TEMOIGNAGES

TEMOIGNAGE DE MARIE CAMILLE

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C'était en aôut 1999. Je n'avais pas 15 ans. Puis en avril 2000.


Je n'existe plus. Je suis définitivement mise au rang des objets. Je ne sais plus ce qu'est vivre.


J'ai pleuré des litres et des litres de larmes, puisés au plus profond de mon corps, ce corps qui n'est plus le mien. J'ai perdu beaucoup de kilos, avalé des centaines de kilomètres à vélo et en courant. J'ai vomi des litres d'aliments et bu des millions de litres d'eau. J'ai vu nombres de fois le sang coulé de mes veines.

Nuit du 9 au 10 août 1999.

Je suis punie de ma naïveté.Le monstre me vole mon corps et ma virginité.

J'ai 14 ans et demi. J'aurai 15 ans dans 1 mois. Je suis mignonne, grande et frêle. Je suis timide voire repliée sur moi-même.

Une victime sans doute idéale.

Le monstre est grand, tout en muscle. Son regard est dur. Il ne faut pas le " chercher ". Je le connais depuis mes 9 ans. Ses parents se sont installés en tant que gardien dans la propriété de mes gds-parents en 1994 à la mort de mon gd-père. Il s'entends bien avec mon petit frère et mon cousin alors âgés de 8 ans. Le monstre a 13 ans.

Il dorme sous la tente. Nos grands cousins venaient chaque nuit les taquiner. Cela m'avait l'air sympa !! Cela me donna envie d'aller dormir avec eux . Jusqu'à l'été 1999, je n'ai dormi qu'une ou deux nuits avec eux.

Un après-midi. Il fait orageux. Le monstre passe devant une fenêtre derrière laquelle je ss. Il me fait signe de venir. Il me demande de venir dormir sous la tente le soir-même. Je n'ai pas envie mais il me paraît plutôt sympa même s'il n'est pas très apprécié de la famille. Ce soir-là, je n'ai pas dormi sous la tente. Le lendemain, je crois (ou alors peut-être était-ce avant), je suis assise sur le rebord du tennis. Il fait chaud. Je suis en train de regarder mes montagnes. Mes montagnes qui me "protègent". Il passe par là et s'asseoit à côté de moi. A ce moment-là, il met sa grosse main pleine de crasse sur mon sexe par dessus ma culotte... Il a toujours les mains toutes noires d'ailleurs. Oui, je suis en jupe ! Mais on ne va pas empêcher une fille de se mettre en jupe, l'été, à 35°C !! Il tente d'introduire sa main dans ma culotte. Je ne comprends pas, panique et me lève.

Voici ce qu'il me dit : " Tu ne sais pas ce que tu manques, tu aurais aimé !!"

Quelques jours plus tard, je décide malgré ( quelle conne !!) tout de tenter l'aventure. On ne dormis qu'à trois : mon frère, mon cousin et moi. Le monstre avait pris la tente de mon cousin, pour la planter en haut du parc et niquer avec Eva, la polonaise "allumeuse" disait-il. Je m'endors difficilement : Ce mec me répugnait. Il ne faisait ça que pour le "cul". Et sa copine ?? De quel droit ? " C'était décidé, c'est la dernière nuit que je dors sous la tente. " Eva partit deux jours plus tard en pleurant. Sa meilleure amie venait soi-disant de décéder.

Deux ou trois jours plus tard, je décidis de redormir sous la tente. Pourquoi me priver d'un bon moment avec mes cousins à cause de ce mec ? Cette nuit-là, mon cousin ne dors pas avec nous. Sans doute à cause d'une n-ième dispute avec l'autre pauvre type.

Cela fait plusieurs heures que nous sommes couchés. J'ai, je crois, du mal à dormir. Apparemment, le monstre ne dors pas non plus. Par contre, mon frère semble lui dormir. Je suis entre eux-deux sachant que le frérot est à ma droite en étant sur le dos. Je suis sur mon sac de couchage. Le monstre pose sa main sur ce corps qui ne m'appartient déjà plus, soulève ma jupe et commence à caresser cette même chose que l'autre jour. Je lui dis que je ne veux pas. Mais il s'en fout. Je ne suis rien. Puis il m'a fait des trucs... J'essaie de lui dire d'arrêter, certes pas de manière insistante. Oh mon petit frère !! Mais rien n' y fait !! " Je m'en fous, il dors !! Je mets la musique ! " Quel con !!! Il continue. J'ai mal, très mal. Je ne dis plus rien. J'ai peur. Je suis comme paralysée, je n'arrive plus à réfléchir. Je subis. Je pleure en silence. Mes sanglots se confondent avec ses soupirs. Quelle horreur !!

Cela a duré très longtemps. Il n'a pas mis de préservatif. Je suis contrainte de rester dormir sous la tente. Je rêve d'une douche froide comme pour me réveiller d'un affreux cauchemars mais aussi pour désinfecter ce corps impur. Aujourd’hui, c’est l’éclipse totale du soleil. Il s’est mis à faire très noir et très froid. La température a chutée de 37°C à 15°C, comme dans mon corps.

Je ne voulais pas y croire, pas croire à ce qu'il venait de m'arriver, par peur peut-être d'affronter la vérité. C'était trop dur, impossible à gérer.

Le matin, je m'éclipse de la tente. Direction la salle de bain, cette chère salle de bain qui prends tout d'un coup une place énorme dans mon existence.

Je me sens sale, très sale. Je me frotte, me décape, mais je me sens toujours aussi souillée. Quelque chose me fait mal. Je change tous mes habits.

Le soir, je ne sais pas ce qu'il s'est passé, mais je me retrouve dans la tente avec frère et mon cousin. Le monstre est sur le banc avec un copain et une "ex". Un des deux, je ne sais plus lequel, demande au monstre ce qu'il prévoit de faire ce soir. Il a répondu en ricanant : " je finis de dépuceler Marie-Camille."

Je me suis décomposée, toute honteuse. Je ne pouvais plus parler ni rien faire. Comme morte. Je suis un jouet sexuel. Et en plus il se vente de ses actes !!

Il décide que l'on aille se coucher. Il oblige Tim et François d'aller dormir dans la petite tente, celle de François. Je me suis retrouvée donc piégée, seule face lui. Qu'est-ce qu'il aurait fallu que dise ? Rien car cela aurait sûrement rendu les choses encore plus affreuses qu'elles ne l'étaient.

Cela recommence !!!

C'est très long. Je ne sais combien de temps cela a pu durer. Il ne dit rien, sauf pour me dire de me remettre dans la position qui lui convient. A la fin, il me dit : " rhabilles-toi !! ", toujours sur un ton agressif, et balance ma culotte en pleine figure. Et hop !! Encore une mortification !!

Quelques jours plus tard. Deux amies et une cousine de mon âge sont là.

Un soir, on est dans notre chambre. Je crois que mon frère est venue me chercher : le monstre voulait me voir. Je ne veux pas descendre mais je me sens obligée. J'ai peur. Je suis en chemise de nuit. Je descends dans la petite cour , juste devant la porte de la cuisine. Il me touche le bras, et d'un coup je suis de nouveau paralysée. Il veut que je vienne le rejoindre. Je ne veux pas et monte supplier les filles de venir avec moi. Elles ne veulent pas. Je panique et me livre. Je dois être sous son emprise. Trop faible, naïve ou conne ? Les trois sûrement.

Avec mon frère et mon cousin, nous allons dans le salon de la maison de ses parents, qui n'étaient pas là. Son père est sans doute à l'entraînement de karaté ou alors à son cours d'Anglais. On regarde un film. Le film terminé, on décide de partir. Je me lève mais le monstre me retiens. J'avance tout de même essayant d'être plus forte que d'accoutumer pour ne pas me laisser impressionner. Les deux garçons sont déjà en bas de l'escalier. Il me plaque contre le mur et se frotte contre moi !!! Avec son petit sourire du coin de la lèvre, il chuchote : "je veux que tu restes. "

Je suis obligée de rester !!! Je ne suis plus quelqu'un.

On va sur le canapé et il me déshabille... Vous connaissez la suite. Et c'est repartit : c'est la troisième fois !! Cela devient la routine.

Du canapé, je vois l'heure. La pendule est au dessus de leur cuisine à l'américaine. Une heure interminable plus tard : " c'est bon, tu peux te rhabiller !! ", " allez, on va sous la tente.

"Il ne faut rien dire". De toute façon, que veux-t'il que je dise. J'ai tellement honte !!

Je réussi à partir de cette tente vers 6h du matin. Je file prendre une douche et vais me coucher.

Fin août. C'est terminé. On rentre à la maison, près de Paris.

Je suis au lycée, en classe de seconde. Je suis mal, très mal. Je ne fais que pleurer, que je sois en cours ou à la maison. Je parle peu et suis désagréable avec mes frères et sœurs, mon papa. Dès qu'ils rentrent dans ma chambre, je les rembarres : ils ne doivent pas me voir pleurer ni me déranger dans ma souffrance. Je dois rester le plus naturel possible. Ils ne doivent pas remarquer que quelque chose a changé.

Et puis, j'ai honte, terriblement honte !!

Avril 2000. Vacances de Pâques. Tout recommence.

Mais pourquoi, vais-je le voir ? Je ne me comprends pas !! Plus tard, je compris que c'était normal. Beaucoup de victimes éprouvent après les faits de l'attirance pour leur agresseur : c'est le syndrome de Stockholm. On regarde un film avec sa mère. C'est un film avec Jim Carrey, " Menteur, menteur ". A la fin de ce film, sa mère va se coucher dans la pièce d'à côté. Il m'impose alors la vision d'un film porno. C'est immonde, je n'ose pas regarder. Cela lui "donne envie" !! Je ne peux rien dire, ou j'arrive tout juste à fredonner un petit " non, je ne veux pas ", que de toute façon, même s'il l'avait entendu, n'en n'aurait pas tenu compte. Il veut que je me mette sur ses genoux et que je mime des mouvements de va-et-viens. "Allez, continue !! " Puis il me baisse mon pantalon et me dis de me mettre à quatre-pattes. " Je vais te faire essayer le pont-levis, c'est comme la levrette " . Comme si je connaissais !! Il me corrige plusieurs fois sur ma position. " Non, mets toi comme ça !! " Il veut me sodomiser. J'ignore ce que cela veut dire. Il me pénètre par derrière. Je ne sais plus s'il m'a sodomisée comme il dit. Mais j'ai eu encore plus mal que les dernières fois. J'ai peur que mes petites soeurs ne me voient. De leur fenêtre, elles pouvaient tout voir. Mais elles sont censées doirmir.

Je souffre en silence. Des larmes dégoulinent le long de mes petites joues. Je me cramponne au canapé. Je rêve que sa mère surgisse dans la pièce. Mais non, cela n'arriva pas. C'était long encore. Peut-être bien une heure. Je ne sais pas, je suis dos tourné à la pendule. Je me rhabille, part et monte me coucher.

C'est à partir de cette ultime fois, que tombais dans l'anorexie. Puis vînt l'automutilation, la boulimie et deux TS, l'une en octobre 2002, puis la seconde le 31 décembre 2004. Je me deteste. Je n'aime plus rien mis à part apprendre et me dépenser. Je déteste aussi tout ce qui est sexe.

J'ai craché le morceau à ma mère en février 2004 soit 5 an et demi après les faits. On m'a beaucoup soutenue et j'ai finie par accepter de porter plainte début juin 2004. Ce fût une libération. J'avais fait le plus dur.

Le 12 septembre 2005, jour de mes 21 ans, j'ai eu un déclic. Depuis cette date, je suis guérie des TCA. Je reprends goût à la vie sous toutes ses formes.

Je suis avec l'homme de ma vie depuis 3 ans; nous sommes fiancés depuis janvier 2004. Je n'aime pas faire l'amour. Je me force et lui ment très souvent. J'ai beaucoup de chance : il est compréhensif et me soutient énormément.

Je fais tout pour que cela change de ce point de vue là !!!

Mon dossier vient tout juste d'être placé en instruction.

Marie-Camille.