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Découvrez sur cette page les informations quotidiennes concernant le viol du 17Mai au 19 Mai 2004
![]() mercredi 19 mai 2004, 20h34 Outreau: sept accusés mis hors de cause restent en prison SAINT-OMER (AFP) - Sept accusés mis hors de cause par leurs principales accusatrices dans le procès pour pédophilie d'Outreau ont été maintenus en détention mercredi par la cour d'assises du Pas-de-Calais à Saint-Omer. Lors de l'audience, Aurélie Grenon, qui s'accusait jusque-là du viol de quatre enfants, s'est par ailleurs rétractée et a disculpé son ex-compagnon, David Delplanque. La décision de maintenir en détention sept 13 autres accusés à tort a surpris puis choqué le public. "Scandale!", "justice de riches!", "pourris!", "une honte!", ont hurlé leurs proches dans l'enceinte du palais de justice. Une seule accusée a été libérée, Sandrine Lavier, 27 ans, une habitante du quartier de la Tour du Renard. Entendue lors de la deuxième semaine de procès, elle avait expliqué devant le tribunal que dans sa cellule de Loos-lez-Lille (Nord), ses affaires étaient mises en pièces par ses co-détenues et qu'elle était insultée toute la nuit. Pour les sept autres, son mari Franck Lavier, Daniel Legrand père et fils, Pierre Martel, Thierry Dausque, Dominique Wiel et David Brunet, la libération n'avait jamais paru si proche. Ils avaient été mis hors de cause la veille par Myriam Delay et Aurélie Grenon, les deux seules adultes qui les accusaient encore de viols et d'attouchements. Ni les parties civiles, ni même le parquet ne voyaient d'inconvénient à ces mises en liberté demandées par leurs avocats respectifs, à la lumière des revirements de mardi. Mais la cour, sans motiver sa décision, a laissé en prison des accusés qui depuis le début du procès clament leur innocence. "Comme s'il ne s'était rien passé durant ces journées de procès! (...) Je ne comprends pas que la cour soit plus royaliste que le roi ou plus procureur que le procureur", a commenté l'avocat de la boulangère Roselyne Normand, Me Eric Dupont-Moretti. "Seznec n'a jamais été réhabilité. La justice n'a pas la culture de l'erreur", a-t-il ajouté. Les débats semblaient prendre une direction claire mardi soir, avec quatre accusés qui se reconnaissaient coupables à quatre, et treize accusés qui se réjouissaient de voir leur innocence reconnue par ces quatre-là. Mais l'audience de mercredi a encore révélé une surprise. Aurélie Grenon, qui comparaît libre, s'est rétractée et a disculpé son ex-compagnon David Delplanque. La veille encore, au moment d'exonérer treize accusés, elle reconnaissait toujours les viols. "Je n'ai jamais touché un enfant, j'aurais jamais été capable de le faire. Jamais. Elle le sait très bien", a-t-elle affirmé, parlant de Myriam Delay. Cette dernière s'est emportée, et les deux femmes se sont insultées. Myriam Delay maintient sa version de la veille: ils étaient quatre à violer. David Delplanque et Thierry Delay, interrogés à leur tour, ont la même ligne depuis la deuxième semaine du procès: ils étaient quatre à violer. Beaucoup de questions restaient en suspens mercredi, notamment sur les conditions dans lesquelles tant de noms étaient apparus dans la procédure. Mis en cause de toutes parts, le juge d'instruction Fabrice Burgaud doit être entendu dans les prochaines semaines. Les avocats des enfants soulignaient par ailleurs que sur les 18 enfants victimes, seuls six ont été évoqués depuis le début du procès. Dix-sept adultes comparaissent depuis le 4 mai devant la cour d'assises, notamment pour viols en réunion de mineurs de moins de 15 ans. Le procès doit se poursuivre lundi avec l'audition des époux Delay et de leurs deux fils cadets, Jonathan et Dylan. mercredi 19 mai 2004, 18h51 Le procès d'Outreau soulève de multiples questions sur le fonctionnement de la justice PARIS (AP) - La mise hors de cause de 13 personnes accusées de pédophilie dans l'affaire d'Outreau a suscité mercredi de nombreuses interrogations sur le fonctionnement de la justice, notamment sur la crédibilité accordée à la parole d'un enfant victime et sur la décision du placement en détention provisoire des suspects. "C'est trop facile d'accabler le juge d'instruction", souligne Dominique Coujard, président de Cour d'assises à Paris. "Une affaire comme celle-là mérite que l'on s'interroge sur toutes les phases de l'enquête", estime le magistrat qui n'est "pas choqué par le fait que l'audience révèle autre chose que le dossier". "Cela arrive tous les jours". Les deux principaux syndicats de magistrats -le Syndicat de la magistrature (SM) et l'Union syndicale des magistrats (USM)- ont également défendu le jeune juge d'instruction Fabrice Burgaud, mis en cause par la défense pour avoir décidé de renvoyer 17 personnes devant les assises, dans un dossier basé essentiellement sur les accusations de deux femmes et des enfants victimes. Les syndicats ont rappelé que le parquet de Boulogne-sur-Mer a donné son aval à la procédure, ne requérant que deux non-lieu, la décision du placement en détention ayant été prise par le juge des libertés et de la détention. "Il a fait ce qu'il a pu, ce pauvre garçon", déplore Dominique Barella, le président de l'USM, insistant sur "l'énorme pression de l'opinion publique" pesant sur les magistrats en charge de dossiers de pédophilie. "En plus, il y a dans ce dossier des faits avérés contre des mineurs", rappelle-t-il. L'affaire d'Outreau pose en effet le problème de la parole des enfants victimes et la manière dont elle est recueillie. "Pendant longtemps on a accordé peu d'importance à la parole des enfants", selon Agnès Herzog, vice-présidente du SM. "Une fois sur deux, ils dénoncent des faits qui s'avèrent inexacts", déclare-t-elle. "Il y a des abus manifestes avec 'la vérité sort de la bouche des enfants'", ajoute Dominique Coujard. Dans l'affaire d'Outreau, il semble désormais quasiment établi qu'au moins six enfants ont réellement subi des violences sexuelles. Reste la question de savoir si une dizaine d'autres enfants, qui se disent victimes de faits similaires, ont menti ou ont été manipulés. Et pourquoi? Les magistrats s'insurgent aussi des multiples pressions exercées par la police et la gendarmerie qui "hurlent au scandale" et au "sabotage des enquêtes" dès qu'un suspect est remis en liberté. "Qui ose libérer un pédophile présumé?", s'interroge Agnès Herzog. Les syndicats réclament donc de nouveau que le placement en détention provisoire soit une décision collégiale. "Le juge des libertés et de la détention, créé par la loi sur la présomption d'innocence, c'est très bien. Mais il ne faudrait pas qu'il soit seul", note Mme Herzog. De son côté, le ministre de la Justice Dominique Perben s'est dit "bouleversé à l'idée que, peut-être, il y avait des vies brisées sans motif, que peut-être il y avait eu mensonge" dans ce procès. A l'Assemblée nationale, il a promis de "veiller" à ce que les éventuelles "erreurs" du procès d'Outreau soient examinées, une fois le procès terminé, et à ce que les préjudices subis soient réparés "autant que cela soit possible". Le porte-parole du gouvernement, Jean-François Copé, a qualifié de "faits très graves" la mise hors de cause de 13 accusés qui ont toujours clamé leur innocence. "Il n'en reste pas moins que des enfants ont été victimes d'actes graves et répétés", a-t-il rappelé. "Des erreurs dénoncées ne doivent pas faire oublier l'extrême gravité des conséquences de la pédophilie pour ceux qui en sont victimes". AP mercredi 19 mai 2004, 17h12 Outreau:une seule accusée libérée par la cour d'assises SAINT-OMER (Reuters) - La cour d'assises du Pas-de-Calais, qui juge l'affaire de pédophilie d'Outreau, a décidé mercredi la remise en liberté d'une seule des huit personnes mises hors de cause la veille par les deux coaccusées qui les chargeaient. Après le coup de théâtre de mardi soir en pleine audience, les avocats de la défense avaient déposé mercredi en début d'après-midi une demande de mise en liberté pour ces huit accusés qui comparaissent détenus. Mais seule Sandrine Lavier, 27 ans, en prison depuis le 29 mai 2001, a bénéficié de cette libération. L'avocat général, Gérald Lesigne, avait pourtant requis la mise en liberté des huit et la partie civile ne s'y était pas opposée. Poursuivies pour "viols sur mineurs" ou "viols avec actes de barbarie", ces huit personnes, parmi lesquelles un prêtre-ouvrier, un chauffeur de taxi et un artisan, sont détenues depuis deux à trois ans, selon les cas. "Je suis une menteuse, je suis une malade", a lanc mardi soir en pleine audience, à la surprise générale, Myriam Delay, mère de quatre des petites victimes, avouant qu'elle avait accusé à tort treize personnes qui clament leur innocence depuis le début de l'enquête. Cinq de ces treize personnes injustement mises en cause comparaissent libres depuis le début du procès, qui doit se poursuivre plusieurs semaines. La cour doit en principe poursuivre l'audition des enfants. Quatre personnes - les Delay et un couple d'amis, Aurélie G. et David D. - ont avoué au début du procès les viols. mercredi 19 mai 2004, 15h06 CORRECTION - - Outreau: le gouvernement et la magistrature sous le choc Dans notre dépêche intitulée "Outreau: le gouvernement et la magistrature sous le choc ", bien que lire que sept des accusés mis hors de cause et non huit comparaissent détenus. Voici une version corrigée: PARIS (Reuters) - Le monde judiciaire s'interroge sur le traitement de la pédophilie et la détention provisoire après le coup de théâtre du procès de Saint-Omer où 13 accusés, dont sept incarcérés parfois depuis trois ans, ont été mis hors de cause mardi soir en pleine audience. Fait rarissime, le procès, toujours en cours, a été commenté par le porte-parole du gouvernement Jean-François Copé, mercredi lors du compte rendu du conseil des ministres. "Si les déclarations faites hier se confirment, il s'agit de faits très graves. Toutes nos pensées vont vers ceux qui en ont été les victimes dans leur liberté, dans leur famille, dans leur honneur et dans leur intimité", a-t-il dit. "Il n'en reste pas moins que des enfants ont été victimes d'actes graves et répétés. Les erreurs dénoncées ne doivent pas faire oublier l'extrême gravité des conséquences de la pédophilie pour ceux qui en sont victimes", a-t-il ajouté. Mardi soir, les deux principales accusées du procès ont reconnu avoir menti en impliquant treize personnes dans des viols d'enfants commis à Outreau, dans le Pas-de-Calais. La semaine dernière, un autre accusé, Thierry Delay, au centre de l'affaire, avait également avoué avoir menti en chargeant ces treize personnes. Thierry Delay, sa femme et un autre couple ont, eux, reconnu les faits. Ne demeurent plus à charge contre les autres accusés que les déclarations des enfants, âgés parfois de moins de trois ans à l'époque des faits. Leurs premiers témoignages, lundi et mardi, sont apparus très confus. La cour de Saint-Omer devait statuer mercredi ou jeudi sur la remise en liberté des sept personnes qui sont détenues depuis parfois près de trois ans. Les six autres accusés susceptibles d'être innocentés, qui comparaissent libres, ont purgé jusqu'à deux ans et demi de détention provisoire. Ils ont été ruinés, ont perdu leur emploi, leurs enfants leur ont été retirés pour être placés par des organismes sociaux. Certains ont expliqué au procès qu'ils avaient vécu dans l'isolement et la peur en prison, où les suspects de pédophilie sont souvent rudoyés par leurs co-détenus. "CATASTROPHE INADMISSIBLE" Interrogé par Reuters, Dominique Barella, président de l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire), a parlé de "catastrophe inadmissible". Il a estimé que l'affaire reposait le problème de la détention provisoire et de la parole de l'enfant dans les enquêtes sur des faits de pédophilie. "Après avoir négligé la parole de l'enfant, la société l'a sacralisée pour en faire une parole d'or", a-t-il dit. Selon lui, la justice devrait disposer de plus de moyens financiers pour être à même de vérifier des déclarations par des éléments matériels et scientifiques. Le monde judiciaire français est confronté depuis quelques années à une vague d'enquêtes de police sur des faits allégués de pédophilie, désormais fréquemment dénoncés à l'occasion de procédures de divorce. Pour l'USM, l'affaire d'Outreau devrait conduire à réfléchir à l'instauration d'une juridiction collégiale (trois magistrats) pour les placements en détention provisoire, avant le procès public. Depuis 2000, c'est un juge des libertés et de la détention qui statue, sur proposition du juge d'instruction. "Plus l'affaire est grave, plus la pression de l'opinion publique et de la presse est forte sur un juge seul. A trois, il y aurait au moins possibilité de débattre", a dit Dominique Barella. Interrogée par Reuters, la présidente du Syndicat de la magistrature (classé à gauche), Aïda Chouk, s'est aussi prononcée pour cette réforme et a mis en cause le gouvernement Raffarin. "Ce gouvernement a eu pour politique d'instaurer la détention provisoire en règle et non plus en exception, en introduisant par exemple la procédure de référé-détention", qui permet au parquet de suspendre l'effet d'une remise en liberté et de réexaminer un cas, a-t-elle dit. Les dirigeants de l'USM et du SM ont dénoncé également le rôle des syndicats de police, qui ont instauré des observatoires des décisions de remise en liberté qu'ils jugent abusives. Le procès d'Outreau doit en principe se poursuivre durant plusieurs semaines. Le juge d'instruction qui a mené l'enquête, aujourd'hui en poste à Paris, doit être interrogé par la cour la semaine prochaine. Ses décisions aujourd'hui contestées ont été validées par le juge des libertés, mais aussi par le parquet, le parquet général et la chambre de l'instruction. mercredi 19 mai 2004, 14h18 Outreau: Myriam Delay confirme que seuls 4 accusés ont participé aux viols SAINT-OMER (Pas-de-Calais) (AFP) - Myriam Delay, qui a disculpé mardi 13 des 17 accusés du procès pour pédophilie d'Outreau, a confirmé mercredi matin devant les assises du Pas-de-Calais que seuls quatre des accusés ont participé aux viols de six enfants. "Aurélie, moi, David et mon mari, on est coupable, on a violé mes enfants et ceux de M. Delplanque, Malvina et Corentin", a déclaré Myriam Delay, mère de quatre des victimes et elle-même accusée. Les deux couples -Thierry et Myriam Delay, David Delplanque et son ex-compagne Aurélie Grenon- ont avoué les viols d'enfants depuis le début du procès. Mardi soir, les deux femmes ont reconnu avoir menti et chargé les 13 autres accusés à tort. Dix-huit enfants sont au total considérés comme victimes dans le procès. "C'est vrai que j'ai brisé des vies, je pourrais pas demander pardon, c'est pas que je veux pas demander pardon, mais c'est un gros mot", a déclaré Myriam Delay, qui a parlé pendant environ une demi-heure sans s'arrêter. Quand la cour lui a demandé pourquoi elle avait maintenu si longtemps ses accusations, elle a expliqué qu'en entendant mardi le témoignage de son fils Dimitri, aujourd'hui âgé de 12 ans, elle a pris conscience de la gravité des accusations. Dix-sept adultes comparaissent depuis le 4 mai devant la cour d'assises, notamment pour viols en réunion de mineurs de moins de 15 ans. Par ailleurs, des avocats des accusés, mis hors de cause mardi par leurs accusatrices, ont dénoncé mercredi les dysfonctionnements de la justice. C'est une "catastrophe judiciaire", a déclaré Me Jean-Marc Viallat, conseil d'un chauffeur de taxi incarcéré depuis novembre 2001. "Il ne s'agit pas seulement de respecter le code (de procédure pénale), mais d'avoir les mêmes droits que l'instruction", a-t-il ajouté, s'insurgeant contre l'absence des avocats de la défense lors des confrontations. L'instruction menée par le juge Fabrice Burgaud, dont le premier poste était au tribunal de grande instance de Boulogne-sur-Mer, a été, selon Me Viallat "visiblement orientée". "Notre but est de montrer que la présomption d'innocence n'a pas été respectée", a pour sa part déclaré Me Blandine Lejeune, avocate de l'abbé Dominique Wiel, lui aussi incarcéré et mis hors de cause par ses accusatrices. "Devant le juge, les questions sont toujours à charge et c'est lui qui fait le dossier. Ca se passait pareil pour (Patrick) Dils qui a crié son innocence pendant 18 ans sans être entendu", a affirmé Christian Godard, l'un des accusés qui comparaît libre mercredi 19 mai 2004, 12h32 Vidéo pédophile sur l'internet: le SRPJ de Lyon saisi LYON, 19 mai (AFP) - Le procureur de la République de Saint-Etienne a annoncé mercredi avoir saisi le SRPJ de Lyon à la suite de la récente découverte par une internaute stéphanoise d'une vidéo pédophile à la place d'une série américaine qu'elle venait de télécharger. "J'ai saisi la direction interrégionale de la PJ de Lyon pour que des recherches puissent être poursuivies en liaison avec l'office centrale de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'informatique et de la communication", a déclaré Paul Michel à l'AFP. Selon le quotidien Le Progrès qui révèle l'affaire mercredi, une mère de famille stéphanoise, qui venait de télécharger sur l'internet une série américaine pour son fils, avait eu la stupeur de découvrir sur le CD une séquence pornographique amateur. Pendant un quart d'heure, une fillette maquillée d'une dizaine d'années était violée dans une chambre d'hôtel par au moins deux hommes au visage dissimulé au montage, explique le quotidien. "Les enquêteurs vont faire une série de vérifications très techniques pour tenter d'élucider" comment il a été possible de télécharger ce film pédophile, a ajouté M. Michel, précisant que l'internaute avait utilisé un moteur de recherche. Le procureur n'exclut pas d'ouvrir prochainement une information judiciaire, notamment si des actes doivent être poursuivis à l'étranger, a-t-il dit. mercredi 19 mai 2004, 8h27 Deux accusées d'Outreau mettent les notables hors de cause SAINT-OMER (Reuters) - Les deux principales accusatrices du procès d'Outreau ont provoqué un coup de théâtre mardi soir devant les jurés de la cour d'assises du Pas-de-Calais à Saint-Omer en retirant leurs accusations à l'encontre de la plupart de 13 accusés dans cette affaire de pédophilie. "Je suis une menteuse, je suis une malade" a déclaré Myriam, la mère de quatre petites victimes à l'issue d'une interruption de séance. "Je ne voulais pas que l'on traite les enfants de menteurs, j'ai suivi les enfants dans leurs déclarations", a-t-elle ajouté. Elle a pointé le doigt en direction de plusieurs accusés en les désignant et en expliquant qu'ils n'avaient rien fait. Une autre femme, Aurélie, qui elle aussi accusait jusqu'à maintenant les autres adultes, a elle aussi expliqué qu'elle avait menti "je ne sais pas pourquoi, je sais que ce n'est pas bien, je l'ai fait à la demande de Myriam, je l'ai entendue citer les autres alors je l'ai suivie", a-t-elle déclaré à la barre. A l'issue des déclarations des deux femmes, de nombreux accusés se sont effondrés en larmes, expliquant que depuis trois ans ils clament leur innocence et qu'enfin leur parole va être prise en compte. En larme, sous le choc, Alain Marecaux, l'huissier de justice qui comparaît libre après être resté deux années en prison a déclaré: "j'ai tout perdu, j'ai perdu mes enfants, j'ai perdu ma maison, mon étude, je n'ai plus rien, cela soulage bien sûr, mais cela fait tellement longtemps que j'explique que je n'ai rien fait". "JE VEUX VOIR MES ENFANTS" "Maintenant je veux voir mes enfants" a-t-il crié dans un sanglot. "Cela fait trois ans que je dis que je n'ai rien fait, je veux voir mes enfants maintenant, je veux voir mon petit", a aussi lâché entre des sanglots Karine Duchochoy, une autre accusée. Dans un climat de grande émotion, les avocats de la défense se sont dits "soulagés", beaucoup regrettant la manière dont a été menée une enquête "qui n'aurait jamais dû aboutir au renvoi de 17 personnes devant les assises". "On a sacralisé à outrance la parole des enfants, cela a amené cette catastrophe judiciaire, l'institution judiciaire n'a pas fait ce qu'il fallait, d'où ce gâchis. L'acquittement de ces gens, ce ne sera pas la victoire de la défense mais la victoire de la justice. Ce dossier a explosé, c'est une sorte de libération", a commenté Me Eric Dupont-Moretti, l'avocat d'une boulangère accusée. Les avocats de la partie civile, qui insistaient depuis plusieurs jours sur le crédit de la parole des enfants, étaient aussi sous le choc de ce coup de théâtre. "Il faut que la justice sache prendre ses responsabilités et que les uns et les autres acceptions ce qui s'est dit pendant cette audience. En 33 années de barreau je n'avais jamais vu cela. Les enfants vont se retrouver traités de menteurs, j'ose espérer qu'ils pourront se reconstruire", a déclaré l'un des avocats de la partie civile, Me Thierry Normand. Mercredi matin, le président de la cour d'assises entendra à nouveau les deux accusées présentes à la barre mardi pour leur faire confirmer leurs propos et détailler le cas de tous les accusés mis hors de cause. Les enfants devraient aussi être réentendus, ils sont les seuls maintenant à accuser d'autres adultes que les deux couples qui ont avoué depuis le début les viols. mardi 18 mai 2004, 20h31 Outreau: Myriam Delay et Aurélie Grenon avouent avoir menti SAINT-OMER (AFP) - Myriam Delay et Aurélie Grenon, les deux accusées du procès de pédophilie d'Outreau qui impliquaient l'ensemble des autres accusés dans les viols d'enfants, ont avoué mardi soir devant la cour d'assises du Pas-de-Calais qu'elles avaient menti. "Ce n'est pas évident de dire que les enfants sont des menteurs. J'ai suivi", a déclaré Myriam Delay, en pleurs, avant de dire à plusieurs accusés: "Tu n'as rien fait!" "Je suis une malade, une menteuse, j'ai menti sur tout. Pourquoi? Parce que j'ai suivi les enfants. Je ne voulais pas qu'on me traite de menteuse, déjà petite", a-t-elle poursuivi. Aurélie Grenon a ensuite été appelée à la barre. "Ben en fait... quand j'ai accusé ces personnes c'est parce que j'ai entendu Myriam les citer et je sais que c'est pas bien. C'était sur sa demande", a-t-elle dit. Après ce coup de théâtre qui fait s'écrouler les accusations contre treize des dix-sept accusés, le président de la cour Jean-Luc Monnier a levé l'audience, qui reprendra mercredi à 9h30. La quasi-totalité des avocats demandaient pourtant la poursuivre après ces révélations. "Depuis trois ans nous attendions la vérité, on n'est pas à trois heures près pour la découvrir", a notamment affirmé l'avocat des enfants, Thierry Normand. Cette intervention de Myriam Delay est intervenue à la demande de son avocate, Pascale Pouille-Deldicque. Mme Delay et Aurélie Grenon ont maintenu qu'elles avaient violé les enfants. Dix-sept adultes comparaissent depuis le 4 mai devant la cour d'assises, notamment pour viols en réunion de mineurs de moins de 15 ans. mardi 18 mai 2004, 19h25 Procès d'Outreau: Dimitri, l'enfant qui dit "oui" SAINT-OMER (AFP) - Dimitri, le deuxième des quatre fils Delay, est apparu mardi devant la cour d'assises du Pas-de-Calais à Saint-Omer comme un enfant qui disait "oui" à toutes les questions qui lui ont été posées dans le cadre du procès pour pédophilie d'Outreau. Ce garçon de douze ans, le premier à avoir révélé les sévices imposés à ses frères et à d'autres enfants, implique tout le monde et n'exonère personne, y compris ceux qui ont déjà été mis hors de cause. "Oui", répond-il à chaque question sur la participation des accusés et des absents. Il balance entre l'effronterie et le respect, l'indifférence et l'anxiété. "Je sais très bien ce qu'ils m'ont fait et je sais très bien qui était à la maison et qui y était pas", s'agace-t-il quand l'avocat de l'huissier, Hubert Delarue, relève qu'il accuse des innocents. Me Delarue poursuit en affirmant que ses déclarations contredisent celles de son aîné, Kevin Delay. "Je sais pas moi, je vous dis ça et puis c'est tout! Je m'occupe pas des autres", lance-t-il d'une voix claire dans le micro, les nerfs à fleur de peau. Sa mère Myriam finira par craquer en voyant le feu des questions. "Il est petit, il faut le laisser!", crie-t-elle depuis son banc. Le huis clos des débats imposé lundi a été partiellement levé mardi, le public étant cantonné dans une salle video. Après une interruption à sa demande, Dimitri revient pour une déclaration solennelle. "Je voudrais dire à mon papa et à ma maman: même s'ils m'ont fait ça, je les aime encore. Je voulais pas que ça arrive, je voulais avoir une vie comme les autres et avoir une famille normale", dit-il en pleurs. Dimitri a ému la cour mais ne l'a pas convaincue. Son assistante maternelle indique même que presque à chaque fois qu'elle est allée au supermarché à Outreau avec l'enfant, il y a reconnu des gens qui seraient venus chez lui. Christiane Tiberghien a accueilli les enfants Delay après que leur mère, qui a depuis reconnu les viols, eut demandé leur placement. Elle affirme qu'elle n'a pas de doute sur les révélations de Dimitri. "Moi, dans ses paroles, il me paraissait toujours sincère, il était calme, il m'expliquait ça comme s'il disait une leçon", a-t-elle souligné. Un jour, un des fils de l'assistante maternelle a promis deux desserts à Dimitri s'il avouait qu'il mentait. "Je préfère pas manger les desserts et dire la vérité", aurait rétorqué l'enfant. Cet enfant traumatisé est arrivé dans sa famille d'accueil avec de gros problème de propreté, s'enduisant de ses excréments, négligeant sa toilette, de nourriture, obèse et boulimique. D'après une assistante sociale entendue en fin de journée, lui et ses frères ont une scolarité très perturbée. Elle a rapporté que Kevin, 14 ans, lui a dit au début du procès : "Je ne peux plus vivre, je ne peux plus vivre". Quant à Jonathan et Dylan, 10 et 8 ans, ils souffrent d'hyperactivité. "Je ne vois pas dans le suivi que nous avons pu avoir quelque chose qui aurait pu nous mettre sur la voie", explique-t-elle quand on l'interroge sur d'éventuelles suspicions de sévices sexuels, entre 1995 et 2000. "On craignait de la violence. C'était plutôt un climat que des coups", ajoute-t-elle. Une seule fois, des traces de coups ont été relevées sur Jonathan. Le père, Thierry Delay, a pourtant reconnu avoir régulièrement frappé ses enfants pour les faire taire durant les viols. Dix-sept adultes comparaissent depuis le 4 mai devant la cour d'assises, notamment pour viols en réunion de mineurs de moins de 15 ans. mardi 18 mai 2004, 18h54 Au procès d'Outreau, aucune vérité judiciaire ne sort de Dimitri SAINT-OMER (AP) - A la demande des parties civiles, les avocats des 17 accusés du procès d'Outreau ont décidé d'interrompre mardi après-midi l'audition de Dimitri, l'un des quatre enfants victimes de Myriam B. et Thierry D., couple central de cette affaire de pédophilie. Entendu à huis clos devant les assises du Pas-de-Calais à Saint-Omer, l'enfant, aujourd'hui âgé de 12, ans avait mis en cause l'essentiel des accusés présents, s'étonnant même que plusieurs personnes soient absentes. Un témoignage capital, mais "marqué d'invraisemblances et d'incohérences", selon les avocats de la défense qui avaient souhaité l'interroger plus longuement pour éclairer les nombreuses zones d'ombre de ce procès où 13 accusés continuent de clamer leur innocence. Pour la première fois mardi après-midi, la presse a pu voir le jeune garçon répondre aux questions de la cour. Assis sur son banc, à l'écart des accusés, les mains triturant son micro, Dimitri, dont le visage rappelle incontestablement celui de sa mère, est apparu agité, n'écoutant que d'une oreille les questions des avocats, tandis que ses yeux parcourent nerveusement la salle. "Oui, il était là", a-t-il répondu inlassablement à chaque fois qu'un avocat l'interrogeait sur la présence de telle ou telle personne. Mais les contradictions ne cessent de se multiplier dans son discours, où les dates, les faits et les noms semblent se mélanger dans des images de films d'horreur. Mais l'enfant s'énerve lorsqu'un avocat lui demande s'il est sûr de ce qu'il dit: "Je sais bien ce qu'ils m'ont fait, ceux qui étaient à la maison et ceux qui n'y étaient pas!", s'exclame-t-il. Il confirme également des voyages en Belgique, accréditant, comme son frère la veille, la thèse d'un réseau pédophile en liaison avec ce pays. Aucune vérité judiciaire claire ne sort pourtant de la bouche de celui qui a impliqué près de 45 personnes, au cours de l'instruction. L'audience s'interrompt alors un quart d'heure. Dimitri réapparaît ensuite, déclarant vouloir parler à sa mère: "Je voudrais dire à maman et papa que je les aime encore, malgré ce qu'ils m'ont fait. Je ne voulais pas que ça arrive, je voulais qu'on ait une famille normale", dit-il en regardant ceux qui, la semaine dernière, ont reconnu l'avoir violé plusieurs fois par semaine, entre l'âge de trois et sept ans. Un peu plus tard, l'enfant s'adresse à nouveau à sa mère: "Maman, j'ai pas pu t'écrire pendant le tribunal" (sic). Myriam B. fond en larmes: "Je t'aime, je regrette de pas t'avoir donné la vie que tu voulais". L'ambiance devient telle, dans la salle, que plus aucun débat ne semble possible. Dimitri annonce au président qu'il préfère être entendu plus tard. Son audition est repoussée à la semaine prochaine. Le matin même, la cour avait entendu le témoignage de son assistante maternelle, Christine Bernard, qui l'accueille depuis mars 2000. C'est à elle que l'enfant s'était confié pour la première fois, en décembre 2000, après que son instituteur de CP l'ait prévenu que l'enfant s'était introduit un crayon dans l'anus. "Je lui ai demandé pourquoi il avait fait ça", a-t-elle expliqué, "et c'est là qu'il s'est mis en se livrer lentement, par bribe, pendant une semaine". L'enfant aurait alors déclaré, avec ses mots, que ses deux parents le violaient, ajoutant par la suite que plusieurs voisins et amis de couple D. l'avaient également fait, avec parfois des objets. Mme Bernard a été catégorique: "Son discours était direct et franc. On voyait qu'il a vécu ces choses". A la suite de ces déclarations, l'enfant a longuement été interrogé par la police, puis par le juge d'instruction. Au total, il a mis en cause près de 45 personnes, dont 30, a rappelé un avocat de la défense, ont été mis hors de cause par la justice. Dimitri, selon elle, garderait cependant une grande estime pour ses parents: "Il en parle beaucoup", a-t-elle souligné. "Parfois, il demande à faire une recette aux pommes que lui a appris son père". Unanimement décrit comme "très perturbé et abîmé", l'enfant souffre aujourd'hui encore de graves troubles du comportement et d'un retard scolaire important. Dix-huit enfants victimes doivent témoigner au cours de ce procès, qui doit durer encore quatre semaines. AP mardi 18 mai 2004, 13h23 Procès d'Outreau: la cour d'assises analyse la crédibilité du discours des enfants victimes SAINT-OMER (AP) - La cour d'assises du Pas-de-Calais a entendu mardi matin à Saint-Omer le témoignage troublant de l'assistante maternelle qui a accueilli, dès mars 2000, deux des quatre enfants victimes de Myriam B. et Thierry D., couple central dans l'affaire d'Outreau. Christine Bernard s'est notamment occupée de Dimitri, aujourd'hui âgé de 12 ans. Ce dernier joue un rôle déterminant dans le procès. Lundi, à la barre, il avait en effet mis en cause l'essentiel des 17 accusés présents, s'étonnant même que plusieurs personnes soient absentes. Mais son témoignage, "marqué d'invraisemblances et d'incohérences", avaient alors commenté les avocats de la défense, n'a pas apporté les éclaircissements attendus sur les nombreuses zones d'ombre de ce procès. Treize accusés impliqués continuent de clamer leur innocence. L'assistante maternelle, à qui l'enfant s'était confié pour la première fois, a tenté d'apporter quelques précisions. Elle a raconté comment, un jour de décembre 2000, l'instituteur de Dimitri, alors en CP, l'avait prévenu que l'enfant s'était introduit un crayon dans l'anus. "Je lui ai demandé pourquoi il avait fait ça", a-t-elle expliqué, "et c'est là qu'il s'est mis à se livrer lentement, par bribes, pendant une semaine". L'enfant aurait alors déclaré, avec ses mots, que ses deux parents le violaient, ajoutant par la suite que plusieurs voisins et amis du couple D. l'avaient également fait. Mme Bernard a été catégorique: "Son discours était direct et franc. On voyait qu'il a vécu ces choses". A la suite de ces déclarations, l'enfant a longuement été interrogé par la police, puis par le juge d'instruction. Au total, il a mis en cause près de 45 personnes, dont 30, a rappelé un avocat de la défense, "ont été mises hors de cause par la justice". Mme Bernard a également apporté des éléments troublants sur la personnalité et le comportement de Dimitri. "Au début, quand je l'ai eu", a-t-elle raconté, "il ne supportait pas de voir certains aliments, comme les bananes, les carottes ou des saucisses. Et, parfois, lorsque nous allions faire les courses au supermarché d'Outreau, nous devions partir parce qu'il reconnaissait des gens". Dimitri, selon elle, garderait cependant une haute estime pour ses parents: "Il en parle beaucoup", a-t-elle souligné. Unanimement décrit comme "très perturbé et abîmé", l'enfant souffre aujourd'hui encore de graves troubles du comportement et d'un retard scolaire important. Son audition à la barre de la cour d'assises doit reprendre dans l'après-midi, après le témoignage d'un de ses anciens instituteurs. AP
Procès d'Outreau: les enfants accusent mais ne lèvent pas le doute SAINT-OMER (AP) - La cour d'assises de Saint-Omer (Pas-de-Calais) a commencé à entendre lundi à huis clos les témoignages de deux des quatre enfants victimes de Myriam B. et Thierry D., le couple central impliqué dans l'affaire dite du réseau pédophile d'Outreau. Selon les avocats de la défense et des parties civiles, les deux enfants, aujourd'hui âgés de 14 et 12 ans, auraient répété à la barre l'essentiel des accusations de viols et de violences qu'ils avaient apportées à l'encontre des accusés durant l'instruction du dossier. L'aîné aurait ainsi affirmé que "14 personnes, dans la salle, étaient responsables". Son frère qui, en citant une cinquantaine de noms durant l'instruction, fait figure d'accusateur principal dans ce procès, aurait lui aussi réitéré l'intégralité de ses accusations. Les deux enfants ont, en outre, évoqué une nouvelle fois des voyages en Belgique, remettant ainsi à jour la thèse d'un réseau pédophile en liaison avec ce pays. "L'aîné n'a dit que des choses sensées", a commenté Me Thierry Normand, son avocat, lors d'une interruption d'audience à la mi-journée. "Il a été cohérent dans l'ensemble de ses déclarations et crédibilise le dossier". "Son frère semble très abîmé par cette histoire", a-t-il ajouté en début de soirée. Pour les avocats des 13 accusés clamant leur innocence, les choses sont moins évidentes. "Les déclarations des enfants comportent de nombreuses contradictions sur lesquelles il faut prendre le temps de revenir", a ainsi commenté Me Hubert Delarue, l'avocat d'un huissier de justice accusé de viols. Comme nombre de ses confrères, il a demandé à ce que l'audition du deuxième enfant "s'étale sur plusieurs jours s'il le faut". C'est la première fois depuis trois ans que les quatre enfants victimes du couple D. voyaient leurs parents, incarcérés depuis début 2001. Aucun incident n'est intervenu durant leurs témoignages, selon les personnes qui ont assisté à l'audience. On a pu voir cependant, lors de l'audition d'un expert médical qui n'a pu fournir aucune certitude sur les faits de viols, que les trois plus jeunes enfants ont fait signe à plusieurs reprises à leur mère. L'un d'eux, âgé de 12 ans, lui a même soufflé un baiser sous le regard ahuri d'un avocat de la défense. L'audition des quatre enfants du couple D. doit se poursuivre mardi. Dix-huit enfants présentés comme des victimes doivent témoigner à la barre jusqu'à vendredi. Leur parole jouera un rôle déterminant dans ce procès, où le malaise s'est installé depuis que, la semaine dernière, des déclarations contradictoires des accusés ont jeté le doute sur l'importance de l'affaire et la culpabilité de nombre d'entre eux. AP lundi 17 mai 2004, 13h41 Procès d'Outreau: une première victime confirme la thèse du réseau pédophile SAINT-OMER (AP) - Le témoignage d'un premier enfant devant la cour d'assises du Pas-de-Calais à Saint-Omer dans le cadre du procès d'Outreau a semblé confirmer lundi la thèse d'un réseau pédophile. La victime, entendue dans la matinée à huis clos à la demande des parties civiles pour veiller à la sérénité des débats, est le fils aîné de Myriam B. et de Thierry D., le couple principal mis en cause dans cette affaire. Il avait reconnu la semaine dernière avoir commis sur quatre de ses cinq enfants des viols et violences entre 1995 et 2001 dans leur appartement du quartier de la Tour du Renard à Outreau. Dix-sept personnes au total sont accusées à avoir participé à des séances au cours desquelles 18 enfants auraient été cruellement abusés. Treize des 17 accusés clament leur innocence. Aujourd'hui âgé de 14 ans, l'adolescent a affirmé à la barre que "14 personnes dans la salle sont responsables". Il a en outre confirmé que les neuf adultes qu'il avait désigné au cours de l'instruction comme l'ayant violé étaient bien coupables. "Il n'a dit que des choses sensées", a commenté Me Thierry Normand, son avocat, lors d'une interruption d'audience à la mi-journée. "Il a été cohérent dans l'ensemble de ses déclarations. Il crédibilise le dossier". Devant la cour, la victime a également contredit les déclarations du chauffeur de taxi Pierre Martel, en indiquant que ce dernier l'avait bien conduit une fois en Belgique pour participer à une séance de viol. Mais pour les avocats de la défense, le témoignage attendu de cette première victime n'a pas été convainquant. "Il y a eu des rétractations et des maintiens", a noté Me Eric Dupond-Morreti, avocat d'une boulangère ambulante accusée de viol. "On attend un verdict de la part des enfants, mais ce n'est pas possible", a-t-il ajouté. L'audition des quatre enfants victimes du couple va se poursuivre toute la journée. Dix-huit enfants au total doivent témoigner à la barre cette semaine. Leur parole jouera un rôle déterminant dans ce procès, où le malaise s'est installé depuis que les déclarations contradictoires d'accusés ont jeté la semaine dernière le doute sur l'importance de l'affaire et la culpabilité de nombre d'entre eux. AP lundi 17 mai 2004, 11h38 Deux enfants entendus à huis clos au procès d'Outreau
SAINT-OMER (Pas-de-Calais) (Reuters) - Le procès de l'affaire de pédophilie d'Outreau a repris lundi matin à huis clos, à la deande d'une avocate de la partie, pour entendre les témoignages de deux enfants. Me Célia Rofidal, avocate de neuf des 13 petites victimes, a demandé le huis clos en début de séance. Le président de la cour d'assises, Jean-Claude Monnier, a décidé de repousser l'examen des faits concernant deux derniers accusés et d'entendre les enfants, Kevin et Dimitri, en l'absence de la presse et du public. Depuis le début du procès, qui entre dans sa troisième semaine, les avocats de la partie civile avaient souhaité la publicité des débats. En arrivant lundi matin au palais de justice de Saint-Omer, Me Thierry Normand, autre avocat de la partie civile qui défend neuf enfants, a espéré que ceux-ci "ne soient pas intimidés par la cour". Il a dit craindre le choc qu'allait "représenter pour eux la présence de leurs parents". Les trois premières semaines de procès n'ont pas permis de se faire une idée claire sur la culpabilité des 17 accusés. Quatre adultes - deux couples - reconnaissent les multiples viols et actes de barbarie et torture sur leurs enfants et sur d'autres; les deux hommes disculpent les 13 autres accusés mais les deux femmes persistent, elles, à les accuser. Les autres accusés, et notamment ceux désignés sous le terme de "deuxième cercle" ou de "notables", continuent de nier en bloc. Plusieurs avocats, en fin de semaine dernière, assuraient que les témoignages des enfants allaient permettre aux jurés d'y voir plus clair. Ces jurés sont jusqu'ici plongés dans l'horreur devant les descriptions des sévices inimaginables subis par les enfants et dans le doute sur la culpabilité de plusieurs des accusés. Poursuivi pour "viols, torture ou actes de barbarie" par six enfants et trois adultes, il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
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