TEMOIGNAGES

TEMOIGNAGE De fleur brisée

ATTENTION CETTE PAGE EST DESTINEE A UN PUBLIC AVERTIT
Voici un témoignage supplémentaire de crime de viol... C'est mon histoire, celle d'une "Fleur brisée"

Par où commencer ?

A l'époque des faits j'étais une adolescente en construction équilibrée, j'explorais la vie sans appréhension : j'avais un groupe d'amis avec qui je me sentais en phase, des amoureux qui m'ont respectée et initiée aux plaisirs sensuels...

Et puis, une fin d'après-midi ma vie a basculée par un acte prémédité par 5 personnes, sur ces 5 seules 2 personnes dont je peux comprendre leurs motivations. Si motivation il y a à commettre l'impardonnable. Ils ont voulu être un flirt, et je les ai éconduit, leurs manières directes et brutales ne m'ont pas plu.

Ils ont réussi à berner ma méfiance en ayant l'appui d'une de mes amies, c'était des gars du village et ils grandissaient dans le même quartier et ce qu'ils me proposaient était sans risque : me rendre avec eux au café boire le verre de l'amitié pour effacer le malentendu et leurs mauvaises manières. Mon amie devait me rejoindre un peu + tard à ce café.

Je n'y suis jamais allé...

Embarquée sur leur mobylette, coincée en sandwich, dans la rue suivante j'ai pris conscience du guet apens organisé : les 3 autres complices étaient en embuscade et prêts à suivre.

Pourquoi en ayant connaissance de ce traquenard je n'ai pas fait basculer la mobylette ? Parce que la peur de mourir m'avait déjà étreint... Après, il y a eu le silence opposé à mes suppliques, mes tentatives de raisonnement... Mais c'était inutile, j'étais déjà à leurs yeux un objet dont ils allaient en jouir selon leurs volontés programmée.

Les faits ?

Que dire à part qu'ils m'ont tué, que je n'existais plus à leurs yeux en tant que personne, et qu'ils m'ont pénétré comme s'ils m'avaient poignardé. Mon esprit s'est échappé de mon corps à la première souillure, je me souviens d'assister à la scène d'une vue d'en haut.

Il a réintégré ce corps mutilé quand mon amie m'a ramené à la réalité en me disant de me rhabiller et de la suivre.

Elle s'était rendue au café, ne m'y voyant pas, elle a fait appel à une relation pour me retrouver.

Le crime n'a pas été verbalisé entre nous sur le moment...

Je l'ai nié pendant 7 ans.

Ce qui a suivit, ça a été le sentiment que j'étais une survivante, ma vie ne m'appartenait plus : je ne pouvais plus me projeter, plus de désirs, plus de motivation... Rien ne ne me paraissait solide.

2 ans après, j'ai fait mes 1ères T.S., raison : mal-être de l'adolescence et les troubles de construction identitaire dûes à mon adoption. On a pas chercher à creuser plus.

Je me suis encore tûe. Si je tenais des propos comme quoi j'étais "différente", que la mort n'était pas une fin en soi, et que porter un garçon m'était impossible : un sexe masculin dans mon ventre m'oterait la vie. Excentricités qui passeraient avec le temps...

A 23 ans, devant une émission de Delarue, où des anciennes victimes témoignaient m'a permis de le verbaliser pour la 1ère fois. J'ai dit à mon compagnon de l'époque, c'est aussi mon histoire !

Il ne l'a pas relevé, pensant que je l'avais digéré, ça avait été dit dans la plus grande neutralité.

J'ai eu une 1ère grossesse heureuse, ce fût une fille, mais j'ai craqué sous le harcèlement moral de mon frère qui me renvoyait sur mon incapacité à prendre ma vie en main, à parasiter mes parents car instable dans mes projets.

Je leur ai tout dit, le poids du silence porté pendant toutes ces années pour les préserver, parce qu'ils ne pouvaient entendre et que je voulais qu'eux se construise ou avance sans "ça"...

L'effet boomerang, je me le suis pris au moment redouté : grossesse de mon fils. Projection, c'était le fruit du viol que j'avais en moi, j'ai fait mes 2ndes T.S.... J'ai un dossier psychiatrique lourd, diagnostiqué comme déficiente neuroleptique et autre...

J'ai eu droit au propos d'un psy, qu'un viol n'est qu'une relation copulaire et n'a pas de séquelles aussi traumatiques.

J'ai entamé la procédure judiciaire à leur encontre, elle va toucher à sa fin d'ici peu, l'instruction est close : jugements ordonnés pour mars.

2 complices sont devenus témoins à charge.

Mais j'ai peur, toujours peur... Ils seront reconnus coupables.

Leur culpabilité ne m'enlèvera pas l'invalidité qu'ils m'ont infligés, je suis incapable de donner ma confiance, mes relations "sentimentales" sont dangereuses : le père de mes enfants, ironie du subconscient portait le même prénom que le violeur principal que j'avais "oublié", c'était un homme qui m'a avilit, battue et menacée...

Je dois vivre avec "ça", mais comment ?

Je ne vis pas, je survis, ils m'ont tuée il y a 18 ans... Ma vie actuelle, je sais qu'elle peut basculer à tout instant. Je vis dans la protection, isolée, alors que je voudrais pouvoir profiter de la vie pour transmettre le goût de la vie à mes enfants...

A 23 ans