TEMOIGNAGES
TEMOIGNAGE DE

" SO"

Membre d'ENFINE : Association d'information et d'entraide autour des Troubles du Comportement Alimentaire

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L’anorexie du nourrisson ! Pourquoi refuser de manger dès que l’on a pointé le bout de son nez dans ce monde si mystérieux ? Je ne sais pas vraiment.

Je sais que d’avoir été une fille a toujours posé un problème à ma mère. Elle m’a très vite mise à l’écart et je n’avais pas beaucoup de chance face à un frère désiré. J’ai du chercher un autre repère. J’ai trouvé mon Papa sur mon chemin, un Papa avec qui j’avais une grande complicité, une relation fusionnelle. Pas de chance non plus !

Alors le temps passait et j’étais différente des autres, j’en avais toujours l’impression en tout cas. J’étais très petite et très mince, j’avais des plaques sans cheveux sur la tête et surtout j’étais profondément triste, même mélancolique. Mais mon Papa m’aimait malgré tout ça et il me surveillait beaucoup, parfois trop…

J’ai très mal vécu les années collèges parce que personne n’essayait de savoir pourquoi à 14 ans j’avais un corps d’une petite fille de 10 ans. Au fond pour moi ce n’était pas vraiment un problème, je m’étais déjà dépersonnalisée en faveur de l’anorexie et je ne voulais surtout pas de formes. Je souffrais de l’indifférence des autres.

Le tournant de ma vie a été la mort de mon Papa, la noël de ma seizième année. Il n’avait pas le droit de mourir parce qu’il me devait trop de la souffrance qu’il m’avait fait subir. J’ai eu la malchance d’avoir un Papa qui m’aimait beaucoup trop pour un père. Le statut change très vite, on passe de fille (si on l’a déjà été à ses yeux !?) à maîtresse, je suis passée d’une chose fragile à un objet. Pourquoi ?...

Pendant ce temps mon frère avait aussi été mis de côté car sa mère était limitée et incapable de s’occuper de quelqu’un d’autre que d’elle-même, c’est comme ça. Il est donc allé très jeune à la découverte du monde extérieur et avait apparemment aussi beaucoup appris au sein de la famille.

Dès qu’il voulait quelque chose de mon père il passait par moi et dés que nous avons eu un minimum de « liberté » il ne pouvait pas sortir sans m’emmener. Ainsi je n’étais jamais seule à l’extérieur. Que de grandes attentions !

A l’extérieur j’ai vu mon frère prendre plus de plaisir que s’il avait couché avec une fille mais j’étais encore une fois l’objet de plaisir. Pourtant je n’avais aucune forme mais j’entendais : « C’est pas grave ! Un trou c’t’un trou ! ». Il m’offrait à ses copains…………………………………………………………………………….

Je n’étais plus rien.

Les tentatives de suicide ont continué mais personne ne s’inquiétait, l’anorexie faisait son chemin mais on n’avait de toute façon toujours vu qu’elle, je n’étais pas sophie.

J’ai cru une fois que j’étais quelqu’un juste parce qu’un garçon me parlait gentiment, j’ai oublié ma méfiance des hommes car il ne faisait pas partie de la famille. Quelle idiote, lors d’une promenade il m’a sauvagement violée et laissée. Personne n’a jamais rien vu, j’étais morte depuis longtemps.

L’amour n’était en fait que de la souffrance soit par le viol soit par les coups. J’ai toujours ressentie une forte jalousie venant de ma génitrice, un sentiment pour moi ? Non fondé. Je lui prenais son mari alcoolique, incapable de travailler, j’élevais son dernier fils et je travaillais bien à l’école. Elle ne supportais pas et m’a toujours reproché une perfection que je n’ai jamais eu et d’avoir sa vie que je ne voulais en fait pas.

J’ai gardé tout ça puisque je ne parlais pas et que les passages à l’acte n’étaient pas compris. Mais après la mort de mon père j’ai pété un câble.

J’ai couché avec des hommes et je les jetais. Ainsi j’avais l’impression de me venger des autres mais chaque moment que j’ai passé avec eux a été vécu comme un viol. Je continuais l’œuvre de ceux qui m’ont détruite, je n’étais qu’une pute à bon marché.

On m’a crue perdue, folle. Je me suis retrouvée loin de mes bourreaux, en psychiatrie. Ma génitrice en avait assez de moi. Je suis partie pour finir de mourir, je n’étais qu’un squelette.

Mais un docteur a refusé de me laisser mourir. Il a été très patient, pour lui je n’étais pas folle je décompensais de la vie que j’ai eu et si j’étais encore là c’est qu’il y avait plus qu’un espoir.

Après une année d’hospitalisation et cinq mois en foyer, j’ai trouvé du travail dans un service de protection de l’enfance.

Ca fait maintenant trois ans que j’essaie d’entrer dans un moule mais je me perds encore plus.

Qui suis-je ?

Et malgré tout ça je reste la personne la plus pessimiste du monde. Je vis dans le passé, dans la mort, je suis toujours anorexique, je suis triste et je pense que je devrais mourir et laisser ma place à quelqu’un qui saura quoi faire de cette vie.

Ils m’ont tuée.

« L’inexistence et la solitude tuent mais la vie torture dans un lourd silence ». (so)

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