LES CONSEQUENCES DES ABUS SEXUELS
LA DEPRESSION

La dépression est une maladie très répandue. Elle affecte indifféremment des personnes de tous les âges, de tous les milieux et de tous les styles de vie. Mais que sait-on réellement de cette maladie ?

sujets abordés sur cette page :

Comment reconnaître une dépression ?

Les causes et les conséquences

Sortir du cycle infernal

Peut-on guérir d'une dépression ?

Qu'est ce qu'un antidépresseur ?

Quand faut-il aller chez le psy ?

Dépression : votre médecin peut vous aider !

Dépression : comment éviter les récidives ?

Dépression : les rechutes ne sont pas une fatalité

Quand la dépression devient chronique

Dépression : évitez de retomber

Dépression : les conditions de la guérison

Devez-vous avoir peur des antidépresseurs ?

Antidépresseurs : comment se passe le traitement ?

L’arrêt du traitement médicamenteux

Antidépresseurs et troubles sexuels

Les risques des antidépresseurs

Comment aider une personne dépressive ?

Quand le conjoint déprime...

La dépression est contagieuse !

Comment reconnaître une dépression ?

Il est relativement simple de reconnaître une dépression (encore appelée dépression nerveuse) quand on en a un peu l'habitude, mais souvent, alors que la dépression est évidente, ni l'entourage proche, ni même le médecin n'y pensent. Les plaintes apparaissent si banales que beaucoup croient que tout va rentrer dans l'ordre avec quelques bonnes paroles, un peu de volonté et… "avec un bon coup de pied aux fesses".

La dépression est une baisse du tonus psychique. Les médecins parlent de trouble de l'humeur (mais l'humeur est un terme difficile à définir, regardez dans le dictionnaire, c'est assez flou).

Comment se manifeste une dépression ?

Un déprimé est triste, quelquefois très triste. Cette tristesse envahit la vie et rend les relations avec les autres difficiles. Elle fait disparaître la motivation, le goût de vivre, trouble la pensée, empêche d'agir. Toutes les activités habituelles exigent un effort, deviennent pesantes et pénibles. La vie est vécue avec une sensation d'échec et de désintérêt, de pessimisme et de doute de soi. Le déprimé a l'impression de ne plus pouvoir faire face. Tout le temps de "mauvaise humeur", la personne déprimée a des relations difficiles avec son entourage, elle peut être très irritable ou bien à l'inverse anéantie, morose, voire caractérielle. Une personne déprimée souffre du fait qu'elle se sent indifférente aux autres, ses émotions et son affection sont émoussées. Enfin la personne déprimée est fatiguée, dort mal et est angoissée. Elle a une boule dans la gorge, des pesanteurs à l'estomac ou bien des palpitations. Son appétit a disparu, en conséquence il est fréquent qu'un malade déprimé maigrisse. Quand on est déprimé, l'envie sexuelle (la libido) diminue ou disparaît.

L'idée de suicide est souvent présente et doit être prise au sérieux par l'entourage. Une dépression peut amener quelqu'un qui est d'habitude optimiste et volontaire à se suicider.

Bien entendu les signes peuvent différer selon les cas. Certaines personnes apparaîtront franchement tristes et pleureront fréquemment, d'autres ressentiront essentiellement une impression de fatigue, auront des troubles du sommeil et de l'appétit.

Dans tous les cas, une dépression mérite d'être prise au sérieux, et traitée. Parlez-en à votre médecin.

Dr Emmanuel Zinski

Les causes et les conséquences

La dépression est une maladie très répandue, 1 homme sur 10 et 1 femme sur 5 en sera atteint au cours de sa vie. Pourquoi une personne développera-t-elle une dépression alors qu’une autre, confrontée à des événements similaires, sera épargnée ? Peut-on clairement identifier la cause d’une dépression ? Il n’existe pas de cause bien établie, mais plutôt une combinaison de différents facteurs, le plus souvent à l’origine d’une dépression.

Pourquoi suis-je dépressif ?

Pourquoi une personne est-elle dépressive alors qu’une autre confrontée à des événements similaires est épargnée ? Peut-on clairement identifier la cause d’une dépression ? Il n’existe pas une cause bien établie, c’est plutôt une combinaison de différents facteurs qui est, le plus souvent, à l’origine de cette maladie.

Hommes et femmes ne sont pas égaux devant la dépression. Les femmes sont plus de deux fois plus susceptibles d’y être confrontées au cours de leur vie. Cette maladie touche en moyenne un homme sur dix mais une femme sur cinq. De plus, la dépression peut apparaître plusieurs fois au cours d’une vie.

Si la dépression est plus fréquente chez les jeunes adultes (sept dépressifs sur dix ont moins de 45 ans), elle n’épargne ni les enfants ni les personnes âgées. Si votre enfant est triste, irritable, perd l’appétit ou a de mauvais résultats scolaires de manière durable, il est important de consulter un pédiatre ou un pédopsychiatre pour connaître l’origine de ces problèmes. De la même manière, chez les personnes âgées, une hostilité injustifiée n’est pas forcément un travers de l’âge mais peut être le symptôme d’une dépression.

Les recherches ont également démontré que la dépression pourrait être due à un déséquilibre de la chimie du cerveau, en particulier à une baisse de la fabrication de certains neurotransmetteurs (sérotonine, dopamine...).

Les facteurs biologiques

Bien que les causes exactes des dépressions ne soient totalement élucidées, il existe aujourd’hui de nombreux indices permettant d’affirmer que certains mécanismes cérébraux sont impliqués. Certains symptômes tels que la perte de sommeil ou, au contraire, un temps de sommeil excessif, la difficulté à se concentrer ou la persistance d’idées noires pourraient trouver une explication biochimique : la déficience en certains neurotransmetteurs pourrait expliquer ces phénomènes.

Afin de comprendre le rôle des antidépresseurs, il est important de revenir sur les mécanismes classiques du cortex cérébral. Le cerveau constitue le centre de contrôle de tout le corps, il est également responsable de nos émotions, notre mémoire et notre intellect. Dans le cerveau, les informations circulent sous forme de messages "électriques", appelés influx nerveux. Depuis les dendrites, elles vont vers le corps cellulaire où elles sont traitées et naviguent jusqu’aux synapses via l’axone.

Les synapses constituent les zones d’échanges d’informations entre les neurones. A ce niveau, l’information est échangée sous forme de messages chimiques. Des substances chimiques appelées neurotransmetteurs sont sécrétées et se lient à des récepteurs spécifiques.

A ce niveau, un mauvais passage de l’information ou un déséquilibre en certains neurotransmetteurs peut être, en partie, responsable des dépressions. Ainsi, les chercheurs ont-ils pu mettre au point certains médicaments permettant de moduler les concentrations en neurotransmetteurs

Les facteurs héréditaires ou génétiques

Les personnes ayant des parents proches qui ont souffert de dépressions sont plus susceptibles d’en être eux-mêmes victimes. Si de nombreuses recherches ont tenté d’identifier un gène de la dépression, l’hypothèse la plus plausible aujourd’hui est que plusieurs gènes peuvent avoir une influence sur la survenue de dépression.

La consommation de drogues et d’alcool

La consommation d’alcool ou de drogues associée à des médicaments peut entraîner des interactions favorisant les dépressions. La prise excessive d’alcool ou la toxicomanie peut, également, être une tentative de masquer un état dépressif. Ainsi, la question reste posée : la prise de ces drogues est-elle à l’origine de la dépression ou en est-elle une conséquence ?

Les facteurs environnementaux et familiaux

De nombreuses études contradictoires tentent de déterminer dans quelle mesure des facteurs psychosociaux peuvent entraîner des dépressions. L’importance du soutien familial peut protéger du stress. L’infidélité du partenaire, une séparation, la perte de l’époux peuvent constituer des facteurs aggravants. Selon certaines études, des événements traumatisants tels que la perte précoce de parents, des conflits familiaux, professionnels ou une maladie grave peuvent être à l’origine de dépression. Cependant, d’autres recherches réfutent ces liens.

Ainsi, les causes des dépressions restent-elles, pour la plupart, supposées. On ne peut identifier précisément une cause, mais l’hypothèse qui prévaut actuellement est que cette maladie est le résultat de multiples facteurs environnementaux, biochimiques, héréditaires et psychosociaux. Cependant, les antidépresseurs, seuls ou associés à une psychothérapie, permettent de disposer d’un arsenal thérapeutique permettant de soigner près de 90 % des malades. En tout état de cause, plus la prise en charge intervient tôt, plus le traitement est efficace.

David Bême

Sortir du cycle infernal

Dépression : sortir du cycle infernal

La dépression peut être traitée de manière efficace. Différentes thérapeutiques peuvent aujourd’hui être proposées au patient. Mais l’étape la plus importante lui appartient. Faîtes le premier pas, seule une prise en charge médicale vous permettra de venir à bout de cette maladie. Son traitement comprend différentes alternatives adaptées à chaque cas : psychothérapies, antidépresseurs et électroconvulsivothérapie.

Les traitements reconnus proposent des psychothérapies, des antidépresseurs et des traitements par électrochocs. Ils permettent aujourd’hui d’obtenir de bons résultats, utilisés en association ou individuellement en fonction de différents facteurs tels que l’importance et le type de la dépression ainsi que la tolérance vis à vis des effets secondaires. Dans tous les cas, votre médecin est la meilleure personne pouvant vous prescrire le traitement le mieux adapté à votre cas. La plupart du temps, une association entre psychothérapie et antidépresseurs est utilisée pour venir rapidement à bout de la dépression.

Les psychothérapies

Les psychothérapies sont surtout efficaces chez les personnes souffrant de dépressions légères. Ces thérapies permettent au patient d’évoquer un ou plusieurs aspects émotionnels, les relations personnelles qui l’ont conduit à un épisode dépressif. L’importance du cadre familial peut conduire l’ensemble des proches à être présent lors des séances de soutien. De récentes études ont montrer que les approches sociopsychologiques sont aussi efficaces que le traitement avec des antidépresseurs pour les dépressions modérées. Néanmoins, le docteur Bigot du service psychiatrie de l’Hôpital Cochin précise qu’on «associe quasi systématiquement psychothérapie et traitement médicamenteux. Il s’agit le plus souvent d’une psychothérapie de soutien. Pour toutes les autres psychothérapies plus structurées (analytiques, comportementales, etc.), elles ne peuvent être prescrites isolément que si la dépression est légère et avec un patient qui conserve ses capacités de penser. Dans les dépressions plus sévères, il lui devient impossible d’élaborer les aspects psychologiques et le traitement médicamenteux est alors nécessaire».

Les antidépresseurs

Il existe différents types d’antidépresseurs, mais tous visent à corriger des déséquilibres biochimiques. Ainsi, ils tendent à augmenter les apports de neurotransmetteurs au cerveau. "Les différentes catégories d’antidépresseurs sont les antidépresseurs tricycliques, les inhibiteurs spécifiques de recapture de sérotonine (ISRS), les inhibiteurs de monoamine-oxydase ou IMAO et de nouveaux types d’antidépresseurs. L’action de ces antidépresseurs prend en général une dizaine de jours. Si aucun effet n’est constaté, le psychiatre pourra augmenter les doses ou changer de traitement en cas d’inefficacité au bout de six semaines. Le traitement dure en moyenne quatre mois à dose pleine, auquel il faut ajouter deux mois supplémentaires avec des doses dégressives avant l’arrêt total" déclare le Dr Bigot.

On peut également évoquer le lithium qui a une action régulatrice sur les troubles maniaco-dépressifs et donc l’action biologique reste encore difficilement identifiée.

Tous ces médicaments comportent des effets secondaires, ainsi il est impératif de communiquer leur apparition à votre médecin. Ce dernier pourra changer les doses ou la médication, si le traitement se révèle trop pénible.

Le traitement par électrochocs

Ce type de traitement a largement été amélioré et bien qu’il conserve une réputation inquiétante, il n’est pas douloureux et permet d’obtenir des taux de succès très importants. L’électroconvulsivothérapie est principalement utilisée pour les dépressions très sévères, délirantes ainsi qu’en cas de contre-indications aux antidépresseurs. Selon le Dr Bigot, "il s’agit d’un traitement très efficace de ce type de dépression. Notamment chez les personnes âgées, compte-tenu des contre-indications fréquentes aux antidépresseurs". Son efficacité est beaucoup plus rapide que les médicaments. Considérée comme sûre, cette pratique comprend néanmoins quelques effets secondaires comme de légères amnésies ou confusions, qui varient d’une personne à l’autre.

Une fois que votre médecin aura défini la meilleure thérapie, il conviendra d’éviter les risques de rechute. Actuellement, près de 90 % des dépressions peuvent être traitées. Et plus la prise en charge intervient tôt, plus le traitement est efficace. Alors n’hésitez plus, il est inutile de souffrir en silence.

David Bême

Peut-on guérir d'une dépression ?

La dépression est une maladie qui se soigne et se guérit. Pour guérir, il vous faut nécessairement des médicaments (des antidépresseurs). Ces médicaments sont plus efficaces si vous suivez en même temps une psychothérapie. Beaucoup croient faussement qu'il faut choisir entre psychothérapie et médicament. Il n'en est rien, bien au contraire, les deux traitement se complètent : médicaments et psychothérapie s'unissent ainsi contre la dépression.

Le traitement de la dépression prend du temps. Les spécialistes considèrent en effet qu'il doit durer au moins six mois. En dessous de cette durée, vous risquez de rechuter. Et si vous avez été dépressif une fois dans votre vie, vous n'avez pas envie de recommencer. Pour guérir, il est nécessaire de suivre régulièrement votre traitement. C'est la clé de la réussite; or on sait qu'un patient sur trois ne suit pas bien son traitement.

Veiller à la bonne observance du traitement

Est-ce par manque d'information? Peut-être. Il vous faut donc poser à votre médecin toutes les questions qui vous intéressent et auxquelles il se doit de répondre. Si vous ne comprenez pas ce qu'il vous dit (c'est souvent le cas), n'hésitez pas à lui reposer les mêmes questions, en lui disant que vous n'avez pas compris. Si le médecin, de son côté, ne sait pas répondre à vos questions, il doit vous le dire, car en médecine on ignore encore beaucoup de choses.

Souvent le déprimé se sent coupable, parce qu'il manque de volonté, qu'il n'a envie de rien. Cette non envie fait partie de la maladie dépressive. C'est justement parce que vous êtes déprimé, que votre volonté vous manque; vous la retrouverez quand vous irez mieux.

Un traitement efficace

Avec le traitement, vous vous sentirez mieux assez rapidement, en général au bout d'un quinzaine de jours de traitement antidépresseur. En deux mois environ, vous redeviendrez comme vous étiez avant votre maladie. Il faut ensuite continuer votre traitement, même si vous allez bien, pendant plusieurs mois ou plusieurs années. Les échecs du traitement sont très rares. Parfois il est nécessaire d'essayer plusieurs antidépresseurs à la suite, pour trouver celui qui vous convient.

Votre entourage est un complément indispensable à la réussite du traitement : n'hésitez donc pas à vous appuyer sur votre famille, vos amis, votre conjoint, à parler avec eux de votre maladie. Il est très utile que votre médecin connaisse vos proches, qu'il dialogue avec eux et les informe. La plupart du temps les patients dépressifs ne sont pas hospitalisés. C'est pourtant quelquefois nécessaire quand la dépression est très sévère, que les relations avec les proches sont mauvaises ou que le risque de suicide est important.

Dr Emmanuel Zinski

Qu'est ce qu'un antidépresseur ?

Les premiers médicaments de la dépression, les antidépresseurs sont apparus en 1957. Ils n'étaient pas très bien supportés (mal tolérés), c'est-à-dire qu'ils entraînaient de nombreux inconvénients (effets secondaires).

Les antidépresseurs sont des psychotropes (des substances qui modifient le psychisme). Ils sont destinés à faire disparaître la tristesse (les trouble de l'humeur). Si tous ont ce point commun, certains stimulent les patients : ils agissent sur la fatigue psychique et physique. D'autres sont sédatifs (ils calment) : ils diminuent l'angoisse et améliorent le sommeil. D'autres enfin sont à la fois tranquillisants (sédatifs) et stimulants.

Six familles d'antidépresseurs

Suivant votre état, le médecin dispose d'un choix très important de produits. Il y a aujourd'hui 6 familles différentes d'antidépresseurs et au total il existe une trentaine de médicaments différents.

Comment choisir ? Un des premiers critères doit être que le déprimé supporte son traitement (on parle d'un médicament bien toléré). Il serait en effet ennuyeux que le médicament sensé vous guérir produise des effets désagréables. Vous avez déjà suffisamment à faire avec votre dépression ! Les médicaments modernes ont la réputation d'être bien supportés. Les médicaments conseillés en priorité font partie de la famille des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (ISRS). Un nom barbare, inutile de le retenir. Sachez seulement que la sérotonine est une substance fabriquée dans le cerveau et qu'elle est probablement en partie responsable de votre humeur. Les ISRS viennent probablement combler le manque de sérotonine qui peut exister dans le cerveau en cas de dépression.

Un riche arsenal thérapeutique

A côté des antidépresseurs, le médecin prescrit souvent un autre psychotrope qui fait partie de la famille des tranquillisants. Un tranquillisant est destiné à calmer l'angoisse, il est donc prescrit lorsque la dépression s'accompagne d'une anxiété. Mais en aucun cas, le tranquillisant n'agit sur la tristesse. Il ne peut à lui seul guérir la dépression.

Les tranquillisants sont prescrits durant quelques jours, au début du traitement : dès que vous êtes moins angoissé et que vous dormez mieux, il est possible de les arrêter.

D'autres psychotropes sont parfois prescrits ce sont les neuroleptiques (ou antipsychotiques). Ils ne sont utilisés que s'il existe une angoisse majeure ou lorsque le déprimé délire.

Dr Emmanuel Zinski

Quand faut-il aller chez le psy ?

Vous ne vous sentez pas bien depuis trop longtemps ? Le malaise, les insomnies ou les crises d'angoisse persistent et la meilleure volonté du monde s'avère inutile ? Il est temps alors d'aller consulter un professionnel.

Si vous n’êtes pas un familier de ces pratiques, aller parler à quelqu'un, qu'il soit psychologue, psychanalyste ou psychiatre, est une décision qui n'a rien de naturel. Elle s'élabore peu à peu. L'idée germe souvent lorsque les recours auprès des proches (amis, famille, conjoint) sont épuisés et que leur réconfort devient inefficace à soulager durablement un mal-être. Le besoin d'autre chose se fait sentir. Des phrases telles que "secoue-toi" ou le fameux "ça va passer" et mêmes les propos empreints de compassion sont aussi inopérants qu'irritants. Les lieux communs ne font qu'exaspérer la souffrance. Cette souffrance n'est pas que larmes et angoisse. Ce peut être des questions entêtantes qui demeurent sans réponse, des comportements, des blocages oudes troubles physiologiques inexplicables qui, inlassablement, se répètent. Ces symptômes sont autant d'indicateurs du besoin de se comprendre.

Se faire aider avant tout

Un travail sur soi ne s'entreprend pas seul. Le tête à tête avec soi- même tourne court car très vite on se heurte à ses propres limites. Le danger est alors de répercuter sur les autres ses propres échecs et de s'enfoncer davantage. Qu'est-ce qui est ignoré et qui fait trébucher à chaque fois ? L'image la plus juste pour rendre compte de cet état serait celle d'un cycliste qui descendrait de bicyclette pour se regarder pédaler et comprendrait ainsi son fonctionnement. Manifester le désir de parler à des professionnels de l'écoute, c'est vouloir tordre le cou à sa propre ignorance, mettre des mots sur son histoire, l'ordonner pour ne plus qu'elle déborde, se l'approprier enfin pour vivre sa vie sans être parasité par le passé.

Combien de temps ?

Une thérapie de courte durée (de 6 à 18 mois) peut être suffisante pour passer un moment difficile, un virage en épingle à cheveux. Il s'agit d'une psychothérapie de soutien.

Certaines thérapies brèves débouchent sur la nécessité d'aller plus loin, le besoin d'en savoir plus. Une psychanalyse peut alors être envisagée. Cette cure, car tel est son nom, vise à un remaniement de l'être. Cette technique lui permet d'appréhender son inconscient, c'est-à-dire ce qui se passe dans sa tête à son insu.

La fréquence de consultation dans le cadre d’une cure analytique est de deux à quatre séances par semaine et elle s'inscrit dans une durée plus longue que les thérapies précédentes, en général plusieurs années.

Pascale Pellerin

Dépression : votre médecin peut vous aider !

La dépression est une véritable maladie. De plus en plus fréquente, elle est aussi de mieux en mieux traitée. Le médecin généraliste dispose aujourd’hui de nombreuses armes pour aider les malades à sortir du cycle infernal et éviter les échecs des traitements. Le point sur un allié pour retrouver le sourire.

La dépression est une maladie très bien connue aujourd’hui. On estime que 5 % de la population est concernée. Et il n’existe pas de parité en la matière, puisque 2 femmes sont touchées pour un homme.

Votre médecin, votre allié

Si l’on a l’habitude de penser aux psychiatres et psychologues pour soigner nos maux de la tête, la réalité est tout autre. Dans les faits, les médecins généralistes sont en première ligne dans le traitement de la dépression. Ils sont les premiers consultés par les personnes qui connaissent des troubles de l’humeur et sont aujourd’hui bien formés pour reconnaître les symptômes de la dépression.

Votre médecin est à même de vous proposer un traitement adapté, en fonction de la gravité de votre état, mais aussi de votre histoire et des difficultés que vous rencontrez. Sachez qu’il vous prescrira certainement un antidépresseur (inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine ou une molécule plus ancienne). Mais dans tous les cas, il ne faut pas négliger l’approche psychothérapeutique globale, qu’il s’agisse d’un soutien psychologique, d’une thérapie comportementale et cognitive ou autre… Discutez-en avec votre médecin. Il travaille certainement de concert avec des psychologues ou psychiatres vers lesquels il pourra, si vous le souhaitez, vous orienter.

Gare aux échecs

En matière de dépression, l’échec du traitement n’est pas rare. Pour connaître les facteurs permettant de prédire le risque de rechutes, les laboratoires Chiesi ont réalisé une vaste enquête auprès de 1 600 généralistes, baptisée ORPHEE. Les médecins devaient noter la réussite ou non du traitement qu’ils mettaient en place, au bout de 4 à 8 semaines. Puis ils devaient le mettre en rapport avec différentes caractéristiques du patient. Leurs conclusions permettent de mieux comprendre les difficultés rencontrées lors du traitement de la maladie dépressive. Ainsi, ils ont constaté que le risque d’échec était plus élevé si un autre trouble existait (anxiété, alcool..). De même, si le patient est réticent à prendre des antidépresseurs, ces médicaments ont moins d’effets. Les antécédents du patient jouent également un rôle important dans le risque d’échec.

Consulter le plus tôt possible

Il ressort également de cette l’étude que le délai moyen entre l’apparition des symptômes et la première consultation est de 11 semaines et que plus la personne attend, plus le risque d’échec est important… Selon le Pr. Philippe Nuss, de l’hôpital Saint-Antoine, il ne s’agit pas simplement du fait que la dépression est "aggravée" par le temps, mais la difficulté à se rendre chez son médecin traduirait plutôt une gêne à parler de ses problèmes, des tendances au repli sur soi et ces malades seront donc plus difficile à traiter.

Alors n’attendez pas pour consulter ! Certes pour en parler rapidement avec son médecin, il est important de se sentir en confiance. Et il est bien sûr essentiel qu’il vous associe au soin, en vous apportant une réponse adaptée. En retour, n’oubliez pas l’importance de suivre jusqu’au bout le traitement prescrit. Et si vous ne ressentez pas d’amélioration, ou si vous éprouvez des effets secondaires gênants, n’hésitez pas à le signaler. Votre traitement pourra être modifié pour vous permettre rapidement de voir la vie du bon côté !

Alain Sousa

Dépression : comment éviter les récidives ?

La récidive : une réalité…

Plus de la moitié des victimes d’une dépression en vivront une seconde au cours de leur vie. Et 70 % de ceux qui en ont fait deux en vivront une troisième, etc. La récidive est une spirale infernale… Etat des lieux d’un problème de plus en plus préoccupant…

De nombreuses personnes ont connu un épisode dépressif et s’en sont sorties. Le problème est alors d’éviter de replonger.

Récidive, rechute ou chronicité ?

D’abord, ne confondons pas récidive et rechute. Une dépression "classique" dure de 6 à 8 mois. Lors du traitement, on assiste à une rémission, c’est-à-dire à la disparition progressive des symptômes, jusqu’à la guérison (disparition complète des symptômes pendant plus de six mois). Si la maladie s’aggrave pendant la rémission, on parlera de rechute. Il faut savoir qu’après la guérison, la personne reste encore fragilisée. Si la dépression réapparaît alors, il s’agit cette fois d’une récidive. Enfin, si la personne ne parvient pas à se sortir totalement du symptôme dépressif pendant au moins deux ans, on considère qu’il s’agit d’une forme chronique.

Les chiffres d’une réalité

On considère que plus d’une personne sur 10 sera victime d’un épisode dépressif au cours de sa vie. Et en moyenne, plus d’une personne sur deux sera confrontée à une seconde dépression. On peut voir le bon côté des choses : cela veut dire que la moitié de ceux qui ont vécu un épisode dépressif n’en connaîtront plus jamais d’autre. Mais à l’inverse, on peut s’inquiéter du fait que 50 % récidiveront. D’autant que certains spécialistes annoncent des chiffres plus proches de 60 %. Plus inquiétant, la récidive est une porte d’entrée dans une spirale infernale : 70 % de ceux qui ont connu deux épisodes dépressifs ont des risques d’en faire trois. 80 % de ceux qui en ont fait trois en feront quatre…

Qui est concerné ?

Il n’existe pas de profil type du récidiviste ! Tout le monde peut être concerné. Néanmoins, certains facteurs et traits de caractères semblent accompagner les récidives :

L’âge : Plus les personnes avancent en âge, plus les risques de récidive augmentent. Le risque de développer la forme chronique de dépression est d’ailleurs lui aussi augmenté ;

La précocité : A l’inverse, la date de la première dépression joue également un rôle. Plus cet épisode a lieu tôt, plus les risques de récidive sont importants ;

La sévérité : plus la première dépression a été forte et plus les risques d’en vivre une seconde sont importants ;

L’anxiété : environ la moitié des personnes déprimées éprouvent des troubles anxieux. Or ce problème fragilise la personne et entraîne une résistance aux traitements. Et augmente le risque de rechutes ;

Une dépendance à l’alcool et autres drogues : il semble clairement établi qu’une dépendance alcoolique aggrave non seulement les manifestations de la dépression, mais augmente fortement le risque de récidives. Les autres drogues semblent avoir les mêmes répercussions. C’est pourquoi les médecins cherchent souvent mettre en place un sevrage avant d’envisager de soigner la dépression.

Dépression : les rechutes ne sont pas une fatalité

Les maladies dépressives sont insuffisamment pris en charge. La moitié d’entre elles ne serait pas traitée et le risque de récidive toucherait 50 % des personnes ayant connu un épisode dépressif. Le Dr Alain Gérard, psychiatre et coauteur avec le Dr Henry Cuche de "Je vais craquer : Comprendre les déprimés, combattre la dépression", assure que les rechutes sont loin d’être une fatalité.

Doctissimo : Dans quelle mesure la volonté de la personne dépressive joue-t-elle un rôle ?

Dr Alain Gérard : Tout dépend de l’intensité des troubles dépressifs. Les exhortations du type "Secoue-toi, fais un effort" ne valent que pour les personnes qui possèdent encore des ressources psychiques et la maîtrise de la construction de leur pensée. Les thérapies cognitivo-comportementales sont alors efficaces, mais au-delà d’un seuil, le dysfonctionnement du système neuro-végétatif est te que la volonté seule ne suffit plus.

Doctissimo : Le taux de rechute après une dépression est de 50 à 70 %, voire davantage en cas de dépressions multiples. La fragilité des personnes dépressives est-elle en cause ?

Dr Alain Gérard : Ces chiffres sont certainement exacts d’un point de vue épidémiologique, mais ils manquent de nuances en englobant tous les types de dépressions, quels que soient leur sévérité et l’âge auquel elles arrivent. Ils peuvent faire croire à un certain fatalisme alors que si la prise en charge est faite de façon satisfaisante dès le début, les risques sont limités.

Les personnes dépressives développent un modèle de vulnérabilité acquise, comme une sorte de "mémorisation" dans la biologie du patient. Pour donner une image, on pourrait le comparer à un orage qui aurait provoqué des ravinements dans le sol. Les pluies qui viennent ensuite empruntent ces voies et creusent les sillons. Plus les épisodes dépressifs se répètent, plus les événements, même de moindre importance, peuvent avoir un impact aussi fort sinon plus.

Doctissimo : Et inversement une personne qui a déjà fait une dépression n’est-elle pas mieux armée pour affronter l’avenir ?

Dr Alain Gérard : Ça peut être vrai si le malade a réussi à identifier ce qui est à l’origine de sa fragilité et l’ayant compris est attentif à ce que les mêmes causes ne produisent pas les mêmes effets.

Doctissimo : Les médicaments sont-ils toujours nécessaires ? Ne doit-on pas craindre un phénomène d’accoutumance ?

Dr Alain Gérard : Avant de débuter un traitement, il faut bien identifier les personnes et les causes, en s’interrogeant sur les éventuels antécédents familiaux et personnels et les traumatismes infantiles tels que des séparations précoces, de la maltraitance, etc. Les antidépresseurs sont nécessaires quand on a franchi un seuil. Ils permettent au patient de retrouver ses capacités pour pouvoir entreprendre un travail sur lui. Il faut prendre garde à ne pas se contenter d’une guérison partielle.

L’accoutumance est davantage avérée avec les tranquillisants, mais il faudrait surtout parler de sevrage après un traitement. Les personnes dépressives ne doivent arrêter les traitements qu’avec l’accord de leur médecin et de façon progressive, cela peut parfois prendre 2 mois.

Doctissimo : Peut-on guérir spontanément d’une dépression ?

Dr Alain Gérard : On observe parfois un phénomène d’autorégénération. Des systèmes de compensation se mettent en place après des mois et des mois de dépression, mais ce n’est jamais la bonne solution d’attendre, à cause de la souffrance que les personnes dépressives subissent et des risques de tentatives de suicide.

Doctissimo : Une guérison définitive est-elle possible ?

Dr Alain Gérard : Oui, on peut guérir définitivement, mais les motifs de dépression rencontrés au cours d’une vie sont différents selon les âges. La rechute n’est pas une fatalité, à condition qu’une bonne prise en charge ne s’attache pas uniquement à soigner les symptômes.

Propos recueillis par Mathieu Ozanam

Quand la dépression devient chronique

Parfois, la dépression devient un véritable cercle vicieux, fait de récidives qui se répètent au fur et à mesure du temps. Quelle est l’origine de cette forme aux multiples récidives ? Quels facteurs peuvent favoriser les rechutes ? Comment être bien traité ? Le point pour sortir de la spirale infernale…

La dépression est la quatrième maladie la plus fréquente dans le monde. C’est une affection grave, difficile à traiter, qui se caractérise par une forte propension aux rechutes. On estime que 50 à 60 % des personnes ayant souffert d’un épisode dépressif majeur auront une récidive dans les douze mois qui suivent, si aucun traitement approprié n’est mis en oeuvre

Dans 25 % des cas, cette rechute va marquer le passage à la chronicité et la succession d’épisodes dépressifs s’enchaînant les uns aux autres, avec des conséquences majeures, tant sur le plan individuel, que familial ou social.

Tout se joue au début…

Si le premier accès dépressif est souvent attribuable à une cause bien identifiable, un stress intense ou un deuil par exemple, le passage à la chronicité est marqué par un détachement de la dépression par rapport à ces facteurs déclenchants.

Ainsi, il apparaît que les épisodes dépressifs initiaux vont créer une sorte de fragilité qui va faciliter le passage à la chronicité. Les statistiques parlent d’elles-mêmes : après un épisode dépressif sévère le risque d’un nouvel accès est quatorze fois plus important que chez une personne qui n’a encore jamais connu de dépression. Certains scientifiques avancent que la dépression chronique serait le reflet d’une activité autonome du cerveau selon des mécanismes neurochimiques complexes.

Gare à la dépression précoce

La recherche clinique a permis de mettre en évidence un certain nombre de facteurs qui pourraient favoriser le passage à la chronicité. L’âge précoce des premiers épisodes dépressifs semble jouer un rôle : plus la première dépression survient tôt, plus le risque de récidive semble important.

Un problème hormonal ?

D’autres facteurs interviennent. Certains dérèglements hormonaux, mais aussi les troubles du sommeil ou l’exposition insuffisante à la lumière du jour, sont associés à la récurrence des épisodes dépressifs. Les systèmes neuroendocriniens qui président à la régulation du sommeil et ceux dont dépend notre humeur sont liés. On a ainsi constaté que l’insomnie chronique facilitait l’apparition d’épisodes dépressifs, et qu’à l’inverse, l’insomnie était souvent le premier signe d’une dépression qui couve. De la même manière, une exposition insuffisante à la lumière du soleil entraîne à la fois troubles du sommeil et dépression. Ces deux affections sont d’ailleurs largement répandues chez les populations des pays nordiques qui vivent de longs mois d’hiver dans l’obscurité.

Des familles à dépression ?

Certains chercheurs semblent avoir identifié des gènes de susceptibilité, dont la présence est associée à la dépression chronique. Les études menées par une équipe de l'Université de Pittsburgh en Pennsylvanie ont mis en évidence chez les femmes un lien entre les dépressions chroniques majeures et une région spécifique du chromosome 2, baptisée 2q33-35. Une découverte qui pourrait peut-être permettre d’expliquer pourquoi les femmes sont plus sujettes aux épisodes dépressifs majeurs que les hommes. D’autres gènes sont aussi probablement en cause puisque l’on a pu mettre en évidence des "familles à dépression", au sein desquelles l’affection semble se transmettre de "génération en génération".

La prise en charge est primordiale

L’absence de prise en charge efficace lors du premier épisode dépressif semble un facteur de récidive. Pour limiter la survenue d’une rechute, le traitement doit suivre certaines règles : une prescription d’antidépresseur médicamenteux de 6 à 8 semaines, au cours duquel le patient est vu régulièrement toutes les deux semaines pour un suivi psychologique et l’ajustement des doses d’antidépresseurs, suivi d’un traitement d’entretien poursuivi pendant au moins 6 mois. La psychothérapie et les techniques cognitivo-comportementales semblent donner d’aussi bons résultats que les antidépresseurs, il n’est d’ailleurs pas interdit d’associer les deux approches. Ainsi, 80 à 90 % des patients souffrant de dépression profonde peuvent être traités avec succès. De plus, un traitement bien suivi pourrait permettre de ramener le taux de rechutes de 60 % à 10 % !

Dr Max Fleury

Dépression : évitez de retomber

La proportion de rechute après une dépression semble très importante. Pourtant, des solutions existent pour limiter les risques et ne plus replonger. Quels sont les traitements efficaces ? Faut-il favoriser certaines activités ?

Non, après une dépression, la récidive n’est pas une fatalité ! Un traitement adapté et de bonnes habitudes peuvent limiter les risques de récidives !

Une prise en charge indispensable

Le premier moyen d’éviter les récidives est de bien se soigner ! Le traitement est primordial lors de la dépression. La prise en charge fera intervenir généralement l’emploi d’un antidépresseur adéquat, et souvent d’une psychothérapie. Mais ce ne doit pas s’arrêter là. Comme le souligne l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) : "la phase aiguë d'un traitement par les antidépresseurs ou d'une psychothérapie doit presque toujours être suivie d'au moins 6 mois de traitement d'entretien ininterrompu". En effet, ce suivi permettra au médecin traitant, grâce à une visite tous les 15 jours par exemple, d’évaluer la réussite du traitement et de surveiller la bonne observance. Car de nombreuses récidives seraient liées à des malades qui ne suivent pas la prescription jusqu’au bout et arrêtent dès qu’ils se sentent mieux. Cette phase de suivi a des résultats spectaculaires, puisqu’elle permet de ramener le taux de rechute de 40-60 % à 10-20 % ! Un conseil : n’arrêtez jamais seul votre traitement.

Optez pour une thérapie

Si le traitement de la dépression passe par la prescription d’antidépresseur, une psychothérapie associée semble être un moyen éprouvé pour éviter les récidives. Selon l’OMS "Vingt années de recherche montrent que plusieurs formes de psychothérapie limitée dans le temps sont aussi efficaces que les médicaments pour le traitement des dépressions légères à modérées". Parmi les méthodes actives, les thérapies comportementales et cognitives semblent les plus prometteuses. De nombreuses études ont confirmé leur efficacité et certaines ont même conclu à de meilleurs résultats que les antidépresseurs ! Mais inutile d’opposer la méthode psy et la thérapie médicamenteuse : le moyen le plus sûr d’éviter les récidives semble l'association des deux approches.

Un traitement à vie ?

Pour éviter les récidives, l’idée d’un traitement "préventif", prescrit en dehors de tout épisode de dépression, est de plus en plus souvent évoquée. L’OMS, bien que prudente, approuve la démarche : La phase dite "pharmacothérapie d'entretien" vise à prévenir la réapparition de troubles de l'humeur; elle est généralement recommandée pour les personnes ayant eu trois épisodes dépressifs ou davantage, une dépression chronique ou dont les symptômes persistent. Cette phase peut durer des années et nécessite en général des visites mensuelles ou trimestrielles. Cette méthode n’est donc pas destinée à tous et doit bien sûr s’accompagner d’un suivi très strict.

Evitez le stress

Ne pas faire de récidive, cela passe également par éviter les facteurs déclenchants. Ainsi, une bonne hygiène de vie est primordiale. Et surtout, il faut éviter le stress ! En effet, des tensions excessives favorisent le retour de la dépression.

La dernière étude1 en date souligne d’ailleurs une sensibilité particulière au stress qui expliquerait les rechutes : certaines personnes, plus "fragiles psychologiquement", seraient plus exposées à ce risque de retomber dans la déprime. Il est donc important de garder un environnement stable et de chasser les problèmes !

Faites de l’exercice !

Un autre aspect de plus en plus étudié est l’exercice physique. En effet, plusieurs études2 ont souligné les vertus du sport même modéré dans la lutte contre la dépression. L’une d’entre-elle a même démontré qu’une demi-heure d’exercice de faible intensité trois fois par semaine était aussi efficace que les antidépresseurs dans le traitement de la maladie ! Mieux, si la personne continue à faire de l’exercice après la guérison, le risque de rechute serait 5 fois plus faible ! Et plus l’activité physique hebdomadaire augmente, plus le risque diminue ! Certes, ces résultats demandent encore confirmation, mais cette piste ne doit surtout pas être négligée. Même si elles ne sont pas remboursées, les baskets doivent faire partie de l’arsenal thérapeutique, au même titre que les médicaments et les thérapies !

Enfin, la réaction face à la dépression intervient fortement dans le processus de guérison. Ainsi, quelqu’un de combatif, qui n’acceptera pas la maladie comme une sorte de fatalité, guérira plus rapidement et de manière plus durable. En outre, le risque basculer dans une forme chronique sera moins grand. Enfin, le rôle de l’entourage est essentiel pour vaincre la maladie.

Alain Sousa

Dépression : les conditions de la guérison

Pour qu’une dépression guérisse complètement, il faut qu’elle ait été repérée précocement, que le traitement ait été prescrit à la bonne dose, puis poursuivi sur une période suffisante. Modèle de prise en charge.

Les chiffres de la dépression sont particulièrement démonstratifs des insuffisances des traitements au sens large… Sur les trois millions de Français qui souffrent effectivement de la maladie, près de 120 000 tentent de mettre fin à leurs jours. Et un sur 10 y parvient… Plus inquiétant encore, six "suicidants" sur 10 ont consulté leur médecin dans le mois qui précède le passage à l’acte ! Enfin, 60 % des déprimés récidivent dans les deux ans qui suivent la dépression initiale.

Une prise en charge précoce

C’est pourquoi, première étape de la prise en charge, il est indispensable de reconnaître les signes de la dépression : humeur dépressive, perte d’intérêt et de plaisir pour tout, troubles du sommeil, fatigue, difficultés de concentration ou de mémorisation, ralentissement, pensées de mort… Et de consulter. Plus le traitement est différé et plus le risque de rechute est grand.

De plus, au fur et à mesure des nouveaux épisodes de dépression, la maladie devient chronique et les chances d’en guérir définitivement s’amenuisent.

Objectif, rémission complète des symptômes

La dépression est donc une vraie maladie, "qui ne passera pas toute seule avec un peu de volonté". Elle doit être traitée avec des médicaments. En sachant que leur effet n’est pas immédiat. Inutile de "sauter" d’un antidépresseur à l’autre. Il faut bien quatre à six semaines d’un antidépresseur pris à la bonne dose pour évaluer l’efficacité du traitement. Or habituellement, dans l’intervalle, les effets indésirables du médicament se sont déjà manifestés, ce qui peut en décourager certains… Pas question pourtant d’interrompre le traitement avant la rémission complète des symptômes, c’est-à-dire avant leur totale disparition. Une simple amélioration ne suffit pas.

Un traitement au long cours

Une fois cette rémission obtenue, le traitement doit être maintenu pendant 4 à 6 mois supplémentaires, ce qui consolide le bon résultat. Toujours pour éviter les rechutes, facteur de pérennisation de la maladie. Il s’agit en fait de ne pas rater le premier traitement, de guérir l’épisode aigu et ainsi de s’économiser d’éventuelles récurrences dépressives. "En cas de résistance, parce que les symptômes sont trop sévères, lorsqu’il existe des troubles anxieux associés…, le psychiatre permet de réinscrire la rupture dépressive dans l’histoire du patient", indique le Pr. Maurice Ferreri (Hôpital Saint-Antoine à Paris), "et le rend plus robuste".

Dr Brigitte Blond

Devez-vous avoir peur des antidépresseurs ?

Les antidépresseurs font partie des avancées majeures de ces dernières années. Ils ont amélioré de manière considérable le traitement de la dépression. Mais quels sont leurs dangers d'une utilisation abusive ? Ont-ils des vertus cachées ? Comment se déroule un traitement ? Doctissimo vous dit tout sur ces "pilules du bonheur" !

Antidépresseurs : une prescription insuffisante ?

Si les antidépresseurs existent depuis de nombreuses années, ils semblent encore mal employés aujourd’hui. Prescription d’autres médicaments, doses insuffisantes… Aujourd’hui, seulement 5 % des dépressifs reçoivent un traitement adapté ! Le point sur cette situation alarmante.

Aujourd’hui, seuls 30 % des dépressifs seraient correctement diagnostiqués en france. Parmi eux, un tiers reçoit une prescription d’antidépresseur.

Une situation alarmante

En tenant compte des chiffres d'observance et des taux de réussite des traitements (Weissman, 1974 ), il en résulte que seulement 5 % des dépressifs reçoivent une prise en charge médicale correcte pour leur dépression (Henry, 1993).

Les antidépresseurs sous-utilisés ?

Il existe en France des recommandations médicales clairement définies s’agissant du traitement de la dépression : elles indiquent la prescription d'antidépresseurs. Pourtant, seulement 25 % des prescriptions médicamenteuses concernent les antidépresseurs (Lépine, 1997). Les habitudes de prescriptions des médecins pour le traitement de la dépression persistent et l'utilisation d'autres psychotropes (tranquillisants ou hypnotiques), est encore importante, même si elle tend à diminuer avec le temps (Credes, 1996). Ce type de traitement a été démontré comme étant inefficace pour la dépression et source de nombreux effets indésirables

De plus, en cas d’utilisation d’antidépresseur, les doses prescrites sont inférieures aux doses préconisées pour trois quarts des dépressifs traités, diminuant ainsi le taux de réponse au traitement (McDonald, 1997).

Dans le traitement de la dépression, un effort dans le diagnostic et la prescription semble donc essentiel du côté des médecins…

Antidépresseurs : comment se passe le traitement ?

Dans le traitement de la dépression, l’usage des antidépresseurs fait appel à des règles précises. Durée de la prise, choix de la molécule, évaluation de l’efficacité… ne se font pas au hasard. Petit guide.

Selon les études épidémiologiques, la plupart des patients déprimés sont pris en charge par un médecin généraliste. 70 à 75 % des prescriptions d'antidépresseurs (Zarifian 1996) sont d’ailleurs faites par des ces médecins.

L'usage des antidépresseurs au cours de la dépression

Le bon usage des antidépresseurs nécessite une relation suivie avec le médecin. La durée de traitement au départ est de deux mois en moyenne pour obtenir une disparition des symptômes. Après disparition des symptômes dépressifs suit un traitement de consolidation de quatre mois en moyenne. La posologie conseillée est généralement la même que celle de la phase d'attaque.

Le traitement de prévention des récidives doit être envisagé pour les personnes à risque. Il peut faire appel notamment aux différentes psychothérapies.

Comment peut-on évaluer l’efficacité du traitement ?

Au début du traitement, le médecin évalue les changements après un minimum de trois semaines de traitement à posologie active. C’est le délai nécessaire avant de conclure à une inefficacité et d'envisager un changement thérapeutique.

L’évaluation de l'effet à long terme doit tenir compte de plusieurs critères. Fréquence, durée et intensité des épisodes dépressifs, qualité et durée des intervalles libres... Un antidépresseur sera considéré comme efficace s'il modifie un ou plusieurs de ces cinq paramètres.

Comment le médecin choisit le type d’antidépresseur ?

Il n’existe pas aujourd’hui de médicaments spécifiquement destinés à tel ou tel type de dépression. Les critères de choix du médecin prennent en compte :

Les propriétés sédatives, psychostimulantes ou neutres de chaque spécialité ;

Les contre-indications, associations médicamenteuses et effets secondaires par rapport à un patient donné ;

La facilité d’emploi des médicaments disponibles.

Le problème de l'observance

L’observance du traitement est un des éléments déterminants pour l'amélioration de l’état de santé du malade. Des enquêtes récentes montrent qu'une prescription sur deux n'est pas suivie, toutes spécialités et médicaments confondus. Les causes en sont très diverses :

Troubles de l'attention ;

Sentiments de découragement et d'incurabilité ;

Sous-estimation, voire la négation de la maladie ;

Méfiance vis-à-vis du traitement (peur de la dépendance, peur du traitement à vie, peur du médicament "assommant", position de défi).

L'abandon du traitement à cause de l’amélioration de l'état clinique est très fréquent chez les patients déprimés. Pourtant, il est indispensable de continuer le traitement, même lorsque les symptômes ont disparu.

Dans tous les cas, il ne faut pas oublier que les antidépresseurs ne sont qu'un aspect du traitement, qui comporte d'autres mesures thérapeutiques (psychothérapies interpersonnelles, psychothérapies comportementales, etc.).

Louis Asana, d’après le rapport Itinéraire des déprimés, janvier 2001

L’arrêt du traitement médicamenteux

Dans la dépression, quelle est la durée des traitements médicamenteux. Comment se passe l’arrêt de la prise d’antidépresseur ? Comment sait-on que l’on est guéri ? Tour d’horizon…

Comment sait-on que l’on peut arrêter les antidépresseurs ?

Pour le médecin, les critères de guérison les plus fréquemment utilisés sont la disparition des symptômes, la réinsertion professionnelle et la reprise des activités. Il existe, d’autre part, des critères concernant la qualité de la réinsertion familiale et l’opinion de l’entourage qui définissent aussi la guérison. Il y a, enfin, le vécu subjectif du patient. Mais bien sûr cela varie en fonction de chacun. Certains retrouvent entièrement leur état antérieur. Il existe un pourcentage de malades présentant des symptômes résiduels : troubles du sommeil, scepticisme, phobies, anxiété…. On observe enfin 10 % de dépressions dites résistantes.

Quand peut-on arrêter le traitement ?

Un traitement bien conduit amène le plus souvent la rémission des symptômes au bout de deux mois. Il faut alors négocier avec le patient le maintien des doses et rester attentif à l’évolution La durée totale du traitement est habituellement de six mois (plus ou moins deux mois). L’arrêt du médicament se fait ensuite, en diminuant progressivement les doses.

Pourquoi certains traitements durent plus longtemps ?

L’inefficacité du traitement peut paradoxalement expliquer ces traitements plus longs. Celui-ci a pu être mal évalué, inadapté, à posologie insuffisante…. Dans certains cas, la crainte de la rechute, peut justifier une prolongation de la prescription au-delà des recommandations usuelles. Par ailleurs, il existe souvent une demande de "meilleures performances" ou d’un plus grand confort de la part des patients, qui hausse la barre de la guérison et donc la durée du traitement.

Existe-t-il des arrêts prématurés ?

L’analyse du suivi des patients, dans l’étude SOFRES 1997, montre une prédominance de traitements "courts" avec un taux d’arrêts prématurés (moins de 4 mois) de 61 %. On peut isoler plusieurs raison a cet arrêt précoce :

Le sentiment d’incurabilité lié aux dépressions sévères ;

Une amélioration perçue de l’état de santé jugée suffisante par le patient ;

Les effets secondaires des médicaments ;

La peur de devenir dépendant du médicament ;

La baisse de qualité de l’adhésion aux recommandations du médecin au cours du temps ;

L’insuffisance d’accompagnement médical ;

La non-reconnaissance du besoin de cette thérapeutique par l’entourage.

Or il convient d’être vigilant à bien mener le traitement à son terme. La maladie dépressive est un des principaux facteurs de risque du suicide, sinon le plus important. Soigner de manière appropriée la dépression c’est, pour beaucoup, prévenir le suicide. L’arrêt prématuré du traitement, médicamenteux et psychothérapique comporte donc un risque de suicide. La prise en charge de qualité est ainsi primordiale.

Louis Asana, d’après le rapport Itinéraire des déprimés, janvier 2001

Antidépresseurs et troubles sexuels

Dans le cortège des problèmes qui accompagnent la dépression, les troubles sexuels ne sont pas des moindres. Longtemps considérés comme un symptôme de cette maladie, on sait aujourd'hui qu'ils peuvent être un des effets secondaires des antidépresseurs. Qu'en est-il vraiment ?

La dépression prédispose au manque de plaisir dans tous les domaines de la vie. Il n'y a donc rien d'étonnant à voir s'installer dans ces moments difficiles des troubles sexuels.

Que ce soit un manque de désir, des troubles de l'érection ou de l'éjaculation chez l'homme, des difficultés d'excitation ou d'accès à l'orgasme chez la femme. Il faut savoir en effet qu'un ou plusieurs de ces troubles accompagnent la dépression chez environ 40 à 50 % des patients selon certaines études. Mais quel est le lien entre dépression et troubles sexuels ? Ces études n'indiquent pas si l'état psychique du patient est en cause ou si le trouble sexuel est la conséquence des difficultés rencontrées par la personne déprimée. Ou encore si le problème sexuel existait avant la dépression.

Par ailleurs la plupart des personnes déprimées reçoivent des antidépresseurs. Parmi leurs effets secondaires : les troubles sexuels. Alors comment faire la part des choses ?

Quand médicaments rime avec piètre amant

Très souvent les troubles sexuels persistent, alors que le traitement médicamenteux institué fait disparaître les symptômes de la dépression et permet au patient de se rétablir. Pour certains, la prise d'antidépresseur va faire apparaître ces difficultés inexistantes auparavant.

Depuis qu'on s'y intéresse, cet effet secondaire est mieux connu. Une étude a permis de montrer, que si 14 % des patients seulement abordent spontanément l'apparition ou la persistance de troubles sexuels lors des consultations, ils sont 58 % à s'en plaindre si le médecin les interroge précisément.

Dans une autre enquête, 51 % des personnes traitées par antidépresseur se sentaient mieux, mais seulement 1 % avaient vu leur intérêt pour la sexualité augmenter pendant le traitement

Si la plupart des antidépresseurs peuvent agir négativement sur la fonction sexuelle, leurs effets sont différents. Certains diminuent le désir sexuel, d'autres l'excitation ou encore l'orgasme. D'ailleurs certains antidépresseurs connus pour retarder l'éjaculation sont employés dans le traitement de l'éjaculation prématurée.

Des études ont comparés des antidépresseurs sur ce point, il semblerait que le Zyban® (bupropion), le Stablon® (Tianeptine), et le Norset® (Mirtazapine) aient moins souvent des effets délétères sur la sexualité.

Comment savoir s'il est question de cet effet secondaire ?

Vous faites une dépression, vous prenez un antidépresseur et vous avez des troubles sexuels.

Si les troubles sexuels sont apparus lors du début du traitement, le médicament est sans doute en cause ;

Si malgré une amélioration de votre humeur et la disparition de certains symptômes de la dépression les troubles sexuels apparus au début de votre dépression persistent, le traitement est peut être en cause ;

Si vos troubles sexuels étaient présents avant la dépression. Le médicament n'est sans doute pas en cause mais si vous consultez un sexologue, parlez-lui de votre traitement.

Dans tous les cas, il ne faut pas hésiter à aborder cette question avec votre médecin. Il vous proposera une solution adaptée à votre situation.

La sexualité reste un centre d'intérêt important pour toute personne déprimée. Une enquête l'a démontré. 75 % des personnes dépressives ou avec un passé dépressif interrogées jugeaient important ou très important d'avoir une vie sexuelle satisfaisante

Que faire quand l'antidépresseur est en cause ?

Une chose est sûre : il ne faut jamais l'arrêter à la légère. Votre médecin trouvera avec vous la solution appropriée

Il est possible de diminuer la dose du médicament à son minimum efficace ;

L'effet secondaire disparaît parfois spontanément en quelques mois ;

Les antidépresseurs ne sont pas tous aussi perturbateurs. Il est parfois possible de changer de classe thérapeutique ;

Votre médecin peut vous proposer de faire des "fenêtres thérapeutiques", c'est-à-dire d'arrêter le traitement le week-end. Mais cette méthode ne convient pas à tous ;

Certains anxiolytiques comme le Buspirone® ajoutés aux ISRS permet la disparition du trouble sexuel induit par l'antidépresseur ;

Chez l'homme présentant des troubles de l'érection induit par un antidépresseur, il est possible d'utiliser un inducteur d'érection pour pallier l'effet secondaire.

Il ne faut pas oublier que ces troubles dus aux médicaments sont réversibles. L'association d'une psychothérapie au traitement médicamenteux permettra un arrêt plus facile et plus rapide de celui-ci.

La fonction sexuelle, longtemps négligée par les thérapeutes doit être prise en compte. La qualité de celle-ci permettra un meilleur suivi du traitement et participera au rétablissement de la personne déprimée.

Les risques des antidépresseurs

Les antidépresseurs sont un réel progrès dans le traitement de la dépression. Mais comme tout médicament, ils peuvent avoir des retentissements plus ou moins importants sur la santé. Tour d’horizon des risques et des inconvénients de ces pilules miracles.

Les effets secondaires des antidépresseurs dépendent énormément de leur nature. Ainsi, les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) ont des effets moins gênants que les inhibiteurs de la monoamine oxydase (IMAO) et les antidépresseurs tricycliques (ou imipraminiques). De plus, certains entraînent une forme d’accoutumance et, dans ce cas, le traitement ne doit pas être interrompu brutalement.

Des risques pour l’estomac ?

La prise de certains antidépresseurs pourrait entraîner des hémorragies gastriques chez les personnes âgées. Telle est la conclusion d’une étude canadienne1 portant sur plus de 300 000 personnes de 75 ans de moyenne d’âge. Selon les résultats, la prise d’un antidépresseur de type inhibiteur de la recapture de la sérotonine (voir la liste) augmentait de 10 % en moyenne le risque d’hémorragie gastrique. Ce danger augmenterait avec l’âge et en cas d’antécédents d’hémorragie digestive. Cette enquête confirme en fait une relation déjà soupçonnée et devrait favoriser la prise en compte de l’âge et des antécédents dans le traitement de la dépression chez les seniors…

Antidépresseurs et troubles érectiles

Les antidépresseurs sont responsables de troubles sexuels variés chez un certain nombre de patients (diminution de la libido, troubles de l’éjaculation ou de l’érection, etc.). Tous les antidépresseurs entraînent des effets secondaires différents et plus ou moins intenses d’une personne à l’autre. Tous les antidépresseurs concernés sont : antidépresseurs tricycliques, inhibiteurs sélectifs de la sérotonine et IMAO non sélectifs.

Zyban® sous surveillance

En janvier 2002, l'agence du médicament britannique (Medecine Control Agency ou MCA) a annoncé que 57 décès avaient été recensés Outre-manche chez des personnes prenant du Zyban®. Ce nouveau médicament d’aide au sevrage tabagique est en fait un antidépresseur. Il est d’ailleurs prescrit comme tel aux Etats-Unis. Selon l'Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé (AFSSAPS), rien ne prouve qu’il y ait un lien de cause à effet entre le décès et la prise de Zyban®. En effet, la MCA affirme aussi que la plupart des patients concernés présentaient des états de santé qui à eux seuls peuvent vraisemblablement expliquer leur décès. De plus, sur ces 57 cas, 14 personnes ne prenaient plus le médicament suspecté au moment de leur mort. Il n'y a donc pas lieu de s'alarmer2 mais de surveiller…

Gare aux associations

Selon certaines études, la combinaison de plusieurs médicaments affectant la production de sérotonine pourrait favoriser la survenue de céphalées et d’accidents vasculaires cérébraux. La sérotonine est un messager chimique particulièrement important au niveau cérébral. Certains antidépresseurs augmentent ainsi spécifiquement sa concentration. Or, la sérotonine possède une action vasoconstrictrice (réduisant le calibre des vaisseaux sanguins). Si cette propriété s’exprime au niveau de vaisseaux cérébraux, elle peut causer des céphalées ou des accidents vasculaires, selon les auteurs de l’étude parue dans la célèbre revue Neurology. Pour étayer leur propos, ils décrivent trois cas d’accidents ischémiques. Les produits mis en cause sont en premier lieu les antidépresseurs inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS). Mais sont également concernés certains antimigraineux appelés triptans ; certaines pilules amaigrissantes, les amphétamines, le millepertuis, certaines drogues comme l’ecstasy ou la méthamphétamine…

Les antidépresseurs sont vraiment efficaces pour traiter la dépression et seul un médecin peut juger du besoin d’employer ce type de médicament. Ils sont exclusivement sur prescription médicale et leur usage nécessite un suivi. Pas d’automédication donc… même pour un petit coup de blues mais il ne faut pas hésiter à consulter son médecin en cas de doute. La dépression est une vraie maladie.

Louis Asana

Comment aider une personne dépressive ?

Morose, irascible, renfermé, un de vos proches est déprimé. Sans cesse fatigué, il voit tout en gris et n’a plus confiance en lui. Quelle attitude adopter : compassion, assistance, sollicitude, accompagnement ? Comment être soi-même suffisamment fort pour le soutenir ? Comment réagir pour l'aider ?

Une personne dépressive perd confiance en elle, se dévalorise et culpabilise, ce qui renforce d'autant plus son état. Souvent les reproches exprimés ou non de l’entourage aggravent encore la maladie.

Eviter de le culpabiliser

Il faut donc abolir toute leçon de morale, toutes phrases telles que "tu t'écoutes trop", ou "avec de la volonté tu t'en sortiras". Ces affirmations ont un effet dévastateur sur le déprimé. Elles accentuent souvent sa culpabilité. Si vous adoptez un tel discours, le déprimé perdra confiance en vous, risquant de se replier un peu plus sur lui-même.

Il ne faut pas non plus l'inciter à se ressaisir car il en est incapable sans aide. Vous risquez de lui faire prendre encore plus conscience de ses faiblesses.

De plus, lorsqu'il vous parle de sa vision des choses, il est inutile d'évoquer la logique ou le raisonnable. N’oubliez pas que la dépression est une maladie. Votre ami en est la victime, il n’en est pas l'acteur.

Prendre la souffrance au sérieux

Il ne faut pas non plus banaliser la souffrance de votre ami : inutile de lui dire "ça n'est pas grave", ou encore "chacun à ses propres problèmes". Le dépressif a besoin que l'on prenne sa souffrance au sérieux. Votre présence doit être rassurante. Sans glisser avec lui dans la dépression, accompagnez-le sans le bousculer. Vous devez lui faire comprendre qu'il n'est pas responsable de son état, et que vous le savez. Faites lui admettre que c'est une maladie, qu’elle se guérit. Proposez lui de consulter un médecin et d’en parler à un psychiatre ou un psychologue.

Un entourage positif

Les personnes dépressives ont tendance à voir tout en noir. Elles ont une vision négative d'elles-mêmes, du monde et de l'avenir. Vous pourrez les aider en leur montrant toujours le côté positif de chaque chose et en les rassurant sur leurs potentialités personnelles. Essayez de préserver votre propre enthousiasme pour le lui faire partager.

Garder le contact avec ses amis

De nombreux dépressifs se coupent véritablement de leur entourage. Ils pensent que leur dépression doit rester secrète, ils éprouvent de la honte. En réalité, il vaut mieux garder des contacts et parler de sa maladie à ses amis est une aide précieuse.

Une souffrance aussi pour les proches

Les proches de dépressifs ont eux aussi besoin d'être soutenus. Ils ressentent une profonde souffrance à l'idée de ne pas rendre leur conjoint heureux. Souvent, ils en viennent à se persuader qu’ils sont même responsables de sa maladie. N’hésitez donc pas vous aussi à rechercher de l’aide : vous ne pourrez soutenir vos proches si vous même avez besoin de soutien !

Sylvie Rochefort

Quand le conjoint déprime...

Ca ne va plus. Votre conjoint tourne en rond, se plaint de fatigue, s'énerve pour un rien. Son sommeil est haché, ses repas médiocres, son dos douloureux. Au début on pense rarement à une dépression. Pourtant, un beau jour, il faut se rendre à l'évidence. Quelque chose a changé.

Surtout, cette modification dure. Observés depuis de longues semaines, les signes s'accompagnent maintenant d'un vague fond de tristesse et d'une perte du goût de vivre.

Faut-il l'emmener chez le médecin ?

Un déprimé sur quatre seulement consulte de lui-même. Les autres ne veulent rien savoir : "Ça va passer, laisse-moi tranquille..." Face à cette situation, l'entourage - à commencer par le conjoint - hésite en général entre deux attitudes. Soit, laisser le déprimé s'en sortir seul comme il prétend pouvoir le faire. Mais on risque de voir les troubles s'éterniser et s'aggraver. Soit tenter de le faire prendre en charge le plus vite possible vite, pour qu'il reprenne pied. S'il s'agit vraiment d'une dépression, cette deuxième attitude est la meilleure : plus la prise en charge est précoce, meilleur sera le pronostic.

Reste à le convaincre d'aller voir un praticien. Celui-ci est, en effet, le seul à pouvoir identifier la nature pathologique des troubles et à instaurer un traitement. Quelques conseils concrets pour y arriver... Ne procédez pas par surprise et ne prenez jamais rendez-vous sans son accord. Evitez également de lui répéter qu'il doit "se soigner" : employée sans discernement, l'expression est redoutable ; c'est au déprimé de prendre la décision de soins, en accord avec son médecin. Intéressez-vous déjà à ses souffrances (insomnie, angoisse, etc.)et soulignez que souffrir ne sert à rien. Dites-lui qu'il existe sûrement un remède à son mal-être, que vous en êtes convaincu, qu'il y a des professionnels pour l'aider. Et proposez-lui de l'accompagner, ce sera une façon de marquer votre attention.

Et s'il refuse de se faire aider ?

Choisissez de préférence un médecin qu'il(ou elle)connaît. La plupart du temps, ce sera le médecin traitant. On peut aussi lui proposer d'aller voir d'emblée un psychiatre. Certains déprimés en sont parfois effrayés : "Mais je ne suis pas fou !" Mais il faut savoir que cette proposition peut en soulager d'autres : elle donne à certains déprimés le sentiment que l'entourage, le conjoint, comprennent et acceptent la réalité de leur souffrance.

S'il refuse toute aide médicale, essayez de mettre à profit le manque de"tonus"qu'il présentera, à certains moments, pour l'entraîner.

Il y a toutefois des situations d'urgence : quand la personne semble incapable de prendre toute décision, qu'elle évoque le suicide, qu'elle paraît dans un état de dépression avancée. Sachez les reconnaître et prenez les choses en main. Appelez un médecin ou un psychiatre pour une visite à domicile. Dans certaines grandes villes, il existe aussi des services S.O.S. Médecins ou S.O.S. Psychiatrie(adresses dans l'annuaire ou par minitel).

Devez-vous l'accompagner ?

"Le fait que le déprimé soit accompagné, voire amené par un membre de sa famille est toujours significatif" explique le docteur Nathalie Regensberg, médecin généraliste. Il faut tenter d'analyser les raisons pour lesquelles le malade ne vient pas seul. Comprendre aussi pourquoi c'est ce membre-là, et pas un autre, qui le conduit à la consultation.

Autrement dit, si vous décidez d'accompagner un dépressif chez le médecin, vous pourrez être considéré comme un acteur à part entière de la consultation.

Autant le savoir pour mieux aider le praticien : indiquez à celui-ci les troubles qui vous ont alertés, leur date d'apparition, les événements qui semblent les avoir suscités, tout détail vous paraissant important. Ne cachez pas d'éventuels antécédents de troubles psychiques dans la famille(un médecin n'est pas là pour juger).

Si vous craignez que cette conversation choque le dépressif, il est toujours possible de téléphoner au médecin avant la consultation pour le lui dire. Lors du rendez-vous, il vous indiquera s'il faut rester ou le laisser avec son patient.

Il est pris en charge, que faire ?

"L'entourage joue un rôle primordial dans la prise en charge et l'évolution de la dépression" souligne le professeur Maurice Ferreri. Ce rôle peut être négatif ou positif.

Dans le premier cas, le patient peut rencontrer, de la part de sa famille, une certaine opposition à ce qu'il observe le traitement. Soit par le fait de l'ignorance :"Inutile de prendre ça, tu va beaucoup mieux aujourd'hui." Soit par crainte : "Avec ce produit, tu deviens un zombi." Ou encore par idéologie : "Plutôt que des médicaments, tu devrais prendre des remèdes naturels..."

L'influence nocive peut prendre la forme de reproches. Ceux-ci concernent souvent les conséquences sociales de sa maladie :"A cause de toi, on ne voit plus personne". Ou l'impact de la maladie sur la vie professionnelle :"Tu finiras par perdre ton travail, par être reclassé, etc."

Dans le cas contraire, l'entourage peut s'avérer un interlocuteur privilégié pour le médecin traitant. Il constitue en effet une source précieuse d'information, peut aider le patient à veiller sur la bonne marche du traitement, rassurer le déprimé, l'aider à retrouver son état habituel, contribuer au contrôle des récidives. "Il est très important que le médecin rencontre l'entourage du patient, l'informe sur la nature de la maladie et de son traitement, l'aide à comprendre les différents moments de l'évolution de cette maladie" rappelle le professeur Ferreri.

Quelle influence sur le couple ?

Plusieurs études ont tenté de mesurer les effets du contact quotidien avec un conjoint déprimé. Les résultats sont concordants et constatent une importante détresse du partenaire. Un des travaux les plus récents, l'étude de Dubek1, semble même confirmer que le retentissement n'est par le même selon qu'il s'agit du mari ou de la femme... Ce travail montre en effet que l'épouse d'un homme dépressif a en effet plus de symptômes dépressifs et de moins bonnes relations de couple qu’un homme marié dans la situation inverse.

Selon une autre étude, celle de Merikangas2, on constate un taux de divorce huit fois supérieur à celui de la population générale dans les trois ans suivant la fin d'un épisode dépressif chez le partenaire.

Concernant la libido, on sait que les troubles sexuels font partie du tableau clinique de la majorité des états dépressifs caractérisés. Impuissance, troubles de l'éjaculation, absence d'orgasme peuvent être présents mais le symptôme le plus fréquent est la baisse de la libido. "Cette perte de l'intérêt sexuel, avec limitation des initiatives érotiques, est le dysfonctionnement le plus souvent observé autant chez l'homme que chez la femme" assure le docteur Regensberg.

Rapport Itinéraire des déprimés, mars 2001

La dépression est contagieuse !

Votre conjoint, ami ou enfant déprime, et vous tentez de lui remonter le moral… jusqu’au jour où à votre tour vous dérapez et voyez tout en noir. La dépression s’attraperait-elle comme on attrape une grippe ou un rhume ?

La dépression est une maladie psychologique insidieuse ; ceux qui en sont atteints n’ont pas toujours la mine attristée… Mais ils créent autour d’eux une tension qui engendre la colère, l’anxiété, le ressentiment ou la peur. Parce qu’elle ne va pas bien, la personne dépressive appelle à l’aide. Mais en l’aidant, l’on devient parfois sa victime.

De la compassion à ses conséquences

Lorsqu’un proche déprime, vous voudriez le protéger de lui-même. D’abord attentif à ses plaintes, angoissé par son état ou même craignant une éventuelle tentative de suicide, vous culpabilisez. Vous vous sentez responsable de son humeur. Vous vivez comme un échec personnel de ne pas réussir à l’arracher à ses idées noires. Pourtant, à force de fusion avec la personne dépressive, vous raisonnez comme elle, et vous adoptez son humeur. Ou alors vous vous révoltez et devenez, malgré vous, agressif à son égard.

Quand la dépression change de camp

Il arrive un moment où la personne initialement dépressive paraît être celle qui se porte bien, tandis que celui ou celle qui la soutenait devient la personne “malade”. Car le dépressif s’est déresponsabilisé sur lui ou elle : il transmet ses angoisses sans les soigner. A partir du moment où quelqu’un d’autre assume ses maux, il en est provisoirement libéré. Il détruit psychologiquement celui qui le soutient en "ponctionnant son énergie". L’ami, le parent, le conjoint compatissant devient alors la victime : c’est lui qui semble aller mal, parce qu’il oscille entre culpabilité, colère et peur, les symptômes de la dépression. En cherchant à guérir d’une angoisse qui n’est pas la sienne, il devient un instable émotionnel, un dépressif à part entière !

Comment échapper à la contagion ?

Il n’est pas simple d’éviter la contamination par la dépression : apprenez à écouter le dépressif sans être fusionnel avec lui ! Pratiquez ce que les psychothérapeutes appellent “l’écoute flottante”, c’est-à-dire écouter sans tout entendre. Triomphez du sentiment de culpabilité qui assaille tout familier d’un dépressif : vous n’êtes pas responsable de son mal-être. Les dépressifs provoquent la colère de leurs proches, parce qu’ils leur prêtent faussement de mauvaises intentions : apprenez à distinguer les signes précurseurs d’un conflit. Evitez de rentrer dans des discussions stériles ! Inutile de vous justifier : vous feriez le jeu de votre “tortionnaire” !

Restaurer sa propre image

Le dépressif vous fait douter de votre sensibilité, de votre capacité d’écoute, de votre générosité. Pour ne pas sombrer à votre tour dans la dépression, prenez la mesure de votre valeur. Certes, ce n’est pas facile, car vous voudriez bien être soutenu par l’autre, notamment s’il est votre conjoint ou votre parent. Or c’est justement cet autre qui vous nuit ! Peut-être aurez-vous besoin de l’assistance d’un psychothérapeute. Si vous réussissez à devenir imperméable, le dépressif perdra l’emprise qu’il a sur vous. Il apprendra à être responsable de lui-même et à définir les limites de sa souffrance. C’est alors qu’il pourra enfin chercher à se soigner au lieu sans faire de vous sa victime.

Marianne Chouchan

http://www.doctissimo.fr