'une voix assurée en cherchant des yeux Sabine Dardenne et Laetitia Delhez derrière la vitre blindée qui sépare les accusés de la salle.

Les deux survivantes de la cache de Marcinelle, qui ont assisté à tout le procès, se sont désolidarisées: si Sabine a refusé d'écouter à nouveau le plaidoyer pro domo du criminel belge, Laetitia a tenu à l'entendre jusqu'au bout

Dutroux, qui risque les travaux forcés à perpétuité, a fait mine de comprendre le refus de pardonner des deux jeunes filles qu'il admet avoir enlevé, séquestré et violé avant qu'elles soient libérées par la police le 15 août 1996.

"Moi-même, je n'aurais pas envie de pardonner," a-t-il dit en poussant l'audace jusqu'à dire aux pères et aux mères des victimes: "Vous êtes des parents comme j'aurais aimé en avoir."

LES "MENACES DE NIHOUL"

Les aveux de Marc Dutroux ne vont toutefois guère au-delà et il n'entend pas jouer le rôle du "fusible" en acceptant de passer pour un "prédateur isolé", comme le veut l'instruction.

Il s'exonère ainsi des charges les plus graves, les meurtres de Julie, Melissa, An et Eefje, dont les cadavres ont été retrouvées dans son jardin ou sur ses indications à l'été 1996.

L'enlèvement de Julie et Melissa? Ce n'est pas lui, puisqu'il a eu la surprise de les trouver chez lui un jour de juillet 1995, plusieurs semaines après leur enlèvement, en compagnie de deux de ses coaccusés, Michel Nihoul et Michel Lelièvre, et d'un ex-complice, Bernard Weinstein, mort depuis.

Il a alors dû les "cacher" pour les soustraire au "réseau" de Nihoul et les deux petites filles sont mortes de faim alors qu'il purgeait une peine de prison pour une autre affaire parce que son épouse, Michelle Martin, ne les a pas nourries.

S'il reconnaît l'enlèvement d'An et d'Eefje, il affirme que ce sont Lelièvre et Weinstein qui les ont emmenées un jour de septembre 1995 et qu'il n'en a plus entendu parler par la suite.

Qui donc est le responsable de leur mort?

Dutroux cite nommément plusieurs membres de "bandes criminelles" de la région de Charleroi disposant de complicités dans la police et, surtout, accuse Michel Nihoul, un homme d'affaires véreux qui comparaît libre à ses côtés.

Ce dernier aurait menacé sa famille s'il refusait de lui fournir des jeunes filles pour son réseau de pédophilie.

"Je croyais les menaces de plus en plus précises de Nihoul envers ma famille," a déclaré le criminel belge.

La condamnation ou l'acquittement de Nihoul reste donc l'un des derniers enjeux de ce procès, puisqu'il ferait le lien le "réseau" auquel beaucoup de Belges croient, mais dont l'existence n'a pas pu être étayée par des éléments concrets.


DUTROUX ACCUSE SON EX-EPOUSE

Dans un premier temps, a déclaré Marc Dutroux pour expliquer ses déclarations contradictoires, il s'est accusé de certains crimes pour protéger son épouse et ses enfants.

Mais le divorce exigé par Michelle Martin l'a visiblement libéré de ce pacte et il a lourdement chargé son ex-épouse.

Cette dernière est désormais présentée comme la vraie responsable de l'assassinat de son "ami" Bernard Weinstein, alors qu'il avait décrit dans le détail comment il avait enterré vivant ce violeur d'enfants pour le punir de l'avoir "doublé".

Dutroux a également instillé le doute sur la mort de Julie et Mélissa, en insinuant que Martin aurait pu les avoir extraites un certain temps de la cache pour les prêter à un réseau.

"Je t'en conjure, dis la vérité sur ce que tu sais," a-t-il lancé. "Moi aussi, je veux savoir."

Il a terminé son plaidoyer par un appel aux 12 jurés qui rendront un premier verdict sur la culpabilité la semaine prochaine et un second sur les peines la semaine du 21 juin.

"Les victimes ont besoin d'une vraie justice," a-t-il dit sans expliquer s'il souhaitait que le jury refuse de se prononcer, comme sa défense l'avait demandé la semaine dernière avant de renoncer à cette stratégie de rupture.

Nihoul, dont le sort est l'enjeu principal du procès, a réaffirmé son innocence, ses contacts avec Dutroux étant selon lui justifiés par son rôle d'indicateur de la police.

"Je n'ai jamais de ma vie, ni de près, ni de loin, approché un enfant avec des intentions malsaines," a-t-il déclaré.

L'épouse de Marc Dutroux a ensuite brièvement parlé.

"Je ne demande pas votre pardon, je souhaite simplement exprimer mes remords," a-t-elle dit. "L'attitude la plus décente est le silence face à la douleur des victimes."

Douleur totale illustrée par le grand-père de Julie, Raymond Lejeune, qui est sorti déprimé de la Cour d'assises d'Arlon.

"Ce que nous attendions, c'est de savoir qui avait enlevé notre petite fille, mais nous le saurons jamais", a-t-il déclaré à la télévision RTBF.

jeudi 10 juin 2004, 14h01

Procès Dutroux: "je ne suis pas un meurtrier", affirme Marc Dutroux dans sa déclaration finale

BRUXELLES (AP) - "Je ne suis pas un meurtrier": Marc Dutroux, le principal accusé du procès pour pédophilie qui s'est ouvert le 1er mars, a rejeté les principales charges portées à son encontre, dans sa déclaration finale lue jeudi devant la cour d'assises d'Arlon en Belgique, tout en exprimant ses "regrets sincères".

S'adressant aux 12 jurés, Marc Dutroux a exprimé jeudi ses "regrets sincères" pour ce qu'il a fait, mais il n'a pas demandé le pardon des familles des victimes.

"Je ne suis pas un meurtrier", a-t-il également affirmé, tout en admettant qu'il portait la responsabilité pour les quatre victimes qui sont mortes car "il ne les avait pas suffisamment protégées".

Marc Dutroux a reconnu l'enlèvement et les abus sexuels sur deux de ses victimes survivantes, sauvées le 15 août 1996, Sabine Dardenne et Laetitia Delhez.

Mais il a déclaré n'avoir pas tué les deux autres adolescentes, An Marchal et Eefje Lambrecks. Les circonstances de la mort d'An et Eefje n'ont jamais pu être établies avec certitude.

Marc Dutroux a également nié son implication dans l'enlèvement de deux fillettes de huit ans, Julie Lejeune et Melissa Russo, décédées au début de l'année 1996, ainsi que dans le meurtre de l'un de ses complices présumés, Bernard Weinstein.

Les corps de ces cinq victimes ont été découverts enterrés dans des propriétés de Marc Dutroux, en août et septembre 1996, peu après son arrestation.

La longueur des dernières plaidoiries, mercredi, a repoussé la déclaration finale de Marc Dutroux, qui a prévu de prendre la parole durant trois heures pour lire une déclaration de 21 pages. L'un des avocats de la défense, Me Ronny Baudewijn a expliqué que son client allait mettre en cause ses co-accusés dans les crimes qui lui sont reprochés. "Il dira qu'il n'est pas un psychopathe comme ils l'affirment", avait-il déclaré à la sortie de l'audience sur la chaîne VRT, mercredi.

Marc Dutroux et ses trois co-accusés, son ex-femme Michelle Martin, son homme de main Michel Lelièvre et l'homme d'affaires Michel Nihoul, auront le dernier mot avant que les 12 jurés n'entament lundi leurs délibérations au terme d'un procès qui aura duré plus de trois mois.

Les jurés seront isolés le temps qu'ils délibèrent sur les quelque 260 chefs d'accusation retenus à l'encontre des quatre accusés. Le verdict dans cette affaire qui a horrifié la Belgique est attendu vers la mi-juin.

Le procès s'est ouvert le 1er mars devant la cour d'assises d'Arlon, dans le sud-est de la Belgique.

Agé de 47 ans, Marc Dutroux, qui encourt la perpétuité, doit répondre des séquestrations et viols de six jeunes filles dont quatre -Julie, Mélissa, An et Eefje- sont mortes au cours de leur détention. AP

jeudi 10 juin 2004, 10h38

Procès Dutroux: Marc Dutroux entame sa déclaration finale

BRUXELLES (AP) - Marc Dutroux, le principal accusé du procès pour pédophilie qui s'est ouvert le 1er mars a entamé sa déclaration finale jeudi devant la cour d'assises d'Arlon en Belgique.

La longueur des dernières plaidoiries, mercredi, a repoussé cette déclaration finale de Marc Dutroux, qui a prévu de prendre la parole durant trois heures pour lire une déclaration de 21 pages. L'un des avocats de la défense, Me Ronny Baudewijn a expliqué que son client allait mettre en cause ses co-accusés dans les crimes qui lui sont reprochés. "Il dira qu'il n'est pas un psychopathe comme ils l'affirment", avait-il déclaré à la sortie de l'audience sur la chaîne VRT, mercredi.

Marc Dutroux et ses trois co-accusés, son ex-femme Michelle Martin, son homme de main Michel Lelièvre et l'homme d'affaires Michel Nihoul, auront le dernier mot avant que les 12 jurés n'entament lundi leurs délibérations au terme d'un procès qui aura duré plus de trois mois.

Les jurés seront isolés le temps qu'ils délibèrent sur les quelque 260 chefs d'accusation retenus à l'encontre des quatre accusés. Le verdict dans cette affaire qui a horrifié la Belgique est attendu vers la mi-juin.

Le procès s'est ouvert le 1er mars devant la cour d'assises d'Arlon, dans le sud-est de la Belgique.

Agé de 47 ans, Marc Dutroux, qui encourt la perpétuité, doit répondre des séquestrations et viols de six jeunes filles dont quatre -Julie, Mélissa, An et Eefje- sont mortes au cours de leur détention. Il n'a reconnu que l'enlèvement des victimes survivantes, Sabine Dardenne et Laetitia Delhez, et nie être responsable des meurtres de Julie et Mélissa dont on l'accuse. Les circonstances de la mort d'An et Eefje n'ont jamais pu être établies avec certitude.

Les corps des quatre victimes (Julie, Mélissa, An et Eefje) ont été découverts enterrés dans des propriétés de Marc Dutroux, en août et septembre 1996, peu après son arrestation. Sabine et Laetitia ont été sauvées le 15 août 1996.

jeudi 10 juin 2004, 9h38

Procès Dutroux: la parole est au pédophile

ARLON (AFP) - Le pédophile Marc Dutroux, qui doit prendre la parole jeudi matin devant la cour d'assises d'Arlon (sud-est de la Belgique), devrait à nouveau tenter de convaincre les jurés de l'existence d'un réseau pédophile dont lui-même n'était qu'un rouage.

A partir de 09H00, Marc Dutroux devrait notamment évoquer la "bande de Courcelle", une association de malfaiteurs de la région de Charleroi qu'il décrit comme une véritable organisation mafieuse mais qu'un enquêteur avait qualifiée à l'audience de "braqueurs de friteries".

Dutroux devrait également évoquer à nouveau le rôle de "chef de réseau" de l'un de ses co-accusés, l'ex-homme d'affaires Michel Nihoul, qu'il accuse d'avoir commandité les six enlèvements d'enfants dont il est accusé. Enfin, Marc Dutroux devrait évoquer sa "personnalité", décrite par les psychiatres qui l'on examiné comme celle d'un "parfait psychopathe".

Son intervention, la dernière avant le début des délibérations lundi ou mardi prochain, "ne devrait pas dépasser trois heures", a annoncé le pédophile. "Il faut vider votre coeur" pour "présenter enfin aux familles une vérité plausible", lui avait lancé, en début de semaine, Me Luc Savelkoul, l'un des avocats de la famille d'Eefje Lambrecks, une jeune Flamande que Dutroux est accusé d'avoir assassinée.

Après quinze semaines de procès, la thèse d'un Dutroux ayant agi pour le compte d'un réseau pédophile bénéficiant de protections haut-placées n'est plus défendue que par Marc Dutroux lui-même et par sa défense. L'épineuse question de savoir si l'affairiste Michel Nihoul avait participé à l'un des enlèvements attribués à Dutroux divise en revanche encore profondément les parties civiles.

Marc Dutroux encourt la prison à vie pour, entre autres crimes, l'enlèvement, la séquestration et le viol de six fillettes et adolescentes belges entre juin 1995 et août 1996, ainsi que la mort de quatre d'entre elles. Le pédophile est jugé depuis le 1er mars au côté de son ex-épouse Michelle Martin, de son homme de main Michel Lelièvre et de Michel Nihoul, qui nie les charges contre lui. Les interventions des trois co-accusés de Dutroux jeudi ne devraient pas dépasser quelques minutes

mercredi 9 juin 2004, 16h47

Procès Dutroux: plaidoiries des avocats de la défense

BRUXELLES (AP) - Les jurés du procès de Marc Dutroux entendaient mercredi après-midi à Arlon les avocats de la défense, avant une longue déclaration finale du principal accusé qui a prévu de prendre la parole pendant plus de trois heures.

Les interventions de Dutroux et des trois co-accusés -son ex-femme Michelle Martin et deux complices présumés, Michel Lelièvre et Michel Nihoul- pourraient cependant être reportées à jeudi pour permettre aux avocats de terminer leurs plaidoiries.

A l'instar de Me Ronny Boudewinj, représentant Marc Dutroux, ils se sont efforcés de démontrer qu'on "manquait de preuves" pour étayer les accusations d'enlèvement et de meurtres pesant à l'encontre du pédophile présumé. "Mon client n'a pas tué votre fille", a-t-il lancé à Paul Marchal, le père d'une des victimes.

Le procès s'est ouvert le 1er mars devant la cour d'assises d'Arlon, dans le sud-est de la Belgique. Les douze jurés doivent entamer normalement leurs délibérations lundi prochain et le verdict est attendu à la mi-juin.

Agé de 47 ans, Marc Dutroux doit répondre des séquestrations et viols de six jeunes filles dont quatre -Julie, Mélissa, An et Eefje- sont mortes au cours de leur détention. Il n'a reconnu que l'enlèvement des victimes survivantes, Sabine Dardenne et Laetitia Delhez, et nie être responsable des meurtres de Julie et Mélissa dont on l'accuse. Les circonstances de la mort d'An et Eefje n'ont jamais pu être établies avec certitude.

Les corps des quatre victimes (Julie, Mélissa, An et Eefje) ont été découverts enterrés dans des propriétés de Marc Dutroux, en août et septembre 1996, peu après son arrestation. Sabine et Laetitia ont été sauvées le 15 août 1996.

Le principal défenseur de Marc Dutroux, Me Xavier Magnée, a plaidé la semaine dernière pour relancer la thèse du réseau pédophile et dénoncer une "enquête bâclée". Pour la défense, le juge d'instruction Jacques Langlois a négligé des pistes, notamment celle de la "mafia de Charleroi", familière de la prostitution et du trafic de drogue. AP

mercredi 9 juin 2004, 12h34

La défense de Dutroux plaide l'acquittement pour les meurtres

ARLON, Belgique (Reuters) - La défense de Marc Dutroux a plaidé mercredi son acquittement pour les charges les plus lourdes pesant sur le pédophile belge, notamment les meurtres des quatre fillettes retrouvées sur ses indications.

Après avoir soutenu la thèse du réseau dont leur client n'aurait été qu'un rouage, puis exhorté les jurés à refuser de se prononcer avant de retirer cette requête, les avocats de l'homme le plus haï de Belgique ont bâti leur dernière ligne de défense, plus classique, devant la cour d'assises d'Arlon.

Alors que Marc Dutroux devrait prendre une dernière fois la parole jeudi avant que les jurés entrent en délibération, Ronny Baudewyn a achevé la plaidoirie de ses quatre avocats.

"Il y a un manque de preuves," a-t-il expliqué. "Normalement, je dois le dire, il faut l'acquitter."

Il n'a pas cherché à nier les faits pour lesquels les preuves existent et que Marc Dutroux a lui-même avoués.

Sabine Dardenne et Laetitia Delhez, les deux survivantes de la cache de Marcinelle libérées le 15 août 1996, étaient d'ailleurs présentes dans la salle du tribunal de la petite ville d'Arlon, où elles ont décrit ces dernières semaines leurs enlèvements et leurs viols répétés par le criminel belge.

Ronny Baudewyn n'a pas non plus remis en cause la responsabilité de Dutroux dans les enlèvements d'An et d'Eefje.

Mais il a cherché à instiller le doute dans l'esprit des jurés sur sa responsabilité dans l'enlèvement, le 24 juin 1995, de Julie Lejeune et de son amie Melissa Russo, 8 ans, que le pédophile dit avoir trouvées chez lui un jour de juillet 1995.

Son ex-épouse, Michelle Martin, affirme-t-elle que son mari s'est vanté devant elle d'avoir enlevé les deux fillettes?

DIVORCE ENTRE DUTROUX ET SA DEFENSE

Ronny Baudewyn a insisté sur les versions différentes données par celle qui se présente en victime de Dutroux.

"Il ne faut pas croire l'Evangile selon Saint-Martin," a-t-il déclaré en brandissant ses procès verbaux d'audition.

C'est également Michelle Martin qui est, selon lui, entièrement responsable de la mort de Julie et Melissa, qu'elle aurait laissé mourir de faim dans la cache alors que son mari étant en prison dans le cadre d'une autre affaire.

Reste les meurtres d'An Marchal et d'Eefje Lambrecks.

Pour l'accusation, les choses sont claires: c'est sur les indications de Dutroux que leur corps ont été retrouvés dans le sous-sol du hangar d'un de ses complices, Bernard Weinstein, qu'il aurait également enterré vivant.

L'accusation se base aussi sur les déclarations de Michelle Martin, qui a confirmé cette thèse à l'audience.

"Il faut des preuves," a martelé Ronny Baudewyn.

"Ce n'est pas parce qu'il sait où sont enterrées An et Eefje qu'il les a tuées," a-t-il ajouté en osant un parallèle avec la princesse Diana: "On sait où est enterrée Lady Diana. Est-ce que ça veut dire qu'on est responsable de sa mort?"

Le véritable meurtrier, assure la défense, c'est Bernard Weinstein qui avait un passé de violence extrême.

"Faire la justice, c'est sur base de ce qu'il y a dans le dossier et pas de ce qu'on peut ressentir," a-t-il conclu.

Si les jurés devaient suivre Baudewyn, Dutroux échapperait à la perpétuité et ne devrait répondre que des enlèvements, des séquestrations et des viols, soit une peine de 10 ans minimum.

Mais cela ne signifie pas qu'il sortira de sitôt de prison.

"Même s'il est condamné à dix ans, est-ce que vous pouvez vous imaginer que quelqu'un va signer sa libération?," a déclaré l'avocat à quelques journalistes à sa sortie de la Cour.

Ses avocats n'attendent en tout cas aucune aide de la part de Marc Dutroux, qui a demandé à pouvoir prendre la parole pour trois heures à l'issue des "répliques" de la défense des quatre accusés, qui ne devraient se terminer que mercredi soir.

"Il ne dira rien de nouveau," a estimé Baudewyn, qui prévoit selon lui la répétition de la théorie du réseau commandé par un des co-accusés, Michel Nihoul, et de longues explications techniques sur la mystérieuse absence d'une dalle de béton qui aurait dû recouvrir la tombe d'An et d'Eefje.

La défense de Dutroux a clairement coupé les liens avec son client: "Nous n'allons pas plaider là-dessus," a dit son avocat. "Je ne veux même plus lui demander ce qu'il dira."

mercredi 9 juin 2004, 7h36

Dutroux dispose d'une dernière occasion de tout dire

BRUXELLES (Reuters) - Dira-t-il enfin tout ce qu'il sait? Marc Dutroux aura mercredi le mot de la fin à Arlon, où son procès d'assises s'achève dans la fatigue générale, la cacophonie des parties civiles et la confusion de la défense.

Le criminel belge n'a pratiquement plus pris la parole depuis le trois mars dernier, au tout début des audiences, lorsqu'il s'est présenté comme le simple rouage d'un réseau de pédophilie bénéficiant de protections policières et politiques dirigé par l'un de ses co-accusés, Michel Nihoul.

Il s'était alors posé en protecteur des fillettes.

Certes, il avait reconnu les avoir enlevées, séquestrées et violées. Mais il avait aussi affirmé les avoir soustraites à ce mystérieux réseau en les cachant dans sa cave de Marcinelle.

Dutroux a nié être responsable du sort subi par Julie et de Melissa, mortes de faim alors qu'il était en prison pour une autre affaire: son ex-épouse Michelle Martin - elle a avoué - allait nourrir ses chiens, mais pas les fillettes.

An et Eefje, dont les policiers ont retrouvé les cadavres le 3 septembre 1996 sur ses indications? Elles auraient été emmenées pour une destination inconnue de lui par un de ses complices, Bernard Weinstein, qui ne peut le confirmer, et pour cause: Dutroux est accusé de l'avoir enterré vivant.

Reste le cas de Sabine et Laetitia, les deux survivantes extraites de la cache le 15 août 1996, dont le pédophile a affirmé qu'il les avait enlevées sur ordre de Nihoul.

ZONES D'OMBRE

Chaque fois qu'il a été interrogé pendant les 15 semaines de procès, le criminel a maintenu cette version qui laisse planer de multiples zones d'ombre, par exemple sur la manière dont ont été tuées An et Eefje et sur les membres de ce prétendu réseau.

Marc Dutroux, qui prendra la parole avant que le jury ne se retire pour délibérer - une première fois sur la culpabilité, la semaine du 14 juin, et une seconde fois sur les peines, la semaine suivante -, saisira-t-il cette dernière occasion?

Personne ne le sait et ses avocats eux-mêmes reconnaissent volontiers qu'ils ne sont pas non plus dans le secret du "Diable" -- le mot est d'un de ses défenseurs, Xavier Magnée.

Le quotidien Le Soir a résumé mardi le sentiment des parents des victimes, qui espèrent que le criminel, conscient d'être déjà condamné avant le verdict, dise enfin toute la vérité.

"Dutroux (...) peut désormais se lâcher avant de disparaître dans une longue perpétuité," écrit ce journal dans un éditorial.

Mais les augures ne sont pas bons.

Même s'il a noirci à l'audience des centaines de feuillets de son écriture appliquée, les récents contacts qu'il a eus avec l'extérieur, notamment dans des interviews écrites, tendent à démontrer qu'il maintiendra sa version des faits.

Celui que les experts appelés à la barre ont décrit comme un dangereux psychopathe, a démontré à de multiples reprises qu'il vivait dans une bulle égocentrique, comme lorsqu'il juge ses conditions de détention pires que celles des fillettes.

Si les choses restent en l'état, ce procès n'aura guère apporté d'élément neuf après plus de sept années d'instruction et aura constitué une expérience juridique étonnante.

LES PARTIES CIVILES EN BISBILLE

La défense du pédophile, qui n'a pas caché le dégoût que lui inspirait son client, a semblé totalement incohérente.

Après avoir demandé le 1er juin aux jurés de renoncer à se prononcer s'ils ne voulaient pas cautionner une enquête bâclée qui a, selon lui, laissé en liberté les membres d'une "vaste organisation", Xavier Magnée a renoncé mardi à cette requête.

Les déclarations faites lundi devant la Cour par le père d'An, Paul Marchal, qui a souhaité qu'au moins les quatre accusés soient condamnés, l'ont ému, a-t-il expliqué.

"Paul Marchal a raison: il faut que justice se fasse", a-t-il souligné en prônant la poursuite de l'enquête sur le "dossier-bis" où ont été versées d'autres pièces.

Les parties civiles se sont par ailleurs déchirées à l'audience sur l'existence d'un réseau de pédophilie.

Les avocats de Sabine et d'Eefje se moquent de cette thèse.

Un réseau de ce type, demandent-ils, utiliserait-il un pédophile multirécidiviste placé sous surveillance policière qui enlève des fillettes au volant de véhicules voyants et immatriculés à son nom qui rendent l'âme à tout bout de champ?

Accepteraient-ils qu'il abuse des fillettes pendant des mois, réduisant à néant leur "valeur" marchande, tout les séquestrant avec la complicité passive de son épouse?

Les avocats de Laetitia et d'An y croient en revanche dur comme fer, même s'ils reconnaissent qu'il s'agit probablement d'un "réseau de minables" nageant dans la misère morale et matérielle d'une région déshéritée, celle de Charleroi.

Ils réclament la condamnation de l'homme qui symbolise à leurs yeux l'existence de ces réseaux, Michel Nihoul.

A moins d'un coup de théâtre mercredi, le dernier véritable suspense du procès est donc le verdict du jury sur cet escroc que peu d'éléments concrets accusent dans l'affaire Dutroux.

"Pour moi, ce procès c'était donner un sens à la mort de mon enfant," a déclaré mardi Paul Marchal. "Nous devons éviter que d'autres ne puissent plus rentrer à la maison."

jeudi 3 juin 2004, 7h40

L'avocat de l'ex-épouse de Dutroux plaide une "pitoyable histoire"

ARLON (AFP) - La défense de l'ex-épouse du pédophile belge Marc Dutroux, Michelle Martin, a plaidé mercredi la "pitoyable histoire" d'une femme "faible" et "soumise" qui veut aujourd'hui "assumer sa honte" d'avoir laissé mourir des enfants dans des conditions atroces.

"S'il existe un réseau, Michelle Martin devrait le dire. Mais non, elle est là, avec une histoire pitoyable de femme soumise pour expliquer comment une mère de famille a pu faire cela", a déclaré l'un de ses avocats, Me Thierry Moreau, devant la cour d'assises d'Arlon (sud-est).

Sur un ton très personnel, au bord des larmes lorsqu'il a rendu un hommage aux victimes, citant au passage les Evangiles ou des classiques du cinéma, Me Moreau a décrit sa cliente comme une femme "faible" passée du giron d'une mère surprotectrice au "conditionnement" imposé par Dutroux, comparé au "Malin".

Paradoxalement "libérée" de la coupe de ce compagnon diabolique après son incarcération en 1996, Michelle Martin s'est "engagé sur le chemin de la vérité", a insisté Me Moreau. "Je ne vous demande pas qu'on l'excuse, qu'on la plaigne ou qu'on la justifie, je demande simplement qu'on admète l'authenticité" de ses paroles, a dit l'avocat aux 12 membres du jury. "Avec cette femme, tout n'est pas perdu", a-t-il ajouté.

Me Moreau a également rappelé que Michelle Martin, 44 ans, a reconnu sa culpabilité dans la mort de Julie et Melissa, les deux plus jeunes victimes de Marc Dutroux, mais qu'elle souhaite que la justice détermine "l'exacte limite de sa responsabilité" dans les autres crimes attribués à Dutroux. "Il s'agit d'une des plus belle plaidoires qu'il m'ait été donné d'entendre", a commenté le bâtonnier Xavier Magnée, avocat principal de Dutroux, selon qui il faut faire "la part

des choses" entre les responsabilités de Dutroux et de son ex-épouse.

Michelle Martin risque une peine de 35 ans de prison. Il lui est en particulier reproché d'avoir laissé mourir de faim dans le cachot aménagé par Dutroux à Marcinelle (sud) Julie Lejeune et Melissa Russo, deux fillettes de huit ans que Dutroux est accusé d'avoir enlevées en juin 1995.

Marc Dutroux encourt, lui, la prison à vie devant les assises d'Arlon pour, entre autres crimes, l'enlèvement, la séquestration et le viol de six fillettes et adolescentes belges entre juin 1995 et août 1996, ainsi que la mort de quatre d'entre elles. Dutroux et Martin sont jugés aux côtés de l'ancien "homme de main" du pédophile, Michel Lelièvre, et de Michel Nihoul, ancien escroc que Dutroux accuse d'avoir orchestré un réseau dont lui-même n'était qu'un rouage. Le verdict du procès est attendu à partir de la mi-juin.

mardi 1 juin 2004, 18h52

La défense de Dutroux pousse les jurés belges à la rupture

ARLON, Belgique (Reuters) - La défense de Marc Dutroux a exhorté mardi les jurés de la Cour d'assises d'Arlon à refuser de rendre leur verdict s'ils ne veulent pas cautionner une enquête bâclée qui a laissé des criminels en liberté.

Au terme d'une plaidoirie d'une journée au cours de laquelle il s'est efforcé de démontrer l'existence d'une organisation criminelle qui n'a pu survivre que grâce à la complicité de certains policiers, le principal avocat du pédophile belge, Xavier Magnée, a adopté une véritable stratégie de rupture.

"Je vous demande de dire que l'affaire n'est pas en l'état," a-t-il déclaré en se tournant vers les 12 jurés. "Est-ce que vous allez accepter d'être un jury qui obéit à des réquisitions? Que les enquêteurs retournent à leurs chères études."

Cette demande a toutefois peu de chances d'aboutir après trois mois de procès et à une quinzaine de jours du verdict.

Selon Philippe Morandini, un magistrat du service de presse du procès, les jurés n'ont d'autre choix que de répondre aux questions qui leur seront posées lors de leur délibération, seule la Cour pouvant décider d'un report du procès.

Pour Thierry Bayet, l'avocat de Michelle Martin, l'ex-épouse de Dutroux présente dans le box, l'affaire est entendue.

"Juridiquement, c'est impossible," a-t-il déclaré en estimant que Xavier Magnée adoptait la stratégie de rupture de son modèle, le célèbre avocat français Jacques Vergès. "Si on ne répond pas aux questions, c'est l'acquittement."

L'avocat de Dutroux n'a pas cherché à défendre son client.

"Je suis au bout de mon dialogue avec cet homme," a-t-il déclaré en le traitant de "psychopathe" qui ne dit pas la vérité sur les circonstances exactes de la mort de Julie, Melissa, An et Eefje, dont les corps ont été retrouvés en 1996.

LE "DIABLE" DE CHARLEROI

Pas question, pour ce ténor du barreau belge, de chercher des excuses au pédophile multirécidiviste, surtout pas devant Sabine et Laetitia, les deux survivantes de la cache de Marcinelle qui sont venues décrire à Arlon leurs enlèvements, leurs séquestrations et leurs viols répétés par Dutroux.

"Des mots, rien que des mots, des mots qui seront prononcés avec prudence pour ne pas commettre de sacrilège, pour tenter de touche à la plaie sans la rouvrir," a déclaré l'avocat placé devant Marc Dutroux, extrêmement attentif et tendu pendant une plaidoirie qui n'a pas vraiment fait progresser sa cause.

Tout au plus Xavier Magnée s'est-il contenté en guise de circonstances atténuantes de décrire la région de Charleroi, une ville où la fermeture des aciéries et des charbonnages a donné naissance à des "lieux où les prêtres ne vont plus guère".

"Est-il si étonnant qu'on y trouve le diable?" a-t-il demandé à des jurés en estimant qu'on s'y livrait à des trafics en tous genres "et pourquoi pas d'enfants disparus".

Mais pour le chef de la défense de Marc Dutroux, ce dernier n'est pas le "prédateur isolé" agissant avec la complicité active d'un toxicomane et la complicité passive de son épouse que le juge d'instruction Jacques Langlois a décrit.

"Nous sommes en face d'une vaste organisation," a-t-il estimé en symbiose presque totale avec l'accusation.

Comme elle, il ne veut plus parler de "réseau" pédophile parce que le terme est mal compris par une population qui y voit automatiquement des personnalités politiques de haut vol.

"Je n'ai plus envie de dire le mot réseau, il fait rire," a-t-il lancé devant la cour d'assises. "Je dirai association de malfaiteurs, mais quelle est la différence?"

Le procès d'Arlon, a-t-il ajouté, ne permettra toutefois pas de faire toute la vérité ni de juger tous les coupables.

"L'ENQUETEUR LE PLUS BETE DE BELGIQUE"?

Certes, a-t-il ajouté, l'homme d'affaires véreux Michel Nihoul, qui comparaît à ses côtés, est lié à certaines affaires - Dutroux le présente comme le "chef" -, mais son éventuelle condamnation ne fera pas tomber toute l'organisation.

Il faudrait pour cela recommencer une enquête qui s'est selon lui ingéniée à laisser tomber "la nuit sur presque tous les grands chapitres" de manière tout à fait organisée.

Xavier Magnée a stigmatisé l'instruction, qui a ignoré des pistes pourtant prometteuses, ainsi que la gendarmerie.

Le gendarme René Michaux a effectué des perquisitions à trois reprises dans la cave de Marcinelle, y compris au moment où les petites Julie et Melissa étaient toujours vivantes, les 13 et 19 décembre 1995, puis le 13 août 1996, alors que Dutroux avait été arrêté, sans trouver une cache "indécelable".

Pour l'avocat, cette attitude ne peut pas simplement s'expliquer par l'incompétence de "l'enquêteur le plus bête de Belgique" qui, entendant des voix de petites filles lors de ces perquisitions, intimait aux inspecteurs l'ordre de se taire.

Conditionnées par Dutroux, elles se tairont aussi.

Pour Magnée, il y a plus: certains gendarmes étaient de mèche avec l'organisation criminelle qui gravitait autour de Dutroux et ont fait échouer l'opération de surveillance.

"Dutroux et Michaux ont peut-être le même secret," a-t-il estimé en parlant d'un "secret d'Etat": la gendarmerie ne pouvait avouer l'échec de son opération de surveillance du pédophile belge et a préféré sacrifier les fillettes plutôt que d'admettre que certains de ses membres étaient liés à Dutroux.

"S'il a fallu tant de temps à la police et à la gendarmerie pour découvrir (...) ce que tant de gens disaient, y compris sa mère (de Dutroux), n'est-ce pas parce que ceux qui travaillent au sein de ces institutions préféraient ne pas trouver?".

L'avocat a longuement détaillé certaines incohérences.

Ainsi, la discothèque Le Carré Blanc, qui est située en face de la cache de Marcinelle, de l'autre côté des voies de chemin de fer, n'a-t-elle jamais fait l'objet d'une perquisition.

Un témoin a pourtant affirmé avoir vu Julie et Melissa devant ce bar louche, tandis que d'autres ont fait état d'une cache aménagée dans le grenier de la maison qui l'abritait.

En outre, les analyses ADN des 6.000 cheveux retrouvés dans la cache n'ont commencé que cinq ans après l'arrestation.

"Est-ce que vous croyez vraiment qu'il est urgent de condamner Marc Dutroux aux travaux forcés à perpétuité alors qu'il y est déjà?", a demandé son avocat en suggérant que cette condamnation laisserait des coupables en liberté, notamment la personne dont le sang est mêlé à celui de Julie dans la cache.

mardi 1 juin 2004, 15h13

L'avocat de Marc Dutroux dénonce les faits de la "mafia de Charleroi"

ARLON (AP) - Le principal défenseur de Marc Dutroux, Me Xavier Magnée, a évoqué mardi devant la Cour d'assises d'Arlon en Belgique l'influence de la "mafia de Charleroi", qui serait co-responsable de l'enlèvement de six fillettes et de la mort violente de quatre d'entre elles dans la cave du pédophile en 1995 et 1996.

Marc Dutroux "n'est pas l'unique diable", a déclaré Me Magnée, insistant sur les liens étroits entre la police et les criminels dans la ville d'origine de son client.

L'avocat, dont la plaidoirie doit durer toute la journée, a demandé aux douze jurés de ne pas se laisser influencer par l'opinion publique préfabriquée.

Selon Me Magnée, son client est coupable aux yeux de l'ensemble de la population belge, alors que beaucoup de pistes n'auraient pas été exploitées au cours des huit ans d'enquête. Pour la défense, le juge d'instruction Jacques Langlois a négligé des pistes, notamment celle de la "mafia de Charleroi", familière de la prostitution et du trafic de drogue.

La ville de Charleroi aurait ainsi hébergé plusieurs établissements douteux pratiquant la prostitution d'enfants, dont l'un aurait été équipé d'une cache dans la cave, a souligné Me Magnée. Les enquêteurs se seraient cependant désintéressés de ces faits.

"Je ne m'adresse pas seulement à vous en tant qu'avocat, mais également en tant que citoyen et père", a lancé Me Magnée à la Cour, estimant que la justice avait cédé à la pression publique et politique en audiençant un procès malgré une enquête incomplète.

L'avocat est également revenu sur l'enlèvement toujours inexpliqué, le 24 juin 1995, de Julie et Mélissa, dont les corps ont été retrouvés un an plus tard dans le jardin de Dutroux.

Selon Me Magnée, Michel Lelièvre, le complice présumé de Dutroux, était capable d'organiser seul cet enlèvement, tandis que la mort des deux fillettes peut être attribuée à l'ex-femme du pédophile, Michelle Martin, qui les a laissées mourir de faim alors que Dutroux était en détention.

Marc Dutroux doit répondre des séquestrations et des viols de six jeunes filles dont quatre -Julie, Mélissa, An et Eefje- sont mortes au cours de leur détention. Il n'a reconnu que l'enlèvement des victimes survivantes, Sabine Dardenne et Laetitia Delhez, et nie être responsable des meurtres de Julie et Mélissa dont on l'accuse. Les circonstances de la mort d'An et Eefje n'ont jamais pu être établies avec certitude.

Les corps des quatre victimes (Julie, Mélissa, An et Eefje) ont été découverts enterrés dans des propriétés de Marc Dutroux, en août et septembre 1996, peu après son arrestation. Sabine et Laetitia ont été sauvées le 15 août 1996.

Aux côtés de Marc Dutroux comparaissent son ex-femme, Michelle Martin, son complice Michel Lelièvre et l'homme d'affaires Michel Nihoul. Selon l'accusation, les quatre accusés doivent être déclarés coupables des faits qui leur sont reprochés. Le verdict est attendu à la mi-juin. AP

mardi 1 juin 2004, 14h19

L'avocat de Dutroux évoque une vaste organisation criminelle

ARLON, Belgique (Reuters) - Sans même chercher à défendre son client, l'avocat de Marc Dutroux a présenté le pédophile comme le maillon d'une "vaste organisation" criminelle qu'une enquête bâclée n'a pas permis de démanteler.

Xavier Magnée, l'un des ténors du barreau belge, n'a que très rarement cité le criminel belge dans la première partie de sa plaidoirie devant la Cour d'assises d'Arlon, une petite ville du Sud du pays où le procès a commencé il y a trois mois.

Avant même le début des audiences, il confiait qu'une bonne comme une mauvaise plaidoirie vaudraient à son client une condamnation à perpétuité, tant les faits sont avérés.

Pas question, donc, de les contester, surtout pas devant les familles des quatre petites filles dont les cadavres ont été retrouvés à l'été 1996, ni devant Sabine et Laetitia, les deux survivantes de la cache de Marcinelle qui sont venues décrire à Arlon leurs enlèvements, leurs séquestrations et leurs viols.

"Des mots, rien que des mots, des mots qui seront prononcés avec prudence pour ne pas commettre de sacrilège, pour tenter de touche à la plaie sans la rouvrir," a déclaré l'avocat placé devant Marc Dutroux, extrêmement attentif et tendu pendant une plaidoirie qui n'a pas vraiment fait progresser sa cause.

Tout au plus Xavier Magnée s'est-il contenté en guise de circonstances atténuantes de décrire la région de Charleroi, une ville où la fermeture des aciéries et des charbonnages a donné naissance à des "lieux où les prêtres ne vont plus guère".

"Est-il si étonnant qu'on y trouve le diable?" a-t-il demandé à des jurés en estimant qu'on s'y livrait à des trafics en tous genres "et pourquoi pas d'enfants disparus".

Pour le chef de la défense de Marc Dutroux, ce dernier n'est pas le "prédateur isolé" agissant avec la complicité active d'un toxicomane et la complicité passive de son épouse que le juge d'instruction Jacques Langlois a décrit.

"Nous sommes en face d'une vaste organisation," a-t-il estimé en symbiose presque totale avec l'accusation.

UNE ENQUETE BACLEE

Comme elle, il ne veut plus parler de "réseau" pédophile parce que le terme est mal compris par une population qui y voit automatiquement des personnalités politiques de haut vol.

"Je n'ai plus envie de dire le mot réseau, il fait rire," a-t-il lancé devant la cour d'assises. "Je dirai association de malfaiteurs, mais quelle est la différence?"

Le procès d'Arlon, a-t-il ajouté, ne permettra toutefois pas de faire toute la vérité ni de juger tous les coupables.

Certes, a-t-il ajouté, l'homme d'affaires véreux Michel Nihoul, qui comparaît à ses côtés, est lié à certaines affaires - Dutroux le présente comme le "chef" -, mais son éventuelle condamnation ne fera pas tomber toute l'organisation.

Il faudrait pour cela recommencer une enquête qui s'est selon lui ingéniée à laisser tomber "la nuit sur presque tous les grands chapitres" de manière tout à fait organisée.

Xavier Magnée a stigmatisé l'instruction, qui a ignoré des pistes pourtant prometteuses tout au long de l'enquête.

Ainsi, la discothèque Le Carré Blanc, qui est située en face de la cache de Marcinelle, de l'autre côté des voies de chemin de fer, n'a-t-elle jamais fait l'objet d'une perquisition.

Un témoin a pourtant affirmé avoir vu Julie et Melissa devant ce bar louche, tandis que d'autres ont fait état d'une cache aménagée dans le grenier de la maison qui l'abritait.

L'institutrice d'un des fils de Dutroux a fait en 1997 le lien entre le pédophile belge et le patron de ce bar.

En 2000, l'enquêteur qui a recueilli son témoignage sera retiré du dossier par le juge d'instruction et elle se rétractera devant deux policiers dans d'étranges conditions.

A la barre, cette institutrice, Cécile Stienon, est venue confirmer ses premières déclarations, qui donnent à penser que Dutroux fournissait des fillettes à ces bars.

Pour Xavier Magnée, la piste de la secte satanique Abrasax, où l'on aurait pratiqué des sacrifices humains, a elle aussi été négligée par l'instruction et il se demande s'il n'y a pas "une tentative policière et politique de cacher (...) un réseau."

Enfin, les analyses ADN des cheveux retrouvés dans la cache de Marcinelle n'ont commencé à être analysées que cinq ans après l'arrestation de Dutroux, de manière inexplicable.

"Mais quelle urgence y a-t-il à condamner Dutroux à la perpétuité?" a demandé son avocat en suggérant que cette condamnation laisserait des coupables en liberté, notamment la personne dont le sang est mêlé à celui de Julie dans la cache.

"Cet homme, il nous regarde", a-t-il déclaré aux jurés. "Il est peut-être ici dans la salle."

mardi 1 juin 2004, 12h27

Le principal avocat de Marc Dutroux plaide mardi

ARLON (AP) - Le principal défenseur de Marc Dutroux, Me Xavier Magnée, a commencé mardi matin à plaider devant la Cour d'assises d'Arlon en Belgique pour réfuter une partie des accusations qui pèsent sur son client. La plaidoirie de l'avocat star du pédophile est prévue pour durer toute la journée.

Marc Dutroux doit répondre des séquestrations et des viols de six jeunes filles dont quatre -Julie, Mélissa, An et Eefje- sont mortes au cours de leur détention. Il n'a reconnu que l'enlèvement des victimes survivantes, Sabine Dardenne et Laetitia Delhez, et nie être responsable des meurtres de Julie et Mélissa dont on l'accuse. Les circonstances de la mort d'An et Eefje n'ont jamais pu être établies avec certitude.

Les corps des quatre victimes (Julie, Mélissa, An et Eefje) ont été découverts enterrés dans des propriétés de Marc Dutroux, en août et septembre 1996, peu après son arrestation. Sabine et Laetitia ont été sauvées le 15 août 1996.

Aux côtés de Marc Dutroux comparaissent son ex-femme, Michelle Martin, son complice Michel Lelièvre et l'homme d'affaires Michel Nihoul. Selon l'accusation, les quatre accusés doivent être déclarés coupables des faits qui leur sont reprochés. Le verdict est attendu à la mi-juin. AP

jeudi 27 mai 2004, 18h46

Procès Dutroux: fin du réquisitoire et début des plaidoiries

BRUXELLES (AP) - Le procureur du roi a conclu son réquisitoire jeudi devant la cour d'assises d'Arlon, en Belgique, en déclarant que les auditions de plus de 500 témoins prouvaient la culpabilité de Marc Dutroux et des trois autres accusés dans l'enlèvement et la séquestration de six jeunes filles en 1995 et 1996.

Michel Bourlet, procureur du roi de Neufchâteau, a estimé que l'homme d'affaires bruxellois Michel Nihoul, 62 ans, était impliqué dans l'enlèvement en 1996 de Laetitia Delhez, 14 ans, accréditant du même coup la thèse du réseau pédophile. L'adolescente avait été violée pendant une semaine avant d'être découverte vivante dans la cache aménagée chez lui par Dutroux.

Michel Nihoul a toujours nié être impliqué dans cette affaire, reconnaissant seulement avoir vendu des drogues à Marc Dutroux, 47 ans, et à son homme de main Michel Lelièvre, 32 ans. Une version soutenue par le juge d'instruction. La quatrième accusée est l'ancienne femme de Dutroux, Michelle Martin, 44 ans.

Après le réquisitoire, les défenseurs de Dutroux ont entamé leur plaidoirie, en cherchant immédiatement à minimiser le rôle de leur client dans l'enlèvement des six jeunes filles -dont quatre sont mortes- et les agressions sexuelles.

Dans une lettre à la chaîne privée AB3 rendue publique jeudi, Dutroux estime que "les médias ont conditionné les gens pour le haïr" et que cela l'empêche aujourd'hui d'avoir un procès équitable.

Agé de 47 ans, Marc Dutroux répond de l'enlèvement et de la séquestration de six jeunes filles ainsi que de la mort de deux d'entre elles (An et Eefje, 17 et 19 ans, enlevées en 1995). Julie et Melissa, 8 ans, enlevées la même année, sont mortes de faim dans des circonstances encore floues, tandis que Sabine et Laetitia, 12 et 14 ans, enlevées en 1996, ont été retrouvées vivantes après l'arrestation de leur bourreau.

Dutroux a reconnu les enlèvements et les agressions sexuelles, mais affirme qu'il travaillait pour un réseau criminel qui recrutait des prostituées à travers l'Europe, réseau dont le pivot, selon lui, était Nihoul.

Trois autres personnes comparaissent à ses côtés: son ex-épouse Michelle Martin, 44 ans, son homme de main Michel Lelièvre, 32 ans, et Michel Nihoul, 62 ans. Les avocats de la défense doivent plaider jusqu'à la semaine prochaine. Le verdict est attendu à la mi-juin. AP

mercredi 26 mai 2004, 12h58

Procès Dutroux: la thèse du réseau compatible à celle du "pervers isolé"

ARLON (AFP) - Les avocats de Laetitia Delhez, victime survivante de Marc Dutroux, ont affirmé mercredi devant les assises d'Arlon (sud-est) que le pédophile, d'abord "pervers isolé", avait ensuite conçu un "projet beaucoup plus évolué" avec la complicité de l'escroc Michel Nihoul.

"Nous ne pensons pas qu'il faille choisir entre la thèse de l'association de malfaiteur et celle de l'individu isolé", a déclaré l'un des avocats de Laetitia, Me Jan Fermon.

"Dutroux est effectivement le pervers qui recherche ses victimes, les viole et les rejette pour assouvir ses pulsions. Mais il évolue et il va monter un projet beaucoup plus élaboré: achat d'un +mobil home+, aménagement de la cache, projet avec Nihoul de transformer sa maison de Sars-La-Buissière en lupanar", a expliqué Jan Fermon. Citant les premières déclarations des accusés Michelle Martin, l'ex-épouse de Dutroux, et Michel Lelièvre, son "homme de main", qui évoquaient des plans impliquant Michel Nihoul pour "importer des filles de l'Est et exporter des jeunes filles belges", Me Fermon affirme qu'un "projet commercial se met en place" durant l'été 1996.

Parce que le viol de Laetitia par Marc Dutroux est "établi", puisque Dutroux a avoué, Jan Fermon s'est attaché, comme lors de l'audience de mardi, sur le rôle du 4e accusé, l'ancien homme d'affaires véreux Michel Nihoul (63 ans). "Les quatre accusés forment une bande à l'intersection du milieu polycriminel de Charleroi (Dutroux) et de Bruxelles", où Nihoul est au centre de "trafics d'influences" et est actif dans la "criminalité financière", a poursuivi l'avocat. Leur collaboration est "logique", estime Me Fermon, en soulignant que Michelle Martin avait déclaré que son mari se sentait "invincible" après sa rencontre avec Nihoul.

Prenant la parole après son collègue, Me Georges-Henri Beauthier a mis une touche d'émotion à la plaidoirie, jusqu'ici très technique, des avocats de Laetitia. Soulignant son calvaire, dont le souvenir la poursuivra "jusqu'à son dernier souffle", Me Beauthier a évoqué les liens qui unissent à présent la jeune femme à l'autre survivante, Sabine Dardenne, aux familles des autres victimes et à ses "soeurs" disparues, Julie, Melissa, An et Eefje.

Les réquisitions devaient débuter mercredi après-midi.

Le 15 août 1996, Laetitia Delhez avait été libérée vivante du cachot de Marcinelle (sud) où elle était séquestrée en compagnie de Sabine Dardenne, six jours après avoir été enlevée par Dutroux et Lelièvre à Bertrix, dans les Ardennes belges (sud). Marc Dutroux encourt la prison à perpétuité pour, entre autres crimes, l'enlèvement et le viol de six fillettes et adolescentes belges entre juin 1995 et août 1996, et la mort de quatre d'entre elles dont deux qu'il est accusé d'avoir lui-même assassinées.

mardi 25 mai 2004, 12h25

Procès Dutroux: les avocats de Laetitia plaident contre la thèse du "pervers isolé"

ARLON (AFP) - Les avocats de Laetitia Delhez, victime survivante de Marc Dutroux, ont plaidé mardi contre la thèse du "pervers" isolé et affirmé que "d'autres vérités" se cachaient derrière les crimes pour lesquels le pédophile est jugé aux assises d'Arlon (sud-est de Belgique).

"Les réponses apportées par l'instruction aux questions de Laetitia ne sont pas satisfaisantes", a déclaré Me Georges-Henri Beauthier, l'un des deux conseils de la jeune fille, en guise d'introduction d'une plaidoirie qui devait se prolonger jusqu'à l'audience de mercredi.

Laetitia, présente aux côtés de ses avocats, avait été enlevée le 9 août 1996 à Bertrix par Marc Dutroux et son co-accusé Michel Lelièvre, alors qu'elle était âgée de 14 ans.

Elle avait été libérée six jours plus tard par la police du cachot de Marcinelle (sud) où Dutroux l'avait séquestrée en compagnie de Sabine Dardenne (12 ans).

D'une voix posée, Me Beauthier a expliqué qu'il avait acquis la certitude, en épluchant un dossier lourd de plus de 450.000 pages, que l'ancien homme d'affaires véreux Michel Nihoul, qui figure dans le box des accusés, était également coupable du rapt de sa cliente.

Laetitia Delhez, vêtue d'un survêtement noir à bandes jaunes et blanches, les cheveux blonds coiffés en queue de cheval, a ensuite écouté, la mine crispée et le visage très pâle, son avocat évoquer son enlèvement par Dutroux et Lelièvre.

"Pourquoi moi? Pour quoi faire? Aurais-je eu le même sort que An, Eefje, Julie et Melissa? Ce sont les questions que Laetitia se pose depuis huit ans. Les réponses sont insatisfaisantes", a expliqué Me Beauthier.

"Il s'agit pour nous de reconstruire le puzzle pour atteindre une version plausible", a-t-il poursuivi, reprochant au juge d'instruction Jacques Langlois d'avoir ignoré les pistes qui pouvaient l'éloigner de sa "thèse" d'un Dutroux ayant agi pratiquement seul et, dès lors, d'avoir disculpé Michel Nihoul.

L'avocat a relevé que Nihoul fréquentait certains établissement louches de Charleroi (sud), la ville de Marc Dutroux, et estimé qu'on ne pouvait écarter tout lien entre l'enlèvement de Laetitia et la livraison par Nihoul, le lendemain, de 1.000 pilules d'ecstasy à Lelièvre, le complice de Dutroux.

"Comment croire, comme le pense M. Langlois, que Julie et Melissa (deux fillettes de huit ans enlevées en juin 1995 et retrouvées mortes chez Dutroux, ndlr) ont pu rester 106 jours enfermées dans la cache, avec le peu d'eau à leur disposition? C'est impossible!", a-t-il également lancé.

Marc Dutroux encourt la prison à perpétuité devant la cour d'assises d'Arlon pour, entre autres crimes, l'enlèvement et le viol de six fillettes et adolescentes belges entre juin 1995 et août 1996, et la mort de quatre d'entre elles dont deux qu'il est accusé d'avoir lui-même assassinées.

lundi 24 mai 2004, 21h21

Procès Dutroux: intense émotion pendant les plaidoiries des parties civiles

ARLON (AFP) - Une atmosphère d'intense émotion a submergé lundi la cour d'assises d'Arlon (sud-est de la Belgique), où le procès de Marc Dutroux est entré dans sa 13ème semaine, au cours de la première journée consacrée aux plaidoiries des parties civiles.

Les souffrances infligées par Dutroux à An, Eefje, Julie et Melissa, les quatres jeunes filles que le pédophile est accusé d'avoir enlevées, séquestrées, violées, puis laissées mourir ou assassinées, et la vie qu'elles auraient pu avoir si elles ne l'avaient pas croisé, ont semblé prendre corps dans la salle d'audience du palais de justice d'Arlon.

"Dans la chambre de leur maison de repos, les grands-parents d'Eefje ont rangé dans une boîte à chaussures quelques rares souvenirs, les cartes postales qu'Eefje leur avait envoyées", a expliqué en leur nom Me Mark Huygen.

Eefje, 19 ans, et son amie An Marchal, 17 ans, ont été enlevées près d'Ostende, sur la côte flamande (nord), dans la nuit du 22 au 23 août 1995.

Leurs corps ont été retrouvés en septembre 1996 sur des indications de Dutroux dans le chalet d'un de ses complices, le Français Bernard Weinstein, que le pédophile est accusé d'avoir assassiné.

"Nous ne pouvons accepter que ces malfaiteurs soient des prédateurs isolés", a déclaré Me Paul Quirynen, l'avocat de la famille d'An, persuadé que le pédophile faisait partie d'un réseau, une hypothèse qui n'a pourtant pas été confirmée par les 569 témoins ayant défilé à la barre depuis le 1er mars.

"Ils t'ont enlevée, humiliée, torturée et finalement tuée", a-t-il dit en s'adressant à An et en désignant l'un des accusés, l'ancien homme d'affaires Michel Nihoul, comme le lien entre le "milieu" de Charleroi fréquenté par Dutroux et des personnalités politiques ou judiciaires bruxelloises.

Me Joris Vercraeye, l'avocat de Jean Lambrecks, le père d'Eefje, a en revanche annoncé qu'après douze semaines de débats, son client "n'était plus convaincu de la culpabilité de Nihoul" et qu'il retirait sa plainte contre lui.

"A quoi cela servirait-il de s'étendre sur les détails des sévices" subis par Eefje, a-t-il demandé, avant de se lancer dans un véritable réquisitoire à l'encontre du "trio diabolique" composé de Marc Dutroux, de son ancien homme de main Michel Lelièvre et de son ex-épouse Michelle Martin. Me Vercraeye a réclamé pour eux une "peine maximale".

L'émotion était également présente lorsque Me Céline Parisse, en fin de journée, a une nouvelle fois lu des extraits des lettres que sa cliente, Sabine Dardenne, avait écrites dans la cache de la maison de Dutroux à Marcinelle (sud), où elle a été séquestrée pendant 80 jours.

La jeune femme, aujourd'hui âgée de 20 ans, avait été libérée le 15 août 1996, en même temps que Laetitia Delhez (14 ans à l'époque), enlevée six jours plus tôt à Bertrix (sud). Assise entres ses deux avocats, Sabine n'a pu retenir ses larmes.

"Sabine pense que votre responsabilité est aussi grande que celle de Dutroux", a par ailleurs déclaré Me Parisse à Michelle Martin, lui reprochant d'avoir été au courant de toutes les violences envers les jeunes filles, mais de n'avoir "rien fait" pour les sauver.

En fin d'audience, Me Jean-Philippe Rivière, le deuxième avocat de Sabine Dardenne, a évoqué la vie de la jeune femme depuis sa libération. "Aujourd'hui, Sabine vit avec son copain. Ils s'aiment. Mais parfois, entre eux, il y a votre haleine fétiede, votre transpiration de boeuf et vos sales pattes, Dutroux. Pourtant, Dutroux, ils font l'amour", a lancé Me Rivière au pédophile qui risque la prison à vie.

lundi 24 mai 2004, 16h17

Premier jour des plaidoiries au procès Dutroux

ARLON, Belgique (Reuters) - Partisans et adversaires de la thèse du réseau de pédophilie dont Marc Dutroux n'aurait été qu'un rouage se sont affrontés lundi dès le premier jour des plaidoiries, jusqu'à diviser les familles de deux jeunes filles enlevées, séquestrées, violées et assassinées ensemble.

Après 12 semaines d'audience qui n'ont apporté aucune révélation importante malgré les 569 témoins convoqués à la barre de la Cour d'assises d'Arlon, dans le sud de la Belgique, la parole a d'abord été donnée aux parties civiles.

Les avocats d'An Marchal et d'Eefje Lambrecks, qui ont été enlevées par le pédophile et un complice le 23 août 1995 alors qu'elles étaient âgées de 17 et de 19 ans respectivement - les deux hommes ont avoué le rapt - ont d'accord sur l'essentiel.

Ils demandent tous deux que Marc Dutroux, son épouse Michelle Martin, qui savait mais n'a rien fait, et le complice en question, Michel Lelièvre, passent le reste de leur vie en prison, sans qu'il y ait de différence entre les trois.

"Il ne peut y avoir de gradation dans la culpabilité," a déclaré devant la Cour l'avocat des parents d'An Marchal, Paul Quirynen. "Ils sont coupables au maximum."

Dutroux ne reconnaît que l'enlèvement et le viol des deux jeunes filles, affirmant qu'elles ont été emmenées un jour de chez lui par un autre de ses complices, Bernard Weinstein, qu'il a avoué avoir assassiné et enterré vivant dans son jardin.

C'est pourtant sur ses indications que les corps d'An et Eefje qui, selon les médecins légistes, portent des traces de sévices sexuels graves et ont été affamées, ont été retrouvés le trois septembre 1996, 15 jours après l'exhumation des cadavres des petites Julie et Melissa dans le même jardin.

Mais les avocats des parents des deux amies disparues participent eux aussi à la "guerre de religion" qui déchire depuis huit ans la Belgique sur l'existence d'un réseau de pédophilie dont Dutroux affirme que Michel Nihoul, l'un des quatre co-accusés du procès, était le chef.

LE SCHISME PERSISTE

Pour Paul Quirynen, qui représente les parents d'An, cet homme d'affaires véreux est lié à l'affaire et il y a réseau.

"Il est clair que Nihoul fait partie de la bande," a-t-il déclaré, même si les témoignages tendant à accréditer cette thèse se sont révélés fragiles, voire carrément farfelus.

A ses côtés, les parents d'Eefje sont d'un avis différent et ont retiré leur constitution de partie civile contre Nihoul.

"Mes clients ne sont pas convaincus de la culpabilité de Nihoul quant aux faits reprochés," a-t-il expliqué.

Ce schisme risque de se répéter dans les autres plaidoiries.

Ainsi, les avocats de Sabine Dardenne et de Laetitia Delhez, les deux survivantes retirées de la cache de Dutroux le 13 août 1996, se divisent eux aussi sur l'implication de Nihoul.

Sabine, qui y a passé 80 jours dans la cave du pédophile, affirme n'avoir jamais vu que Dutroux: son avocat estime donc qu'il s'agit d'un "prédateur isolé" .

Les parents de Laetitia sont d'un autre avis.

Ils notent que Nihoul et Dutroux ont été en communication téléphonique à de multiples reprises avant et après son enlèvement et qu'un lot de pilules d'ecstasy a été donné par le premier à Lelièvre au lendemain du rapt, ce qui pourrait selon eux constituer le prix à payer pour la jeune fille.

La défense de Nihoul ne nie pas ces faits.

Mais elle justifie le transfert d'ecstasy par le fait que Nihoul, informateur de la gendarmerie, agissait à la demande de cette dernière pour remonter une filière de trafic de drogue.

Les parties civiles, le ministère public et la défense se succéderont à la barre pendant les deux prochaines semaines.

Les représentants de Marc Dutroux ont prévu de plaider pendant deux jours la cause désespérée - ils le reconnaissent eux-mêmes - de leur client et le verdict devrait tomber dans la troisième semaine de juin. Les jurés ont demandé à pouvoir se prononcer sur les peines dans la semaine du 21 juin.

mercredi 19 mai 2004, 18h56

Procès Dutroux: derniers témoins entendus, début des plaidoiries lundi

ARLON (Belgique) (AFP) - Les ultimes témoins, issus d'une liste comportant 569 noms, ont défilé mercredi devant la cour d'Assises d'Arlon (sud-est de la Belgique), où le pédophile Marc Dutroux et ses trois co-accusés sont jugés depuis 12 semaines.

Pour les différentes parties, ces témoignages ont surtout été l'occasion de tenter une dernière fois de mettre en lumière les aspects du dossier qui leur tiennent à coeur, avant d'entamer lundi 24 mai les plaidoiries et les réquisitions, qui devraient, selon un calendrier officieux, durer deux semaines.

Le procès, qui s'est ouvert le 1er mars, pourrait dès lors s'achever entre le 10 et 20 juin, près de huit ans après l'arrestation de Marc Dutroux.

Les centaines de témoins qui ont défilé à la barre ces dernières semaines n'ont pas apporté d'éléments réellement neufs par rapport aux conclusions du juge d'instruction Jacques Langlois.

L'existence d'un réseau pédophile bénéficiant de protections en hauts lieux, auquel croyaient une majorité de Belges avant l'ouverture des assises mais que le juge Langlois avait exclue, n'a en particulier pas été prouvée.

De même, des zones d'ombres subsistent sur les conditions d'enlèvement des petites Julie et Melissa, que Dutroux nie, ou encore sur le rôle éventuel de l'ancien homme d'affaires Michel Nihoul dans l'enlèvement de Laetitia.

Mais le portrait de Dutroux dressé au fil des jours par des enquêteurs, des proches et des experts psychiatres, qui l'ont décrit comme un "vrai psychopathe", "manipulateur", "pervers narcissique" et "autoritaire", laisse penser que le pédophile n'avait aucunement besoin, ni même l'envie, du soutien d'une vaste organisation pour commettre les crimes qui lui sont imputés.

Mercredi, les avocats de Laetitia Delhez, l'une des victimes survivantes, ont mené une nouvelle charge contre l'ancienne gendarmerie belge, aujourd'hui dissoute.

Ils ont accusé l'adjudant Guido Van Rillaer d'avoir caché à des magistrats des soupçons qui auraient pu, selon eux, permettre d'empêcher Marc Dutroux d'abuser de la jeune fille.

Laetitia Delhez, alors âgée de 14 ans, avait été enlevée le 9 août 1996 par Marc Dutroux et son complice Michel Lelièvre à Bertrix, dans les Ardennes belges (sud).

"Le 10 août, Laetitia est toujours endormie (droguée, ndlr) et enchaînée à un lit" à Marcinelle, dans la banlieue de Charleroi, a expliqué à l'audience Me Beauthier, en présence de Laetitia.

"Si vous aviez communiqué les informations aux autorités judiciaires (lors d'une réunion de crise à Bertrix le 10 août), le calvaire de Laetitia aurait été infiniment moindre. Elle aurait pu être libérée après quelques heures. Au lieu de cela, elle a connu la cache et le viol", a-t-il ajouté à l'adresse de Guido Van Rillaer, qui connaissait à l'époque le passé de violeur de mineurs de Dutroux.

"Aucun élément concret ne permettait alors d'établir un lien avec Marc Dutroux", a répondu l'adjudant Van Rillaer.

Celui-ci n'a été arrêté que le 13 août, après qu'un habitant de Bertrix eut rapporté avoir aperçu à Bertrix une camionnette blanche dont la plaque minéralogique correspondait à un de ses véhicules.

"Des dysfonctionnements, il y en a bien sûr eu, mais cela ne veut pas dire qu'il y a eu des protections", a souligné Me Céline Parisse, l'avocate de Sabine Dardenne, une autre victime survivante de Marc Dutroux.

Marc Dutroux est jugé aux côtés de son ex-épouse Michelle Martin, de Lelièvre et de Michel Nihoul, qu'il accuse d'avoir été l'homme-orchestre d'un réseau dont lui-même n'aurait été qu'un rouage.

Le pédophile encourt la prison à vie pour, entre autres crimes, l'enlèvement et le viol de six fillettes et adolescentes belges entre juin 1995 et août 1996, et la mort de quatre d'entre elles, dont deux qu'il est accusé d'avoir assassinées.

mercredi 19 mai 2004, 18h16

LE MYSTÈRE PERSISTE SUR LA MORT DES QUATRE FILLETTES TUÉES PAR DUTROUX

Les audiences du procès de Marc Dutroux se sont achevées mercredi sans avoir apporté de révélation sur la manière exacte dont sont mortes les quatre fillettes séquestrées et violées par le pédophile

mercredi 19 mai 2004, 15h47

Procès Dutroux: les avocats de Laetitia chargent à nouveau la gendarmerie

ARLON (Belgique) (AFP) - Les avocats de Laetitia Delhez, l'une des victimes survivantes de Marc Dutroux, ont à nouveau mené la charge mercredi au procès du pédophile à Arlon (sud-est) contre l'ancienne gendarmerie belge, qu'ils ont accusée d'être en partie responsable du calvaire de leur cliente.

Me Georges-Henri Beauthier et Me Jan Fermon, qui avaient demandé l'audition de l'adjudant Guido Van Rillaer, un membre de la cellule "disparition" de la gendarmerie, l'ont accusé d'avoir caché à des magistrats des informations qui auraient pu selon eux permettre d'empêcher Marc Dutroux d'abuser de la jeune fille.

Laetitia Delhez, qui était âgée de 14 ans, avait été enlevée le 9 août 1996 en début de soirée par Marc Dutroux et son complice Michel Lelièvre alors qu'elle sortait de la piscine de Bertrix, dans les Ardennes belges (sud).

Le lendemain, l'adjudant Van Rillaer s'était rendu dans la petite ville pour une réunion de crise, mais il n'avait pas indiqué aux magistrats présents que la gendarmerie avait dans ses fichiers depuis plus d'un an le nom d'un certain Marc Dutroux, connu à Charleroi (sud) pour des viols et séquestrations de mineurs.

"Le 10 août, Laetitia est toujours endormie (droguée, ndlr) et enchaînée à un lit" chez Marc Dutroux à Marcinelle, dans la banlieue de Charleroi, a expliqué Me Beauthier, attentivement écouté par Laetitia, assise à ses côtés.

"Si vous aviez communiqué les informations aux autorités judiciaires au lieu de les retenir jusqu'au dernier moment, le calvaire de Laetitia aurait été infiniment moindre. Elle aurait pu être libérée après quelques heures. Au lieu de cela, elle a connu la cache et le viol", a-t-il ajouté.

"Aucun élément concret ne permettait alors d'établir un lien avec Marc Dutroux", a répondu l'adjudant Van Rillaer.

"C'était la seule occasion d'obtenir une réponse sérieuse, mais la langue de bois a prévalu. C'est décevant et scandaleux", a commenté Me Fermon.

La gendarmerie belge avait fait l'objet lors de l'éclatement de l'affaire de critiques virulentes pour son inefficacité lors des enquêtes sur les enlèvements d'enfants. Ce corps, parfois qualifié "d'Etat dans l'Etat", a été dissous quelques années plus tard et ses anciens membres intégrés à la nouvelle "police fédérale" belge.

M. Van Rillaer a expliqué mercredi qu'il avait "fait le lien" lorsqu'un témoin, deux jours plus tard, avait rapporté avoir aperçu à Bertrix une camionnette blanche dont la plaque minéralogique correspondait à un véhicule de Dutroux.

Une perquisition menée à Marcinelle le 13 août, jour de l'arrestation de Dutroux, n'avait cependant pas permis de découvrir Laetitia, enfermée dans la cache aménagée dans la cave avec Sabine Dardenne, une fillette de 12 ans enlevée le 28 mai 1996 à Tournai (nord-ouest).

Ce n'est que sur les indications du pédophile que Sabine et Laetitia avaient pu finalement retrouver la liberté, le 15 août 1996, plongeant la Belgique dans l'allégresse. 48 heures plus tard, c'était le choc avec la découverte des corps des petites Julie Lejeune et Melissa Russo, enlevée en juin 1995, dans le jardin d'une autre propriété de Dutroux.

"Des dysfonctionnements, il y en a bien sûr eu, mais cela ne veut pas dire qu'il y a eu des protections", a assuré Me Céline Parisse, l'avocate de Sabine Dardenne. Lundi, les avocats des parties civiles entameront les plaidoiries.

lundi 10 mai 2004, 19h50

Michelle Martin, la femme soumise qui avait fait de Dutroux son "Dieu"

ARLON (Belgique) (AFP) - La personnalité "fragile" et ambiguë de l'ex-épouse de Marc Dutroux, Michelle Martin, a été passée au crible lundi devant la cour d'assises d'Arlon (sud-est de la Belgique), où le pédophile et ses complices présumés sont jugés depuis 10 semaines.

Des experts puis d'anciennes connaissances de Michelle Martin et de Marc Dutroux se sont succédé à la barre des témoins pour éclairer le jury sur l'attitude de cette institutrice, âgée aujourd'hui de 44 ans, qui aurait pu d'un simple coup de téléphone à la police sauver toutes les victimes du pédophile.

Pour ce comportement, qui n'a cessé depuis l'éclatement de l'affaire en 1996 de révolter la grande majorité des Belges, cette mère de quatre enfants nés de son union avec Marc Dutroux risque une peine de 35 ans d'emprisonnement.

Trois neuropsychiatres et un psychologue ont dressé devant la cour le portrait d'une femme issue d'un milieu favorisé, ne présentant aucun déséquilibre mental, mais traumatisée à l'âge de six ans par la mort accidentelle de son père. Michelle Martin était "capable de distinguer le bien et le mal", dira l'un d'eux, Philippe Jocquet.

Eduquée ensuite par une mère autoritaire et dépressive, elle ne sort de ce giron qu'à l'âge de 21 ans, lorsqu'elle rencontre Marc Dutroux dans une patinoire. Celui-ci, charmeur et sûr de lui, deviendra rapidement son "Dieu", malgré ses infidélités et une certaine violence.

Les psychiatres ont relevé une personnalité "fragile", due à cet attachement fusionnel à sa mère, puis à Dutroux. "Face à un monde qu'elle considère comme hostile, Michelle Martin se réfugie dans un monde imaginaire, au point qu'il lui arrive de ne plus faire la différence entre le rêve et la réalité", a expliqué le professeur de psychologie Christian Mormont.

Dépressive, Michelle Martin avait tendance à s'isoler, puis à culpabiliser en raison de cette indifférence aux autres, sans toutefois modifier son comportement.

L'épouse de Dutroux, bien qu'immédiatement informée des enlèvements de Julie Lejeune et Melissa Russo, en juin 1995, d'An Marchal et d'Eefje Lambrecks deux mois plus tard, et de Sabine Dardenne et Laetitia Delhez, au printemps et à l'été 1996, a expliqué au début du procès avoir "songé" à dénoncer son mari, mais en avoir été incapable.

De même, alors qu'elle avait été chargée par Dutroux de nourrir Julie et Melissa, séquestrées pendant l'hiver 1995 dans la sinistre geôle de Marcinelle, elle n'avait pu se résoudre à libérer les deux fillettes, ni même à leur apporter de la nourriture.

"Pour moi, cette réalité, ça ne pouvait pas exister", avait-elle expliqué à l'audience. Lundi après-midi, l'un des anciens instituteurs de Michelle Martin, Mario Marchi, lui a demandé de "tout dire" car les "parents (des victimes) se réveillent tous les matins avec un énorme trou du côté du coeur".

"M. Marchi, je vous ai beaucoup aimé et c'est avec le plus grand respect, pour vous et pour les parents, que j'affirme que j'ai déjà dit tout ce que je savais", a répondu Michelle Martin.

"Mes enfants, on me les a retirés. Je sais ce que c'est un trou dans le coeur", a pour sa part lancé Marc Dutroux, provoquant la sortie de la salle d'audience d'une des victimes survivantes, Sabine Dardenne, visiblement écoeurée.

Les experts ont estimé que Michelle Martin avait retrouvé un "élan vital" depuis son éloignement de Dutroux, qu'elle charge abondamment depuis l'ouverture du procès, le 1er mars.

"Il y a tout de même des gens qui ont traversé les épreuves de la vie avec une autre dignité", a commenté Me George-Henri Beauthier, l'avocat de Laetitia Delhez.

Par ailleurs, la cour d'assises a décidé lundi d'entendre une seconde fois l'ancien gendarme René Michaux, montré du doigt pour avoir manqué l'occasion de trouver les petites Julie et Melissa lors d'une perquisition à Marcinelle en décembre 1995.

Mercredi 5 mai 2004

Dutroux, psychopathe incurable selon les experts-psychiatres

BRUXELLES (Reuters) - Les parents du pédophile belge Marc Dutroux et les experts-psychiatres ont brossé mercredi le portrait d'un psychopate narcissique, totalement responsable de ses actes et qui ne peut être soigné par la médecine.

La cour d'assises de la petite ville d'Arlon a consacré la journée à l'examen de la personnalité du principal accusé de ce procès retentissant qui a commencé le 1er mars.

La mère de Marc Dutroux, Jannine Lauwens, ne s'est pas montrée tendre envers son fils qui, dès son enfance, montrait selon lui des signes d'un comportement pervers.

Son père, Victor Dutroux, qui a toujours douté être le père biologique de son fils, a lui aussi été un témoin à charge.

"Qu'est-ce qu'on peut dire à un individu pareil?", s'est-il interrogé lors d'un entretien à la télévision belge RTL-TVI à la sortie de la salle de la cour d'assises d'Arlon. "Qu'il pense à son salut éternel avant de penser à se disculper."

Sa première épouse, qu'il a battue comme plâtre pendant des années, même lorsqu'elle était enceinte, a raconté le calvaire qu'elle avait vécu aux mains de Marc Dutroux, qui est jugé pour l'enlèvement, la séquestration et le viol de six fillettes, dont quatre ont été retrouvées à l'état de cadavres.

SEULE SOLUTION, LA PRISON

Les experts-psychiatres et les psychologues chargés de cerner sa personnalité ont quant à eux décrit un psychopathe parfait qui ne peut être soigné, la psychopathie n'étant pas une maladie curable mais un trait de caractère définitif.

"Le psychopathe se considère comme le centre du monde: tout ce qui autour de lui n'est là que pour ses besoins", a dit le psychologue Francis Lavenne à la barre des témoins, selon l'agence de presse Belga.

L'interner serait donc dangereux pour la société, puisque Marc Dutroux risque de s'en servir pour récidiver, et la seule solution est donc l'enfermement dans une prison.

Associable, narcissique, insensible et sans remords, Dutroux serait responsable de ses actes et n'est même pas un pédophile au sens strict du terme, puisqu'il viole aussi des femmes mûres.

Dutroux avait violemment mis en cause ses parents, un couple d'instituteurs séparés depuis 1971 après avoir formé un couple chaotique, lors de sa déclaration à l'ouverture du procès.

"Ce n'est pas vraiment une éducation sévère, c'est une éducation de dingues", s'était-il plaint devant les jurés.

Selon lui, son père, qui lui avait très tôt dit ses doutes sur sa paternité, le battait souvent et sa mère le punissait.

"J'étais puni pour tout et pour rien", avait-il dit. "C'était toujours le même problème. Ma mère ne me supportait pas et mon père avait du mal à m'accepter en tant que fils".

Mercredi 05 mai 2004

Marc Dutroux décrit comme un grand psychopathe, manipulateur et orgueilleux

ARLON (Belgique) (AFP) - "Vrai psychopathe", "manipulateur", "pervers narcissique", "imbu de lui-même", "autoritaire", le portrait de Marc Dutroux dressé mercredi par des experts et des enquêteurs aux assises d'Arlon (sud-est de la Belgique), est accablant pour le principal accusé.

Les témoignages de sa première épouse, de son père, de sa mère et de sa soeur étaient attendues en fin d'après-midi mais ne devaient pas redorer son blason tant étaient détestables les relations de Marc Dutroux avec sa famille.

C'est un "manipulateur qui se présente en victime, dénie toute forme d'autorité, n'a établi aucun lien d'amitié durable, mais tient particulièrement à présenter une image positive de lui-même", ont conclu les enquêteurs qui ont interrogé une centaine de personnes.

Ces traits de caractères sont similaires à ceux relevés par les experts (psychiatre, neuropsychiatres, psychologue), qui ont conclu que Marc Dutroux est un "vrai psychopathe", "pervers narcissique" mais pas un pédophile au sens psychiatrique du terme.

Le Dr Walter Denys, qui a calculé avoir réalisé plus de 3.300 expertises judiciaires, a estimé qu'il n'avait rencontré que deux voire trois vrais psychopathes, que Marc Dutroux en faisait partie et qu'il était celui qui présentait "le pourcentage le plus élevé de traits psychopathiques".

Un psychopathe est "un sujet intelligent, manipulateur, qui n'a ni sentiment, ni remords", a-t-il rappelé.

Dutroux est également décrit comme "asocial" et "narcissique". Pour les experts, Dutroux "n'est pas un pédophile" car "sa sexualité n'est pas uniquement orientée vers les enfants".

Ce n'est pas non plus un pervers sexuel mais un "pervers narcissique" car son seul intérêt, c'est lui. "Il est le centre du monde", ont insisté les experts.

"Ce n'est pas un malade mental", ont-ils également souligné précisant que "la psychopathie n'est pas une maladie mais un trait de personnalité".

"On n'est pas responsable de sa personnalité, mais on peut la moduler", ont-ils ajouté, soulignant que "si le psychopathe veut changer son comportement il le peut".

Juridiquement, Marc Dutroux est responsable de ses actes et est "de nature à présenter un grand risque pour la société".

Les experts ont jugé la personnalité de l'accusé "difficilement compatible" avec celle du petit soldat qui obéirait "servilement, passivement et durablement" à un chef, tel que Dutroux se présente depuis le début du procès.

S'il y avait un intérêt important pour lui, il pourrait faire ponctuellement une mission sur ordre, ont-ils concédé, mais pas plus.

Interrogé par Sabine Dardenne, l'une des deux jeunes survivantes du pédophile, qui s'est dite "curieuse de savoir ce que pense Marc Dutroux" des expertises, ce dernier a répondu qu'il lui faudrait "du temps" pour répondre: "Je ne souhaite pas faire de synthèse, alors je préfère me taire".

"Comme d'habitude on n'a pas de réponse", a rétorqué la jeune fille aujourd'hui âgée de 20 ans et qui a été séquestrée et violée durant 80 jours dans la maison de Dutroux à Marcinelle, près de Charleroi (sud), alors qu'elle n'avait que 12 ans.

Marc Dutroux encourt la prison à vie notamment pour l'enlèvement, la séquestration et le viol de six fillettes et adolescentes belges, ainsi que la mort de quatre d'entre elles dont deux qu'il est accusé d'avoir assassinées.

Me Paul Quirynen, l'avocat des parents d'An Marchal, une de ses victimes défuntes, a estimé "incroyable" que Marc Dutroux ait obtenu une libération conditionnelle en 1992, après une première condamnation pour des faits de moeurs sur des enfants.

Lundi 03 MAi 2004

Marc Dutroux »condamné» par les prisonniers belges, selon l'un d'eux

La »criminalité» de Marc Dutroux »est sévèrement condamnée en prison», a expliqué lundi un témoin, lui-même détenu pour d'autres crimes, au procès du pédophile devant les assises d'Arlon (sud-est de la Belgique).

L'homme, qui a souhaité que la presse taise son nom, a ajouté que les conditions de détention des prisonniers s'étaient dégradées en Belgique, à la suite des réformes décidées dans la foulée de l'affaire Dutroux.

»On ne veut pas justifier notre propre criminalité en disant que sa criminalité est plus grave que la nôtre. Sa criminalité est différente et elle est sévèrement critiquée en prison», a expliqué le témoin, appelé à déposer car, adolescent, il avait connu Dutroux à la patinoire de Charleroi (sud).

»Tout le monde évitait de le fréquenter», a-t-il ajouté, expliquant que Dutroux, âgé à l'époque d'une vingtaine d'années, faisait tomber des fillettes de 10 ou 12 ans afin d'ensuite les aider à se relever et en profiter pour les »tripoter».

»La quasi totalité des détenus est émue par le sort des victimes», a souligné l'homme, alors que son témoignage touchait à sa fin.

»Le sort des prisonniers est très lourd à cause des +réformes Dutroux+», a-t-il regretté, citant le cas des libérations conditionnelles qui n'existent quasiment plus. »Tout ça pour un individu».

De ce fait, »les prisons sont devenues une véritable poudrière», parce que les prisonniers sont peu préparés à leur sortie, »laissés à l'abandon».

»Tout le travail (psychologique, NDLR) fait pour comprendre la victime est réduit à néant» quand le détenu se voit refuser toute libération conditionnelle, a-t-il encore insisté.

De son côté, l'avocat de Sabine Dardenne, l'une des deux survivantes, Me Jean-Philippe Rivière a demandé au président que la cour d'assises d'Arlon »ne se transforme pas en lieu de revendication de détenus», ajoutant, hors audience, qu'on est »encore une fois bien loin des méfaits de Dutroux».

Marc Dutroux encourt la prison à vie pour, entre autres crimes, l'enlèvement, la séquestration et le viol de six fillettes et adolescentes belges, ainsi que la mort de quatre d'entre elles dont deux qu'il est accusé d'avoir assassinées.

29 Avril 2004

Le principal avocat du pédophile a failli lâcher son client

Incident entre Me Magnée et Dutroux

LE principal avocat de Marc Dutroux, Me Xavier Magnée, a failli rompre les ponts hier avec son client, embarqué depuis le début de son procès devant les assises d'Arlon dans une stratégie que même ses défenseurs ne parviennent pas toujours à suivre.

Après s'être entretenu avec Dutroux alors qu'il avait quitté l'audience en milieu de matinée, Me Magnée a toutefois décidé de continuer à défendre l'« ennemi public numéro un » sans s'expliquer sur la nature du différend qui l'opposait à son client.

Depuis le début de son procès, Marc Dutroux, jugé entre autres pour le rapt, la séquestration et le viol de six fillettes et adolescentes entre juin 1995 et août 1996, ainsi que la mort de quatre d'entre elles, dont deux qu'il aurait assassinées, se présente comme le simple rouage d'un vaste réseau pédophile. Sur la même ligne, Me Magnée, qui se veut à la « recherche de la vérité », avait critiqué ces dernières semaines un procès « incomplet » ; mais l'avocat était apparu marqué cependant mardi lors du déplacement de la cour d'assises à Marcinelle (sud), où Dutroux séquestrait ses victimes. Depuis quelques jours, Me Magnée ne parlait plus de « réseaux », préférant évoquer des « associations de malfaiteurs ».

L'incident d'hier n'a pour autant pas troublé les débats de la cour d'assises, qui s'est penchée sur les agissements au milieu des années 1980 de Michel Nihoul. Selon des magistrats, l'escroc notoire a notamment tenté à l'époque de s'immiscer dans des enquêtes de la gendarmerie en se faisant passer pour un collaborateur du ministre de la Défense.

« Aujourd'hui, nous avons droit à un peu de tout et à beaucoup de n'importe quoi », a commenté l'avocat de Nihoul, Me Frédéric Clément de Cléty, en soulignant que ces faits avaient eu lieu près de dix ans avant le déclenchement de l'affaire Dutroux.

mardi 27 avril 2004, 16h11

Belgique: la cour jugeant Dutroux se déplace sur les lieux du crime

MARCINELLE (AFP) - La cour d'assises d'Arlon (sud-est) qui juge actuellement Marc Dutroux s'est transportée mardi sous haute protection dans la maison de Marcinelle, dans la banlieue de Charleroi (sud), où le pédophile séquestrait ses jeunes victimes.

La cour, les jurés, les accusés dont Dutroux, le ministère public, les avocats de la défense, les parties civiles sont venues à cette visite à 180 kilomètres du lieu du procès, qui était demandée par les jurés et des parties civiles.

Trente journalistes sélectionnés, et privés de tout moyen de communication avec l'extérieur jusqu'à leur retour à Arlon prévu en fin d'après-midi, étaient également du voyage, protégé par un impressionnant déploiement policier.

Laetitia Delhez et Sabine Dardenne, les deux rescapées de la cache de Marcinelle, sont revenues à l'endroit où elles ont été séquestrées.

Juste avant de partir mardi matin, Laetitia a confié aux journalistes qu'elle voulait retourner sur place "pour se rendre bien compte" de ce qui s'est passé.

La jeune femme a voulu être accompagnée de membres de sa famille, pour que eux aussi "se rendent compte de ce que j'ai vécu", a-t-elle expliqué.

Les Mercedes blindées transportant Dutroux et deux de ses co-accusés, son ex-épouse Michèle Martin et son homme de main Michel Lelièvre, sont arrivées les premières peu avant 10h00 GMT, devant la maison du 128, rue de Philippeville, un étroit bâtiment de briques rouges aux fenêtres obturées.

Les autocars transportant la cour sont arrivés un peu plus tard dans la petite artère bordant une voie ferrée, protégée des regards par des bâches.

Les journalistes non invités à participer à la visite et le public étaient maintenus à distance, la police ayant entièrement bouclé le quartier.

La cour, suivie du ministère public puis des jurés, a procédé en premier à l'examen de la cache dissimulée dans la cave, où les fillettes kidnappées étaient enfermées le plus clair du temps, ainsi que de certaines autres pièces de la maison.

Selon la télévision publique belge RTBF, Marc Dutroux s'est dit victime d'un malaise et a demandé à être examiné par un médecin, avant finalement de rentrer dans la maison comme prévu.

Patricia Martin, la mère de Laetitia Delhez, a elle aussi été prise de malaise alors qu'elle venait d'effectuer la visite de la maison, selon l'agence Belga.

Elle a été transportée en brancard vers une ambulance qui stationnait à proximité de la maison pour y recevoir des soins.

Les familles des victimes de Dutroux ont toutes fait le déplacement, à l'exception de Carine et Gino Russo, parents de la petite Melissa (8 ans), enlevée en juin 1995 près de Liège (est) avec son amie Julie Lejeune. Les corps des deux fillettes avaient été retrouvés en août 1996.

Pour les parties civiles, il était important que la cour puisse aussi "voir, sentir, entendre l'atmosphère de l'endroit où les petites sont restées si longtemps", a expliqué juste avant de partir à Marcinelle Paul Quirynen, l'avocat du père d'An Marchal, que Dutroux est accusé d'avoir assassinée.

"Ce n'est pas la meilleure journée pour la défense", a reconnu pour sa part l'un des avocats de Marc Dutroux, Me Ronny Baudewijn.

Marc Dutroux, dont le procès s'est ouvert le 1er mars, encourt une peine de prison à vie pour, entre autres crimes, l'enlèvement et le viol de six fillettes et adolescentes belges entre juin 1995 et août 1996, ainsi que la mort de quatre d'entre elles, dont deux tuées par lui.

lundi 26 avril 2004, 20h13

Procès Dutroux: un juré suppléant récusé pour s'être montré partial

ARLON (Belgique) (AFP) - Un juré suppléant au procès du pédophile Marc Dutroux devant la cour d'assises d'Arlon, dans le sud-est de la Belgique, a été récusé lundi pour s'être montré partial au détour d'une question à un enquêteur appelé à la barre des témoins.

Ce juré interrogeait l'enquêteur Hervé Marcel sur le sort que Dutroux aurait pu réserver à informateur de la gendarmerie, Claude Thirault, s'il avait su que celui-ci dénonçait à la gendarmerie ses projets d'enlèvements d'enfants depuis 1993.

L'enquêteur, Hervé Marcel, a estimé lundi que Dutroux aurait pu "liquider" Thirault après l'avoir drogué. "Comme il l'a fait avec Weinstein", a alors commenté le juré suppléant, provoquant immédiatement une suspension de l'audience.

Bernard Weinstein, un truand français complice de Dutroux dans divers vols, avait été retrouvé mort en août 1996 dans une propriété du pédophile à Sars-La-Buissière, près de Charleroi (sud).

Dutroux, qui avait avoué durant l'instruction avoir assassiné Weinstein en novembre 1995, affirme depuis l'ouverture de son procès le 1er mars dernier que son "ami Bernard" a été tué par Gérard Pinon, un homme soupçonné de vols de voiture dans la région de Charleroi.

A la reprise des débats, le président de la cour, Stéphane Goux, a annoncé au juré qu'il ne remplissait plus la condition d'impartialité nécessaire à sa fonction et qu'il "pouvait disposer".

En Belgique, les jurys populaires sont composés de 12 jurés effectifs et de 12 jurés suppléants. Tous peuvent poser directement des questions aux accusés et aux témoins, mais il ne peuvent à cette occasion donner l'impression que leur conviction sur la culpabilité éventuelle des accusés est déjà établie.

Marc Dutroux encourt une peine de prison à vie pour, entre autres crimes, l'enlèvement et le viol de six fillettes et adolescentes belges entre juin 1995 et août 1996, ainsi que la mort de quatre d'entre elles, dont deux tuées par lui. Il doit également répondre de l'assassinat de Bernard Weinstein.

Mercredi 21 Avril 2004

Procès Dutroux: Sabine et Laetitia crient leur colère

Après le témoignage lundi de Sabine Dardenne, la cour d'assises d'Arlon (sud-est de la Belgique), où est jugé Marc Dutroux, a de nouveau plongé mardi dans l'horreur avec l'audition de Laetitia Delhez, la seconde victime survivante du pédophile.

Les témoignages de Sabine et Laetitia, toutes deux enlevées puis séquestrées et violées par Dutroux dans sa maison à Marcinelle (sud) en 1996, ont semblé remettre enfin sur les rails un procès, ouvert le 1er mars, qui donnait ces dernières semaines des signes d'enlisement.

Sur le fond, ils n'auront cependant pas permis de véritables percées, laissant en particulier ouverte la question de savoir si le pédophile avait agi avec quelques complices ou, comme il l'affirme à présent, pour le compte d'un réseau.

Presque huit ans après les faits, les deux jeunes femmes, impressionnantes de détermination, avaient tenu à témoigner pour voir leur tortionnaire, comme l'a dit Sabine Dardenne, droit "dans les yeux".

Confronté pour la première fois à ses victimes, Marc Dutroux a lui exprimé ses "regrets", immédiatement rejetés par les deux jeunes femmes, excédées.

"Je me rends compte du mal que j'ai fait. Franchement, je le regrette. Je tiens à vous présenter mes excuses les plus plates", a déclaré mardi Marc Dutroux, à l'issue du témoignage de Laetitia.

Ces propos ont fait bondir Sabine et Laetitia, qui l'ont sommé de se taire. "Il est trop tard pour cela. Ses excuses, pour être vulgaire, il peut crever avec", a lancé Sabine.

Sabine Dardenne, 20 ans, avait livré lundi un témoignage accablant sur les sévices endurés durant 80 jours, gagnant au passage l'admiration de tout un pays.

Laetitia Delhez, de deux ans son aînée, qui a passé six jours à Marcinelle, dont trois avec Sabine dans la sinistre cache aménagée dans la cave, a raconté mardi à son tour son calvaire, détaillant son enlèvement, les viols, les privations et la "peur" constamment ressentie.

La jeune femme blonde, vêtue d'un pull-over noir, a refusé de prêter le serment habituel des témoins: "Je jure de dire toute la vérité, mais je ne me sens pas capable de parler sans haine et sans crainte", a-t-elle expliqué.

Sabine Dardenne et Laetitia Delhez, enlevées respectivement le 28 mai et le 9 août 1996, ont été libérées le 15 août 1996, trois jours après l'arrestation de Dutroux.

Dutroux encourt la prison à vie pour, entre autres crimes, l'enlèvement et le viol de six fillettes et adolescentes et la mort de quatre d'entre elles, dont deux tuées par lui.

Lors de son audition d'à peine une heure, Laetitia est apparue aussi digne et déterminée que Sabine la veille, mais aussi plus hésitante, se disant à plusieurs reprises incapable de se souvenir de certains faits. Comme d'autres victimes du pédophile, la jeune femme, alors âgée de 14 ans, avait été droguée par Dutroux.

Laetitia a détaillé l'horreur de sa séquestration, évoquant notamment les moqueries de Dutroux lorsqu'il la violait. "Il s'en foutait. Il disait: +Ca fait mal?+, comme si cela le faisait rire", a-t-elle expliqué.

Elle a également rappelé avoir entendu des bribes de conversations téléphoniques passées par Dutroux, dont les mots "Michel" et Jean-Michel", puis "Ca a marché".

Dutroux affirme depuis le début du procès qu'il a enlevé six jeunes victimes pour le compte d'un réseau pédophile orchestré par un de ses co-accusés, l'ancien homme d'affaires Michel Nihoul. Celui-ci, inculpé pour l'enlèvement de Laetitia, nie tout liens avec les rapts.

Dans la matinée, des enquêteurs ont semblé le disculper, indiquant ne disposer d'aucun "élément concret" permettant de faire un lien entre ces différents bouts de phrases, et encore moins avec un enlèvement.

Mardi, Michelle Martin, l'ex-épouse de Dutroux, a elle-aussi demandé pardon aux jeunes femmes, depuis le box des accusés. "Je ne veux pas écouter vos regrets", lui a sèchement répondu Laetitia. "Le mal est fait".

Lundi 19 Avril 2004

Sabine Dardenne accable Dutroux mais n'obtient pas de réponse

Avec émotion mais aussi une impressionnante détermination, Sabine Dardenne a livré, face à Marc Dutroux lundi aux assises d'Arlon (sud-est de la Belgique), un témoignage accablant sur les 80 jours de calvaire auxquels elle a survécu dans la cache du pédophile.

Presque huit ans après les faits, la jeune femme, aujourd'hui âgée de 20 ans, n'a toutefois pas pu obtenir de véritable réponse à son unique question: pourquoi le pédophile ne l'avait pas "liquidée"?

"Je voudrais demander une chose à Marc Dutroux. Même si je connais un peu la réponse, je voudrais savoir, venant de lui qui se plaignait de mon caractère de cochon, pourquoi il ne m'a pas liquidée", a déclaré Sabine, en se tournant vers son ancien tortionnaire.

D'une voix froide, Dutroux a éludé en assurant qu'il "n'avait jamais été question de la liquider", tout en reconnaissant avoir "abusé d'elle".

"Ce n'est pas très convaincant. Je n'ai plus rien à dire", a réagi la jeune femme, dont c'était la première confrontation avec Marc Dutroux depuis 1996.

Sabine Dardenne avait été enlevée à l'âge de 12 ans et demi par Dutroux et son homme de main Michel Lelièvre, le 28 mai 1996 à Kain, près de Tournai (sud-ouest). Elle avait été libérée le 15 août 1996, après deux mois et demi passés le plus souvent enfermée dans la cave du pédophile à Marcinelle (sud).

Lundi, la jeune fille a récusé le "pardon" sollicité par l'ex-épouse de Dutroux, Michelle Martin. "Vous qui saviez où j'étais, avec qui, ce qu'il a fait. Je suis désolée mais votre demande de +pardon+ je ne l'accepte pas", a-t-elle dit.

La jeune femme a raconté pendant environ une heure comment elle avait été enlevée, séquestrée, abusée, et ses quelques jours de détention commune avec l'autre victime survivante de Dutroux, Laetitia Delhez, qui viendra témoigner mardi après-midi.

Le rapt de Laetitia, le 9 août 1996 à Bertrix (sud-est), avait été celui de trop pour Dutroux. Rattrapé le 13 par les enquêteurs, le pédophile allait les conduire 48 heures après à la sinistre cache où les deux adolescentes étaient enfermées.

D'une voix claire, directe, étouffant à l'occasion de petits sanglots, Sabine a détaillé comment Dutroux l'avait conditionnée et comment elle s'était organisée dans la solitude, par exemple en tenant un petit carnet.

La jeune femme ne s'est pas étendue sur les sévices endurés. "Il m'a dit qu'il m'avait sauvé la vie et qu'il y avait un grand méchant chef qui en voulait à mon père", a-t-elle raconté, disant même avoir été "contente" d'être conduite dans la cache. "Je me suis dit +Là, on ne va pas me trouver+".

Mais, a-t-elle souligné, "j'avais toujours la peur au ventre qu'il vienne me chercher et que ce soit fini".

En marge de l'audience, la mère de Laetitia, Patricia Martin, et Pol Marchal, le père d'An, une autre victime de Dutroux, ont été pris de malaises, semble-t-il sans gravité, et emmenés à l'hôpital.

L'avocat de Sabine, Jean-Philippe Rivière, a évoqué au sortir de l'audience l'"énorme soulagement" de sa cliente. "Elle a eu ce qu'elle attendait depuis des années, pouvoir voir (Dutroux) en face", mais elle n'a "pas eu de réponses à ses questions".

"Elle a vécu pendant sa séquestration avec l'obsession de la mort. En 2004, cette obsession reste présente", a souligné Me Rivière.

Un psychologue et un psychiatre, qui avaient examiné Sabine après sa libération, ont expliqué à la barre des témoins que la jeune fille avait souffert, entre autre choses, de "cette immense menace de mort qui était constamment là". "Ce qui l'a sauvée, c'est sa détermination de la vie", a conclu l'un d'eux.

Marc Dutroux encourt la prison à vie pour, entre autres crimes, l'enlèvement et le viol de six fillettes et adolescentes belges entre juin 1995 et août 1996, et la mort de quatre d'entre elles, dont deux assassinées par lui.

Mercredi 14 Avril 2004

Marc Dutroux nie l'assassinat de Bernard Weinstein

Marc Dutroux a de nouveau réaffirmé ce matin devant la cour d'assises qu'il n'avait pas tué Bernard Weinstein, contredisant ainsi la version des faits qu'il a donnée lors de l'enquête. Selon lui, l'assassinat a été commis par Gérard Pinon et Michelle Martin à la fin du mois de mars ou au début du mois d'avril 1996. A l'audience, il a également remarqué que Gérard Pinon était aussi impliqué dans l'assassinat de An et d'Eefje.

Pour les experts, il n'est pas impossible que Bernard Weinstein, dont l'état de putréfaction était plus avancé que celui de Julie et de Mélissa, soit mort au début du mois de décembre 1995. C'est faux, selon Marc Dutroux qui a expliqué que s'il avait su que Bernard Weinstein était décédé à cette date, il ne lui aurait pas demandé de veiller sur Julie et Mélissa qui étaient séquestrées dans la cache de Marcinelle.

"Je ne l'ai pas tué. C'était le seul ami que j'avais", a commenté l'accusé. Marc Dutroux a également précisé que Michel Lelièvre n'avait jamais été mis au courant de l'existence de la cache. "Dans mes déclarations, je lui ai fait jouer le rôle de Bernard Weinstein", a-t-il remarqué. Les explications de Marc Dutroux n'ont pas satisfait ni Michelle Martin, ni le ministère public, ni les parties civiles.

L'ex-épouse de Marc Dutroux, qui a qualifié les dernières déclarations de l'accusé d'"aberrantes", a rappelé que le 25 novembre 1995, Marc Dutroux lui avait rendu visite à l'hôpital où elle venait d'accoucher et lui avait dit: "j'ai deux nouvelles. Une bonne et une mauvaise. La bonne, c'est que j'ai acheté un mobile home. La mauvaise, c'est que j'ai dû supprimer Weinstein parce qu'il voulait supprimer Julie et Mélissa".

Me Quirynen, le conseil de la famille Marchal, a regretté que Marc Dutroux essaye une nouvelle fois de jouer les héros. "Sa responsabilité est claire", a-t-il commenté, en précisant que devant de telles déclarations, il avait "du mal à rester calme". Me Beauthier à pour sa part parlé d'"aveux à reculons" tandis que Me Fermon a ajouté que le décès de Bernard Weinstein s'inscrivait dans le cadre des activités délictueuses commises par Marc Dutroux dans le cadre d'une association de malfaiteurs. "Il faut tenter de comprendre quelle activité criminelle a été à l'origine du différend entre les deux hommes", a-t-il remarqué.

Mercredi 14 Avril 2004

Michel Nihoul, toujours absent du box des accusés

Michel Nihoul sera à nouveau représenté par ses seuls avocats aujourd'hui devant la cour d'assises d'Arlon car il devra à nouveau subir des examens médicaux, a indiqué hier l'un de ses avocats, Me Xavier Attout. Michel Nihoul, qui souffre de problèmes cardio-vasculaires, avait quitté l'audience de la cour d'assises d'Arlon mercredi dernier. Il avait été hospitalisé à la clinique Saint-Joseph d'Arlon, clinique qu'il avait pu quitter jeudi après-midi. Son état n'avait pas été jugé inquiétant par les médecins. Michel Nihoul a subi de nouveaux examens médicaux hier à la clinique Saint-Joseph. Ceux-ci se poursuivront ce matin, a indiqué son avocat. Michel Nihoul, le seul des quatre accusés à comparaître libre, peut être représenté par ses seuls avocats devant la cour d'assises.

Mercredi 14 Avril 2004

Procès Dutroux : La cour entame le volet Weinstein


La cour d'assises poursuivra aujourd'hui, après cinq jours de suspension, l'examen du volet assassinat de Bernard Weinstein, dont est accusé uniquement Marc Dutroux, qui, après avoir avoué en début d'enquête cet assassinat, le conteste depuis l'ouverture du procès d'assises. Le cadavre de Bernard Weinstein, enterré vivant, a été exhumé du jardin de Sars-la-Buissière le 17 août 1996. Les enquêteurs estiment qu'il a été assassiné à la fin du mois de novembre 1995.

Bernard Weinstein, un Français instable et marginal qui connaissait Marc Dutroux depuis 1994, était alors recherché par la police. En compagnie de Marc Dutroux, il avait séquestré deux hommes et la copine de l'un d'entre eux dans son chalet de Jumet, le 4 novembre 1995. Dutroux et Weinstein estimaient que les deux hommes les avaient doublés dans le vol d'un camion. Les policiers qui ont fait rapport sur l'enquête jeudi seront interrogés par les parties ce matin. Ils seront suivis à la barre par d'autres policiers ainsi que des experts qui ont examiné le cadavre de Bernard Weinstein. L'autopsie avait conclu qu'il respirait encore lorsqu'il avait été jeté au fond d'un trou creusé dans le jardin de Sars-la-Buissière.

Dans l'après-midi, la cour entendra onze témoins. Le premier est Gérard Pinon, que Marc Dutroux accuse désormais de l'assassinat de Bernard Weinstein. Inculpé pour ce fait, Gérard Pinon, qui était la personne la plus proche de Bernard Weinstein, avait bénéficié d'un non-lieu par la chambre des mises en accusation. Bernard Weinstein s'était caché chez lui alors qu'il était recherché par la police pour la séquestration des trois jeunes.

Annie Bouty, l'ex-compagne de Michel Nihoul, sera, elle aussi, appelée à la barre. Elle a expliqué lors de l'enquête que Marc Dutroux et Bernard Weinstein étaient venus chez elle pour se procurer de faux papiers pour le second qui voulait fuir à l'étranger car il était recherché par la police. Michel Nihoul, après avoir nié avoir été approché par les deux hommes, ne l'a plus contesté.

Une des sœurs de Bernard Weinstein, ainsi que des personnes qui l'ont fréquenté ou vu dans la région de Charleroi seront également entendues à la barre. Ce volet Weinstein devrait également être examiné demain matin avant que la cour n'aborde dans l'après-midi l'enlèvement et la séquestration de Sabine Dardenne, expliqués par des policiers qui ont travaillé sur l'enquête.

Vendredi 09 avril 2004

Cinq jours de suspension à Arlon

La cour d'assises poursuivra mercredi prochain, après cinq jours de suspension, l'examen du volet assassinat de Bernard Weinstein, dont est accusé le seul Marc Dutroux, qui, après avoir avoué en début d'enquête cet assassinat, le conteste depuis l'ouverture du procès d'assises.

Le cadavre de Bernard Weinstein, enterré vivant, a été exhumé du jardin de Sars-la-Buissière le 17 août 1996. Les enquêteurs estiment qu'il a été assassiné à la fin du mois de novembre 1995. Bernard Weinstein, un Français instable et marginal qui connaissait Marc Dutroux depuis 1994, était alors recherché par la police. En compagnie de Marc Dutroux, il avait séquestré deux hommes et la copine de l'un d'entre eux dans son chalet de Jumet, le 4 novembre 1995. Dutroux et Weinstein estimaient que les deux hommes les avaient doublés dans le vol d'un camion.

Les policiers qui ont fait rapport sur l'enquête hier seront interrogés par les parties mercredi matin. Ils seront suivis à la barre par d'autres policiers ainsi que des experts qui ont examiné le cadavre de Bernard Weinstein.

Dans l'après-midi, la cour entendra Gérard Pinon (photo), accusé par Marc Dutroux d'avoir tué Bernard Weinstein. Inculpé pour ce fait, Gérard Pinon a bénéficié d'un non-lieu par la chambre des mises en accusation.

Annie Bouty, l'ex-compagne de Michel Nihoul sera elle aussi appelée à la barre. Elle a expliqué lors de l'enquête que Marc Dutroux et Bernard Weinstein étaient venus chez elle pour se procurer de faux papiers pour le second qui voulait fuir à l'étranger. Michel Nihoul, après avoir nié avoir été approché par les deux hommes, ne l'a plus contesté.

Une des sœurs de Bernard Weinstein, ainsi que des personnes qui l'ont fréquenté ou vu dans la région de Charleroi seront également entendues à la barre.

Ce volet Weinstein devrait également être examiné jeudi matin avant que la cour n'aborde dans l'après-midi l'enlèvement et la séquestration de Sabine Dardenne, expliqués par des policiers qui ont travaillé sur l'enquête.

Vendredi 09 avril 2004

Nihoul a quitté l’hôpital

Michel Nihoul a quitté l'hôpital d'Arlon hier après-midi, a expliqué Me Xavier Attout à l'issue de l'audience. Il est cependant possible qu'il doive de nouveau être hospitalisé dans le courant de la semaine prochaine.

Michel Nihoul a été hospitalisé mercredi à la suite d'un malaise cardiaque. Il a subi des examens pendant deux jours à l'hôpital Saint-Joseph mais les médecins n'ont pas jugé son état inquiétant. L'accusé a quitté l'hôpital hier après-midi mais il se pourrait qu'il doive subir de nouveaux examens mercredi et jeudi. Selon Me Attout, il est donc peu probable que Michel Nihoul assiste à l'audience dans le courant de la semaine prochaine.

Vendredi 09 avril 2004

La famille Marchal renonce à la reconstitution

La famille Marchal renonce à sa demande de reconstitution de l'enlèvement d'An et Eefje à la côte belge le 23 août 1995, a indiqué hier Me Paul Quirynen devant la cour d'assises. L'avocat a précisé que la famille Marchal estimait qu'une telle reconstitution n'était plus nécessaire car les témoignages entendus au cours de derniers jours par la cour d'assises avaient "éclairé beaucoup de choses".

La famille Lambrecks, tout en ne s'opposant pas à cette de reconstitution, ne s'y était pas associée. La famille Marchal maintient néanmoins sa demande de projection de la vidéo du spectacle d'hypnose auquel avaient participé An et Eefje dans la soirée du 22 août. La famille Marchal estime en effet qu'An était dans un état second après avoir pris part à un numéro sur la scène du casino de Blankenberge.

Vendredi 09 avril 2004

Trois mobiles possibles pour l’assassinat de Weinstein

Trois policiers, entendus hier après-midi par la cour d'assises sur l'assassinat de Bernard Weinstein, ont dégagé trois mobiles possibles pour Marc Dutroux: s'accaparer son argent, protéger Julie et Mélissa de Bernard Weinstein ou la peur d'être dénoncé à la police.

Le cadavre de Bernard Weinstein, dont plus personne n'avait de nouvelles depuis novembre 1995, a été exhumé le 17 septembre 1996 du jardin de Sars-la-Buissière, sous les corps de Julie et Mélissa. Marc Dutroux a d'abord avoué l'assassinat, avant d'y impliquer Gérard Pinon. Depuis l'ouverture du procès, il nie toute participation, désignant Pinon et Michelle Martin.

Le chef d'enquête Michel Demoulin a souligné que Bernard Weinstein a été séquestré dans la cache de Marcinelle après avoir été drogué par des tartines au pâté sur lesquelles du Rohypnol avait été écrasé. Michelle Martin a expliqué que Marc Dutroux lui a confié l'avoir torturé pour lui faire avouer où était caché ses 700.000 francs d'économie. Marc Dutroux a toujours nié ce vol mais n'a pu justifier d'importants achats effectués à cette période, a précisé le policier.

Pour le policier, s'accaparer l'argent de Bernard Weinstein pourrait dès lors être un mobile. Il en présente néanmoins d'autres. Michelle Martin a dit que Marc Dutroux lui a confié que Bernard Weinstein voulait se débarrasser de Julie et Mélissa, a dit le policier, sans vouloir commenter. Il a développé un troisième mobile: Bernard Weinstein, qui se savait recherché pour la séquestration de trois majeurs avec Marc Dutroux, avait des projets de fuite en France et il aurait peut-être voulu parler à la police peu avant sa mort. Or, il était au courant de nombreuses activités de Marc Dutroux.

Bernard Weinstein cherchait des papiers pour sa fuite. Marc Dutroux l'a emmené chez Michel Nihoul pour en trouver. Ce dernier, après avoir nié dans un premier temps, ne l'a plus contesté, a dit M. Demoulin. Les trois policiers seront interrogés par les parties mercredi prochain.

Jeudi 08 avril 2004

Nihoul de retour à l'audience mercredi

Michel Nihoul, admis hier à l'hôpital Saint-Joseph d'Arlon pour des examens médicaux, devrait quitter l'hôpital cette après-midi, a indiqué un de ses avocats, Me Xavier Attout. Michel Nihoul, qui est représenté depuis hier matin par ses seuls avocats devant la cour d'assises d'Arlon, devrait pouvoir revenir dans le box des accusés pour la prochaine audience, prévue mercredi, a ajouté l'avocat.

La cour doit en effet suspendre la session en fin de journée pour ne la reprendre que le mercredi 14 avril en raison du congé de Pâques.

Hier après-midi, Robert de Fays, le directeur médical de l'hôpital Saint-Joseph, a expliqué que l'état clinique de Michel Nihoul n'était pas inquiétant. Le malaise de Michel Nihoul est de nature médicale plutôt que chirurgicale, a précisé M. de Fays, se retranchant cependant derrière le secret médical pour s'exprimer sur la nature du malaise de Michel Nihoul. Michel Nihoul, qui est conscient, subit des examens. Il ne se trouve pas au service de réanimation. Aucune mesure spécifique n'a été prise pour assurer la sécurité et l'encadrement de Michel Nihoul, a conclu Robert de Fays.

Jeudi 08 avril 2004

Dutroux ne voulait pas tuer les trois adultes séquestrés

"Je ne voulais pas les supprimer. Entre gangsters, on trouve un arrangement. Mieux vaut utiliser des soporifiques que la violence. On n'a pas affaire à des gringalets", a expliqué Marc Dutroux ce matin devant la cour d'assises d'Arlon en évoquant la séquestration de Philippe Divers et de Pierre Rochow. Il voulait ainsi rassurer Me Beauthier qui se demandait si les victimes auraient pu être tuées et enfouies dans le jardin de Jumet comme An et Eefje.

Marc Dutroux a reconnu avoir séquestré pendant quelques heures Philippe Divers et Pierre Rochow ainsi que la copine de ce dernier, Bénédicte Jadot. Il a commis les faits en compagnie de Bernard Weinstein les 4 et 5 novembre 1995.

Selon l'enquêteur Arthur Barthelemy, entendu comme témoin aujourd'hui par la cour, les deux hommes pensaient que Philippe Divers et Pierre Rochow les avaient doublés dans le vol d'un camion Fabricom. Ce camion, volé en septembre 1995 par Divers et Weinstein, avait été entreposé dans un hangar appartenant à Gérard Pinon. Ce dernier avait découvert le véhicule et avait averti le commissaire Georges Zicot. Le 30 octobre 1995, celui-ci avait fait sortir le camion du hangar et l'avait abandonné sur un parking à Ransart. Un PV avait alors été dressé suite à la découverte de ce véhicule.

En constatant la disparition du véhicule, Marc Dutroux et Bernard Weinstein avaient soupçonné les deux jeunes gens de les avoir doublés en emmenant le camion. Ils ont alors souhaité les interroger. Ils les ont convoqués chez Weinstein (photo), rue Daubresse à Jumet, puis les ont drogués avant de les attacher. Marc Dutroux a utilisé une arme pour menacer les victimes.

Weinstein et Dutroux ont profité de la séquestration de Rochow et de Divers pour aller fouiller la maison de Pierre Rochow à Waterloo afin de trouver des indices quant au camion. Là, ils ont découvert Bénédicte Jadot, qu'ils ont emmenée avec eux à Jumet. Ils l'ont droguée et l'ont laissée, croyant qu'elle dormait. La jeune fille, qui avait pu recracher deux médicaments, a cependant pu s'enfuir et a donné l'alerte. C'est ainsi que Pierre Rochow et Philippe Divers ont été découverts par les forces de l'ordre.

Marc Dutroux a été identifié au début du mois de décembre 1995. Il a tenté d'acheter le silence de ses victimes et a même changé de physionomie, en se rasant la moustache et en se coupant les cheveux, pour ne pas être reconnu par Bénédicte Jadot. Mais il a été formellement identifié et a été incarcéré du 6 décembre 1995 au 20 mars 1996, alors que Julie et Mélissa devaient se trouver dans la cache de la maison de Marcinelle.

Philippe Divers, Pierre Rochow et Gérard Pinon devraient être entendus par la cour cette après-midi. Bénédicte Jadot se trouve quant à elle en vacances.

Jeudi 08 avril 2004

Zicot et Dutroux n’auraient pas tout dit

Le commissaire Jean-Pierre Verduyckt s'est dit persuadé que Marc Dutroux n'a pas avoué tous les faits qu'il a commis. Il a ainsi cité deux viols commis en 1995, dont un suivi de tentative d'assassinat et une tentative d'enlèvement en 1994. Ces dossiers sont instruits à Charleroi ou à Mons. Au cours de son témoignage, M. Verduyckt a laissé entendre que l'inspecteur de la PJ Georges Zicot (photo) n'a pas dit tout ce qu'il savait sur les activités criminelles de Marc Dutroux.

Jean-Pierre Verduyckt est un des policiers qui a traité les nombreuses informations reçues via le numéro vert installé à Neufchâteau après l'arrestation de Marc Dutroux. Il a expliqué qu'en mai ou juin 1994, Virginie Pinon, alors âgée de 13 ans a été victime d'une tentative d'enlèvement. Son agresseur a été mis en fuite. En 1996, elle a dit reconnaître Marc Dutroux.

M. Verduyckt (photo) s'est dit troublé par un dessin, daté du 20 août 1995, que la mère de Virginie a retrouvé, en 1997 après la mort de sa fille des suites d'une mucoviscidose. Il montre une fillette enchaînée et bâillonnée sur une chaise, le pantalon partiellement baissé. Or, a souligné M. Verduyckt, Gérard Pinon qui adorait sa fille, connaissait très bien Weinstein et Dutroux et le dessin date d'une période où Julie et Mélissa étaient vraisemblablement en vie. "A-t-elle vu ou entendu quelque chose? C'est perturbant", s'est-il interrogé. Gérard Pinon, qui a été impliqué dans des vols avec Marc Dutroux, sera entendu ce jeudi par la cour d'assises.

Le témoin a encore cité deux viols commis en novembre 1995 à Obaix et à La Louvière le long d'un canal. A Obaix, la victime a été emmenée dans une voiture qui ressemblait à celle de Marc Dutroux qui connaissait très bien les lieux. Elle a été chloroformée et laissée pour morte après avoir reçu des coups de couteau. Du chloroforme a été retrouvé chez Marc Dutroux un mois plus tard, a souligné M. Verduyckt. "Je suis de ceux qui croient qu'il n'a pas tout avoué", a dit M. Verduyckt, précisant que Marc Dutroux a dit avoir connu un "mois de novembre très mouvementé".

M. Verduyckt a mis en cause le rôle de l'inspecteur Zicot dans le dossier du viol d'Obaix. Il a précisé qu'un témoin a vu l'agresseur et a dit avoir été contacté par deux policiers en civil. Mais il n'y a pas eu de pv, a précisé M. Verduyckt. Ce rôle trouble de l'inspecteur Zicot, qui devra comparaître en correctionnelle à Nivelles avec Dutroux pour violation du secret professionnel, a été dénoncé à plusieurs reprises par M. Verduyckt. Pour le commissaire, M. Zicot n'a pas toujours donné des suites judiciaires aux informations sur des vols de véhicules par Marc Dutroux et Bernard Weinstein qui lui étaient pourtant transmises "en temps réel" par Gérard Pinon

Jeudi 08 avril 2004

Les accusés se sentent responsables de la mort d’An et Eefje

La cour d'assises d'Arlon a clôturé hier le volet "An et Eefje" après moins de deux jours de débats. Elle a débuté l'examen du volet de la séquestration de trois jeunes adultes par Marc Dutroux et Bernard Weinstein.

"Je suis formelle pour dire que mon ex-mari a tué An et Eefje", a expliqué Michelle Martin hier après-midi devant la cour d'assises, répondant aux interrogations du conseil de Jean Lambrecks, Me Vercraeye. Avant la clôture du volet An et Eefje, le papa d'Eefje a souhaité connaître les circonstances et les raisons du décès de sa fille. Dans un interrogatoire empreint d'une grande dignité, le conseil de Jean Lambrecks a demandé à Marc Dutroux de donner des explications sur la disparition des deux jeunes filles.

Dutroux a accusé Lelièvre et Weinstein d'avoir conduit les adolescentes vers la mort. "Ils sont venus les chercher. Ils m'ont dit qu'elles partaient dans le réseau de Michel Nihoul. Je les ai laissées partir. Je le regrette beaucoup. Je leur ai dit qu'elles retournaient chez elles", a-t-il expliqué, reconnaissant qu'il leur avait donné du Rohypnol pour les rendre somnolentes. Marc Dutroux a déclaré qu'il ignorait que les jeunes filles allaient mourir. "Je l'ai appris plus tard, quand Weinstein a préparé son départ vers la Hongrie", a-t-il expliqué. Marc Dutroux, Qui s'est encore dit "choqué" d'apprendre que les deux jeunes filles étaient décédées, a déclaré qu'il se sentait responsable de leur mort.

Michelle Martin et Michel Lelièvre ont également reconnu qu'ils avaient une part de responsabilité. "Comment explique-t-on qu'une mère de trois enfants, même sous l'influence de son ex-mari, n'a rien fait pour sauver quatre enfants et libérer les deux autres", a demandé Joris Vercraeye. "Je me sens responsable", a simplement répondu Michelle Martin. "Vous l'êtes!", a affirmé le conseil de M. Lambrecks. "Oui Monsieur", a conclu l'accusée.

Par ailleurs, Marc Dutroux a reconnu avoir séquestré Philippe Divers, Pierre Rchow et Bénédicte Jadot, car, avec Weinstein, ils les soupçonnaient de les avoir doublés dans un vol de camion. "Il s'agit d'un règlement de comptes entre ferrailleurs", a expliqué le juge d'instruction de Charleroi, André Lorent, remarquant que les deux hommes séquestrés ne valaient pas mieux que Marc Dutroux. La cour poursuivra l'examen de ce volet aujourd'hui.

Mercredi 07 avril 2004

Nihoul hospitalisé après un malaise

Michel Nihoul, transporté à l'hôpital d'Arlon ce matin vers 11H00, n'est pas revenu au palais de justice à la reprise de l'audience cette après-midi. Il est toujours à l'hôpital où il subit des examens à la suite d'un malaise. C'est la première fois que Michel Nihoul est hospitalisé durant la période du procès. L'accusé, qui a déclaré ce matin au cours de l'audience qu'il se sentait mal, souffre de problèmes cardiaques et vasculaires.

A la fin du mois de février, quand Michel Nihoul avait demandé sa libération avant le procès, la chambre des mises en accusation de Liège avait souligné son mauvais état de santé. Michel Nihoul avait d'ailleurs été libéré. Comme il comparaît libre, il peut être représenté par ses conseils et les débats de la cour d'assises peuvent se poursuivre malgré son absence.

Par ailleurs, Marc Dutroux est apparu ce matin dans le box des accusés porteur d'une minerve. Selon le magistrat de presse, Philippe Morandini, c'est Marc Dutroux lui-même qui a demandé à pouvoir porter cette minerve.

Hier, un incident avait opposé les forces de l'ordre à Marc Dutroux. Ce dernier avait refusé de se soumettre à la fouille quotidienne et s'était rebellé. Selon les forces de l'ordre, il s'était ensuite cogné la tête contre le mur de sa cellule au palais de Justice. Marc Dutroux a été blessé à l'arcade sourcilière droite.

Mercredi 07 avril 2004

Toujours beaucoup de questions sur l’enlèvement d’An et Eefje

An et Eefje ont été enlevées à Ostende, le 23 août 1995 en début de nuit. Mais on ne sait pas où elles ont disparu, qui les a enlevées et quand. Les témoins entendus cette après-midi n'ont pas permis de répondre à ces questions. Les jeunes filles ont participé à un show d'hypnose au casino de Blankenberge. Elles sont sorties du casino vers 23H45 et ont rencontré un témoin peu après minuit. Elles semblaient paniquées car elles avaient raté le dernier tram qui pouvait les emmener à Westende mais étaient calmes et silencieuses.

Les deux jeunes filles ont pris le tram de 00H44 en direction d'Ostende. Durant le trajet, elles étaient assises non loin du conducteur, ont confirmé plusieurs témoins cette après-midi devant la cour d'assises. Des déclarations qui coupent court aux propos de Marc Dutroux et de Michel Lelièvre qui ont toujours déclaré qu'elles étaient assises à l'arrière du tram quand ils ont croisé le véhicule.

Les adolescentes ont quitté le tram vers 01H20, à Ostende. Les témoins présents sur les lieux ont tous confirmé qu'elles étaient seules et semblaient calmes. L'un d'eux a expliqué avoir vu une Citroën CX grise au comportement suspect, à proximité de la gare.

Pour Me Quirynen, le conseil de Paul Marchal, qui a réclamé une reconstitution des faits, il est bien possible que les deux jeunes filles aient été enlevées aux environs de la gare et non pas 2 ou 3 kilomètres plus loin comme le prétendent Dutroux et Lelièvre.

Lors de l'enquête, Marc Dutroux et Michel Lelièvre ont avoué l'enlèvement des deux Limbourgeoises. Mais devant la cour, Marc Dutroux a expliqué que les faits avaient été commis en compagnie de deux autres personnes, des policiers dont il ne connaît même pas le prénom. Interrogé aujourd'hui sur cette déclaration par Me Vercraeye, le conseil de Jean Lambrecks, Marc Dutroux a confirmé la présence des deux policiers appartenant à la "bande de Courcelles". "Mais en disant cela, je me mets en danger de mort. Je suis certain que ma vie ne durera pas longtemps après le procès", a-t-il expliqué. Michel Lelièvre a nié cette "présence policière". "C'est parce qu'il a peur", a commenté Marc Dutroux.

Les témoignages des dernières personnes qui ont vu les jeunes filles en vie, en dehors des accusés, ne permettent pas d'éclairer les familles sur la manière dont s'est déroulé l'enlèvement de An et Eefje. "Voilà 8 ans que je me pose des questions", a commenté le procureur du roi, Michel Bourlet, mettant en doute les déclarations de Lelièvre et Dutroux. "Mais s'il y a quelqu'un qui croit les dernières interventions de Monsieur Dutroux, ce n'est pas mon cas", a-t-il affirmé en conclusion. Le procureur du roi ne pense pas qu'elles aient pu être enlevées sans violence, en faisant de l'auto-stop.

Par ailleurs, la cellule disparitions du BCR n'a transmis aucune information à Bruges sur l'existence d'un suspect nommé Marc Dutroux, a confirmé ce matin devant la cour d'assises le commissaire Luc Van Tieghem (photo). Cette information avait cependant été communiquée, dès l'été 1995, à la BSR de Grâce-Hollogne, qui enquêtait sur la disparition de Julie et Mélissa et à Charleroi où était domicilié Marc Dutroux.

M. Van Tieghem a précisé que lors d'une très longue réunion au BCR en novembre 1995, on ne lui avait pas non plus parlé de Marc Dutroux. Ce n'est que le jour de l'arrestation de Marc Dutroux, le 13 août 1996, que le BCR a téléphoné à un de ses collègues brugeois pour dire qu'il fallait se préparer à toute éventualité car il y avait eu une percée dans le dossier Laetitia Delhez. Or, s'est étonné Me Fermon, avocat de Laetitia Delhez, les enquêteurs à Neufchâteau ont été surpris eux-mêmes le 15 août 1996 quand Marc Dutroux leur a dit qu'il détenait deux filles.